Appel à communication : « François Joseph Bélanger » (colloque international du GHAMU, 6-7 décembre 2018)
Construire une maison de plaisance en trois mois : ce pari fou – et réussi – entre la reine Marie-Antoinette et son beau-frère le comte d’Artois a marqué la carrière de François Joseph Bélanger. Avec ce coup d’éclat se dessine le portrait d’un architecte à la mode, chef d’orchestre des plaisirs de l’Ancien Régime, qui intéresse depuis longtemps les historiens. Dès 1930, Bélanger bénéficie d’une monographie grâce au travail documentaire minutieux de Jean Stern. Depuis les années 1970, les recherches se poursuivent avec des études plus spécifiques consacrées à son activité au service du prince (M. Constans, Ch. Baulez, J.-J. Gautier, Y. Delaborde, B. Baudez), à ses demeures privées (M. Gallet, P. Etienne, C. Faraggi, G. Joudiou, R. Perry), à son rôle de paysagiste (M. Mosser, K. Woodbridge, J. Barrier) et à ses bâtiments publics (M. Deming). Cette riche historiographie n’épuise pas pour autant le sujet. Parmi les perspectives fructueuses, il convient notamment d’approfondir le travail de l’architecte au quotidien, ses relations avec les dessinateurs et les artisans, ses réseaux et les mécanismes de la commande, ses stratégies de carrière, son éclectisme, sa maîtrise technique ou encore ses écrits sur ses confrères et le soin apporté à la diffusion de son œuvre. Le bicentenaire de la mort de l’architecte offre ainsi l’occasion de revenir sur cette carrière exceptionnelle et de la mettre en perspective à la lumière des travaux récents sur l’architecture dite « néoclassique » qui se poursuit jusqu’à l’Empire et la Restauration.
Thèmes proposés :
Les projets de communication pourront s’organiser autour des quatre thèmes suivants :
1er thème — Au service des princes
Dessinateur (1767) puis inspecteur des Menus Plaisirs du roi (1775), Bélanger demeure seize ans dans la prestigieuse administration, principalement occupé à la création de décors pour les fêtes publiques et les spectacles de la cour. À partir de 1777, sa carrière prend un nouvel envol en devenant Premier architecte du comte d’Artois. Ce prince prodigue le sollicite pour toutes sortes de projets tels que des palais, une petite maison, un jeu de paume, des écuries, des embellissements intérieurs ou encore la création d’un nouveau quartier. Mais la Révolution sonne le glas des ambitions architecturales du prince et de son architecte. Ce dernier ne retrouvera les faveurs de la cour qu’en 1814 à la Restauration : revenu aux Menus Plaisirs, il termine sa carrière comme il l’avait commencée ! Entre-temps l’architecte a fait évoluer son art et l’on s’interrogera sur sa manière de servir le pouvoir, d’un frère à l’autre et d’un siècle à l’autre, entre agrément et décorum.
2e thème — Habitat et décor à la mode
L’architecture domestique constitue une part essentielle de l’activité de Bélanger avec une trentaine de chantiers parmi lesquels deux édifices devenus des symboles de l’art de vivre sous l’Ancien Régime : Bagatelle et la folie Sainte-James. Le colloque sera l’occasion de revenir sur ces chantiers exceptionnels mais aussi de mieux connaitre ses autres demeures notamment celles construites dans les années 1785-1800. Il conviendra également d’approfondir son rôle de décorateur d’intérieur, son intérêt pour le mobilier, les marbres et le papier peint. Enfin, on pourra examiner le répertoire de l’architecte qui, après le renouveau classique des années 1760, témoigne d’un impérieux besoin de variété en convoquant tour à tour l’Antiquité romaine, le dorique sans base de Paestum, la serlienne de Palladio, l’arc brisé gothique, le revêtement brique et pierre ou encore, dans les intérieurs, l’exotisme, les arabesques de Raphaël et d’Herculanum.
3e thème — Jardins et architecture pittoresque
Parmi les chantiers qui ont assuré la notoriété de Bélanger, les jardins occupent une place toute particulière. Il est en effet l’un des plus importants promoteurs du jardin anglo-chinois en France. Apprécié pour l’inventivité de ses fabriques, le luxe de leur conception, l’architecte s’adresse aux élites anglomanes alors que ses trois voyages outre-Manche (1774, 1778 et 1780) lui ont assuré une connaissance fine des jardins et un solide réseau amical chez les architectes anglais. Il conviendra d’étudier les jardins de Bélanger – Bagatelle (1777), la folie Saint James (1778), le parc de Méréville (1785-1786), le jardin de l’hôtel de Beaumarchais (1788) – dans ce rapport à l’Angleterre comme des créations affranchies de la tradition française du jardin régulier et nourries d’un imaginaire de fantaisie pour une clientèle en quête de nouveauté et d’exotisme.
4e thème — Équiper la ville
Sous l’Empire, Bélanger consacre davantage de temps à l’architecture publique. En 1808, pour la Halle au blé, il innove avec la construction d’une gigantesque coupole en fer, recouverte de feuilles de cuivre. Mais à côté de ce célèbre exemple, d’autres bâtiments (réalisés ou non) tels les bains Vigier (1802), l’Opéra au Carrousel (1802), le réaménagement de Bruxelles (1804), la halle aux vins et les abattoirs de Rochechouart (1808) mériteraient d’être mis en lumière. Autant de projets variés témoignant d’une certaine vision de la ville moderne et qui conduisent à interroger les enjeux d’un renouveau – tant programmatique qu’esthétique – au début du xixe siècle.
Téléchargez l’appel à communications
Comité scientifique :
Janine Barrier (Université Panthéon-Sorbonne)
Alexandre Gady (Université Paris-Sorbonne)
Jean-Philippe Garric (Université Panthéon-Sorbonne)
Alexia Lebeurre (Université Bordeaux-Montaigne)
Christophe Loir (Université libre de Bruxelles)
Werner Oechslin (École polytechnique de Zurich)
Claire Ollagnier (Université Panthéon-Sorbonne)
Monique Mosser (CNRS, Centre André Chastel)
Eduardo Piccoli (Politecnico de Turin)
Daniel Rabreau (Université Panthéon-Sorbonne)
José Luis Sancho (Patrimonio Nacional de Madrid)
Létizia Tedeschi (Archivio del Moderno, Mendrisio)
Richard Wittman (University of California at Santa Barbara)
Modalités pratiques :
Les communications dureront 20 minutes maximum et seront accompagnées de projections.
Le colloque donnera lieu à une publication.
Les propositions, comportant les titres ou l’affectation de l’auteur, un titre de communication, le thème dans lequel elles se situent et un résumé d’intention ne devant pas dépasser 2000 signes sont à envoyer avant le 1er mars 2018 à l’adresse suivante : colloque.belanger@gmail.com.
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