Colloque international organisé par le centre d’excellence Jean Monnet IMAGO (Paris, École normale supérieure), en partenariat avec l’université de Genève (Chaire des Humanités numériques), Purdue University et les Beaux Arts de Paris.
Date limite d’envoi des propositions : 25 mars 2020.
Si les circulations des artistes et des œuvres occupent l’histoire de l’art depuis de nombreuses années, celles des images soulèvent des difficultés. Comprises, au sens large, comme des « représentations ou reproductions d’un objet ou d’une figure » (Larousse.fr), les images peuvent être à la fois matérielles, artificielles, mentales, numériques, et perceptives. C’est peut-être la variété de ces supports qui rend l’étude de leur circulation si difficile.
Comment va-t-on ne serait-ce que d’une image mentale à une image imprimée, en passant par une image peinte, elle-même inspirée peut-être d’une image photographique ? La circulation des images a-t-elle nécessairement besoin de supports matériels (une image numérique étant aussi matérielle, dans la mesure où elle doit, pour être perçue, être affichée d’une manière ou d’une autre)? Sait-on, par ailleurs, à quelle vitesse les images circulent, selon les époques, les cultures, les modes de transport ? Une image qui circule finit-elle par s’épuiser, comme le suppose l’artiste Hito Steyerl, porte-parole des “Pauvres images” (https://www.e-flux.com/journal/10/61362/in-defense-of-the-poor-image/), ces fichiers abimés d’avoir trop circulé, comme les tableaux qui sont passé par trop de mains finissent par tomber en miettes ?
Si la question des circulations d’images semble relever surtout d’approches descriptives, qui nous permettraient de déterminer ce qui circule, comment cela circule, où cela circule, et quelles sont les conséquences matérielles d’une circulation d’images, s’y attaquer c’est immédiatement entrer dans le domaine des études culturelles, politiques et géopolitiques. Car les circulations d’images ont toujours accompagné la mondialisation – elles ont même probablement contribué à ces rencontres, ces confrontations comme à ces métissages que trente années d’études de la mondialisation n’ont pas réussi à clarifier. La remarque de Sanjay Subrahmanyam 2007, selon laquelle les images étaient le vrai défi des études globales, reste encore valable et risque de l’être longtemps (Sanjay Subrahmanyam, «Par-delà l’incommensurabilité: pour une histoire connectée des empires aux temps modernes,” Revue d’histoire moderne et contemporaine, 54-4 bis (2007): 34-53.).
Ce colloque s’attaquera pourtant à la question, en invitant les participant-e-s à mêler, croiser, ou au moins faire dialoguer les approches très diverses de l’analyse monographique et formelle, l’approche numérique (quantitative, cartographique, visuelle), l’étude esthétique – pour faire le bilan de ce que la circulation fait aux images, et ce que les images font lorsqu’elles circulent.
L’appel à proposition s’adresse à des profils volontairement divers : artistes, historien-ne-s de l’art, spécialistes d’études visuelles, spécialistes de vision artificielle, historien-ne-s de la mondialisation, spécialistes d’études cognitives. Les candidatures à plusieurs voix sont les bienvenues. Les propositions pourront, de manière non exclusive, aborder les enjeux suivants
– Quelles sont les images qui circulèrent et circulent actuellement le plus et le mieux ? – et comment les repère-t-on ? Comment expliquer les raisons de leur succès, et auprès de quel public ?
– Comment mesurer la circulation des images et ses différentes vitesses de diffusion, selon les époques, les différents procédés techniques de reproduction et les territoires ?
– Comment les images circulent-elles, selon quels vecteurs et par l’intermédiaire de quels acteurs et prescripteurs ?
– Que fait la circulation à une image ?
Le colloque se déroulera à l’École normale supérieure le 15 juin 2020, aux Beaux-Arts de Paris le 16 juin 2020. Il est financé par le centre d’excellence Jean Monnet IMAGO (www.imago.ens.fr), en partenariat avec la Chaire des Humanités numériques de l’université de Genève (www.dh.unige.ch), Purdue University et l’École nationale supérieure des Beaux-arts (ENSBA).
Comité d’organisation : Marie-José Burki (ENSBA), Grégory Chatonsky (chatonsky.net), Catherine Dossin (Purdue University), Béatrice Joyeux-Prunel (Université de Genève, Chaire des Humanités numériques) et Léa Saint-Raymond (École normale supérieure).
Les propositions (500 mots au plus) devront être envoyées au plus tard le 25 mars 2020, accompagnées d’une courte bio-bibliographie à imago.conference@gmail.com
Les participants recevront une réponse avant le 15 avril 2020.
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