Appel à communications : « Face au mur : la décoration murale en France (1870-1945) »

Le projet « Face au Mur »

Les années 1870 voient la multiplication des applications murales de la peinture, de la sculpture et des arts dit appliqués (céramique, vitrail, laque, tapisserie, etc.) à l’ornementation murale. Depuis l’intérêt renouvelé de la jeune Troisième République pour la commande monumentale, jusqu’à la “renaissance de l’art mural” prophétisée par Fernand Léger après la Seconde Guerre mondiale, en passant par les expériences des années 30, le mur n’a cessé d’intéresser les artistes, la critique et les pouvoirs publics.

Le “décoratif”, le “mural”, le “monumental” sont des catégories constamment débattues et redéfinies dans les discours et les pratiques artistiques tout le long de la période. Les “murailles” républicaines décorées par Puvis de Chavannes ou Jean-Paul Laurens sous le directorat de Philippe de Chennevières, “les murs” réclamés par Gabriel-Albert Aurier pour Gauguin ou la volonté de Le Corbusier de faire “sauter le mur” grâce à la peinture, témoignent de conceptions et de pratiques opposées, sinon contradictoires. La diversité des supports, des techniques, des formules esthétiques et des appropriations idéologiques que suscite l’art mural en France un terrain d’étude particulièrement fécond pour l’histoire de l’art des XIXème et XXème siècles.

Les études de synthèse sur le sujet sont toutefois rares. Le “mur” est souvent abordé de manière accessoire dans des travaux monographiques, ou concernant l’histoire des institutions ou des techniques artistiques. Plusieurs travaux et projets récents ont néanmoins contribué à renouveler l’intérêt pour cet objet d’étude. En 2013, le colloque Décors de peintres, organisé entre l’Université Clermont-Auvergne et le Mobilier national à Paris, avait mis en évidence, sur le temps long, le rapport des peintres à l’application décorative de leur art. La tapisserie des XIXème et XXème siècles a aussi connu un regain d’intérêt récent dont témoignent plusieurs travaux et expositions, comme celles organisées en 2016 au Musée des beaux-arts de Rennes (Les tentures du Parlement de Bretagne) ou en 2018 au Mobilier national (Au fil du siècle. Chefs d’œuvre de la tapisserie. 1918-2018). Enfin, en 2018, la traduction française de l’ouvrage de Romy Golan, Muralnomad. Le paradoxe de l’image murale en Europe, 1927-1957, initialement paru en 2009, ouvrait une perspective plus large, grâce à l’étude des circulations entre l’Italie la France. Par ailleurs, d’autres travaux en cours continuent d’interroger le sujet, comme le projet de recherche actuellement conduit par Marine Kisiel sur le mur et l’ornementation murale au cours de la période contemporaine (INHA et InVisu), qui vient prolonger ses travaux sur La peinture impressionniste et la décoration (à paraître en mai 2021).

C’est dans ce contexte qu’avait été organisée la journée d’étude “Face au mur. La décoration murale en France de la fin du XIXe siècle aux années 1930” (Paris, Institut national d’histoire de l’art, 24 mai 2019). L’écho de cette manifestation témoigne de l’intérêt porté par les chercheur-euses à la question de l’art mural. Les communications prononcées au cours de cette journée, les échanges, et l’adhésion qu’elle a suscités, mais surtout les liens entre chercheur-euses d’horizons divers qu’elle a rendu possibles nous ont conduit à vouloir prolonger l’expérience.

C’est pourquoi nous avons voulu organiser un nouveau projet de recherche sur l’art mural en France, entre 1870 et 1945. Il prendra la forme d’un colloque, qui sera précédé par un séminaire indépendant.

Le séminaire sera ouvert à toutes les personnes (chercheur-euses, conservateur-ices, restaurateur-ices, étudiant-es, doctorant-es, etc.) qui s’intéressent au muralisme ou à des problématiques connexes. Il se tiendra sur quatre demi-journées (9h-12h puis 13h30-16h30) : jeudi 9 septembre 2021 (séances 1 et 2) puis vendredi 10 septembre 2021 (séances 3 et 4). Chacune de ces séances abordera un thème différent (voir la présentation détaillée du séminaire)

 

Le colloque

Le colloque, indépendant du séminaire aura lieu le jeudi 19 et le vendredi 20 mai 2022. Son objectif est de proposer, à travers une série d’interventions témoignant de recherches originales ou en cours, une synthèse des connaissances sur l’art mural en France dans les années 1870-1945, inscrites dans les préoccupations méthodologiques actuelles de la recherche. Le colloque donnera lieu à la publication d’actes.

Les propositions de communication peuvent s’inscrire dans un ou plusieurs des axes de réflexion suivants :

  • L’histoire culturelle et sociale du mur: quels rapports les œuvres murales et leurs auteurs entretiennent-ils avec le pouvoir politique ou les commanditaires privés ? Quelles fonctions ces œuvres étaient-elles amenées à remplir dans l’espace public ? et dans l’espace privé ? Que nous apprennent les processus de commande et les différents cadres institutionnels dans lesquels s’est épanoui l’art mural entre 1870 et 1945 ? Comment les formes, les idées, les pratiques, les artistes, et éventuellement les œuvres ont circulés entre les contextes (géographiques, historiques, sociaux) ?
  • Esthétiques et matérialités: comment expliquer la variété des conceptions, des formes, et des gestes associés à la décoration murale ? Quels sont les enjeux des “lois de la décoration” que de nombreux artistes et critiques ont si souvent voulu édicter ? Quels sont les rapports entre la matérialité des œuvres (supports, techniques), les choix formels faits par les artistes et les fonctions du décor mural ?
  • Synthèses murales: quelles formes ont pris les collaborations entre peintres, sculpteurs, décorateurs et architectes rendus nécessaires par la fonction décorative de l’art mural ? Que disent ces collaborations sur le statut des artistes et sur le fonctionnement du champ artistique au tournant des XIXème et XXème siècles ? Quels sont les enjeux artistiques et politiques des différentes déclinaisons du projet “d’œuvre d’art totale” auquel l’art mural a généralement été associé ?
  • Perspectives comparatives: quels rapports les artistes et les institutions en France ont-ils entretenus avec des artistes, des projets politiques ou des formes liés à l’art mural situés hors des bornes chronologiques et géographiques de notre projet ? Comment d’autres expériences du mur (par exemple celles qui ont accompagné la Révolution mexicaine, le New Deal aux États-Unis ou les régimes totalitaires européens) peuvent-elles éclairer notre compréhension du phénomène ?
  • Réflexion méthodologique et historiographique: comment s’est écrite l’histoire de l’art mural ? Comment les questions que soulève cet objet d’étude s’articulent-elles avec les préoccupations récentes de l’histoire de l’art ?

Les intervenant-es seront sélectionné-es par le Comité scientifique sur la base d’un projet de communication. Les communications seront limitées à 20 minutes. Les propositions de communication (2000 signes, espaces compris, bibliographie non comprise), accompagnées d’un bref curriculum vitae (une à deux pages) et d’une liste de publications, sont à envoyer avant le 15 octobre 2021 à l’adresse suivante : face-au-mur@outlook.com .

 

 

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