Appel à communications : « La matière pense / Matter Thinks » (CIHA 2024, Lyon)

Appel à communications pour la session organisée dans le cadre du 36e congrès du Comité International d’Histoire de l’Art – CIHA (Lyon, 23-28 juin 2024) parChristian Berger (Johannes Gutenberg-Universität Mainz) et Larisa Dryansky (Sorbonne Université).

Dans sa contribution au catalogue de l’exposition As Painting (2001), l’historien de l’art Stephen Melville évoque l’émergence dans la France d’après-guerre d’une « approche singulière du matérialisme ». Associant le marxisme avec des courants de pensée comme le structuralisme et la phénoménologie, ce modèle, selon l’auteur, s’appuie sur l’idée que « la matière pense ». S’inspirant de cette formule, notre session se demande comment interroger les oppositions binaires entre la matière et l’esprit, la matérialité et l’immatériel, sans pour autant annuler toute différenciation.

En quel sens, donc, peut-on dire de la matière qu’elle pense ? Comment cette problématique se manifeste-t-elle en art ? De quelle manière cette idée d’une matière pensante est-elle réactivée par le digital et peut-on la relier à l’essor actuel des matériaux dits « intelligents » ? Réciproquement, en quoi la pensée peut-elle servir de matériau artistique et que veut dire considérer des pratiques plus traditionnelles telle la peinture comme des activités « théoriques » ?

Les « nouveaux matérialismes » nous ont désormais accoutumés à l’idée que la matière est animée, pleine de vie et dotée d’une agentivité. Toutefois, si ces approches ont conduit, de façon salutaire, à revaloriser le statut de la matière et des matériaux ainsi qu’à remettre en question la domination du sujet humain sur toutes les autres entités, tant animées qu’inanimées, elles ne sont pas exemptes d’une certaine fétichisation de la matérialité. C’est cet écueil que le concept d’une matière « pensante » permettrait peut-être d’éviter. À cet égard, une autre source d’inspiration est la philosophe Elizabeth Grosz qui, dans son étude des limites du matérialisme, The Incorporeal (2018), appelle à « un nouveau nouveau matérialisme dans lequel l’idéalité a aussi toute sa place ».

De fait, bien avant les « nouveaux matérialismes », les artistes se sont déjà attachés à repenser le dualisme de l’esprit et de la matière. Dans l’art contemporain, on citera Jean Dubuffet, dont les Paysages du mental (1950–1952) représentent les « mouvements de l’esprit » à travers les « concrétions de la matière », et celui de Robert Smithson, lequel a décrit son œuvre comme « une catastrophe silencieuse de l’esprit et de la matière ». Sans doute, pourrait-on trouver de nombreux exemples de la façon dont cette problématique a pu être abordée dans différents contextes culturels, géographiques et historiques.

Afin d’envisager ces questions plus largement dans un cadre transculturel et transhistorique, nous sollicitons des communications portant sur toutes les périodes et sur toutes les aires culturelles, notamment hors de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest. En particulier, nous encourageons des propositions qui envisagent la matière pensante dans ses aspects politiques et éthiques. On se demandera, par exemple, quelles sont les implications idéologiques de positions privilégiant la matérialité brute au détriment de l’esprit. Si l’on insiste beaucoup aujourd’hui, et ce avec raison, pour renverser le primat traditionnel de la pensée sur la matière, il s’agit, avec cette session, de se pencher sur la manière dont l’art problématise l’articulation de la pensée avec la matière.

Date limite de dépôt : 15 septembre 2023

 

Les propositions sont à soumettre via le lien suivant :

https://livebyglevents.key4register.com/key4register/AbstractList.aspx?e=148

 

Les soumissions devront être rédigées en anglais ou en français.

Les communications pourront être présentées dans l’une de ces deux langues.

Les proposants adresseront les informations suivantes :

– Titre de la communication

Concis et reflétant bien le contenu de la communication.

– Proposition de communication :

Un résumé de 350 mots à 500 mots, en anglais ou en français, incluant 4 à 6 mots clés et une éventuelle courte bibliographie (optionnel).

– CV de 500 signes

Prénom, nom, titre, fonction, institution de rattachement, avec éventuellement le lien vers la page personnelle ou professionnelle.

 

Les propositions seront examinées par les présidents et présidentes des sessions concernées.

Si la proposition est acceptée, les proposants seront informés au cours de l’automne 2023.

 

Les frais d’inscription, de voyage et d’hébergement sont à la charge des intervenants.

 

Source : https://www.cihalyon2024.fr/fr/appel-a-communications

 

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