Appel à communications : « Une esthétique jésuite ? Pensée du sensible et pratique de l’art dans la Compagnie de Jésus au premier âge moderne » (30 novembre-1er décembre 2023)

Appel à communications : « Une esthétique jésuite ? Pensée du sensible et pratique de l’art dans la Compagnie de Jésus au premier âge moderne » (30 novembre-1er décembre 2023)

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Appel à communications : « Une esthétique jésuite ? Pensée du sensible et pratique de l’art dans la Compagnie de Jésus au premier âge moderne » (30 novembre-1er décembre 2023)

Comité d’organisation : Ralph Dekoninck, Antonin Liatard, Cécile Vincent-Cassy.

Lieu : Paris (Charenton-le-Pont), Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie.

Force est de constater la riche bibliographie existante sur l’art jésuite ou l’art des jésuites (qu’il soit commandé ou produit par eux), avec une attention portée ces dernières années à ses manifestations au sein des établissements d’éducation jésuite, ainsi qu’à la question de l’ornement et des systèmes décoratifs de leurs églises, le volet architectural ayant déjà fait l’objet de nombreuses études. Il faut également souligner le développement des recherches sur une certaine pensée de l’image que les membres de la Compagnie de Jésus ont pu élaborer à partir de diverses sources d’inspiration. Tous ces travaux témoignent du grand intérêt porté à leur contribution à une iconologie moderne et à la floraison de l’art dit « baroque ».

Malgré tout, une tache aveugle persiste dans ce paysage : celle de ce qu’on pourrait appeler une esthétique jésuite, qu’il faut entendre ici au sens étymologique d’une pensée du sensible, plus que de l’art, pensée qui ne se laisse pas confondre avec une théorie de l’image, même si ces deux champs sont étroitement liés l’un à l’autre et ne peuvent donc être pensés séparément.

Il importe d’élargir la focale pour aborder la question de l’art – qui n’est pas vraiment théorisée dans la littérature jésuite, à quelques exceptions près (comme le Tractatio de poesi et pictura humana de Possevino ou bien le Trattato della Pittura e scultura d’Ottonelli, écrit en collaboration avec Pierre de Cortone) – mais aussi de l’ornement (défendu notamment dans les Disputationes de Controversis de Bellarmin) par des biais détournés qui les envisagent dans le champ élargi d’une culture spirituelle, pédagogique et apologétique convoquant le sensible et pensant l’image/l’art en termes d’effets.

L’objectif de ce colloque est d’interroger les particularités de cette pensée jésuite du sensible qui se laisse découvrir à travers une diversité d’écrits, à commencer par ceux propres au champ de la spiritualité (notamment par le biais de la question de l’application des sens dans la spiritualité ignatienne, mais aussi des débats autour de la mystique) qu’il convient de croiser avec celui de la rhétorique, afin de bien saisir l’articulation entre la tradition chrétienne et la tradition antique. Il conviendra également d’explorer le champ des ouvrages de controverse dédié à l’image, sans négliger, par ailleurs, le volet proprement théologique où cette question affleure plus discrètement, ou encore celui de la littérature de dévotion. Il sera de même possible de préciser les contours de cette pensée en prêtant attention à d’autres types de littérature, comme celle des traités techniques illustrés (perspective, optique, catoptrique) dus par exemple aux pères Aguilon, Dubreuil, Kircher, Schott, Traber et au frère Pozzo, où l’effet sensible est pensé en termes de réceptivité du spectateur.

C’est bien au croisement de ces différentes sources que pourra se laisser cerner une pensée qui ne s’affiche pas comme un corps de doctrine mais s’ancre tout à la fois dans une anthropologie et dans une psychologie chrétiennes, ainsi que dans une théologie du visible. Afin de sortir d’une approche strictement centrée sur un supposé modo nostro jésuite en la matière, il importera de bien tenir compte des diverses inspirations puisées dans d’autres courants spirituels/intellectuels et de rendre compte de la place de la contribution jésuite, loin d’être isolée, dans une préhistoire de l’esthétique, et du (bon) goût, aux sens cette fois où on les entendra à partir du XVIIIe siècle.

À côté d’une exploration des textes, le colloque s’ouvrira à la mise en relation de ces derniers avec les œuvres produites ou commandées par les jésuites. Le but est d’éclairer ces œuvres – résultat du travail des praticiens de la Compagnie ou de la collaboration étroite des commanditaires jésuites avec des artistes extérieurs – par le biais d’un cadre de pensée, tout en montrant que ce dernier est lui aussi influencé par l’évolution des arts entre le XVIe et le XVIIe siècles aussi bien en Europe (Italie, France, Pays-Bas, Allemagne, Espagne, Portugal, etc.) que dans les territoires américains et asiatiques où les jésuites ont déployé leur vocation missionnaire et développé une double stratégie d’adaptation aux traditions artistiques locales combinée à l’importation des canons plastiques européens.

 

Les propositions de communication (maximum 200 mots, complétés d’une brève présentation bio-bibliographique) sont à transmettre le 31 mars au plus tard à cecile.vincent-cassy@cyu.fr, ralph.dekoninck@uclouvain.be et antonin.liatard@u-bourgogne.fr

Les auteurs/autrices des propositions retenues recevront une notification avant le 30 avril. Les communications ne devront pas excéder 30 minutes et pourront faire l’objet d’une publication après sélection. L’organisation du colloque prendra en charge les frais de transport et de séjour des intervenants/intervenantes.

 

Ce colloque est organisée dans le cadre du projet CoMArtis « Coadjutores : artistes migrants et idées dans la mondialisation ibérique » (PID2020-117094GB-I00), financé par l’Agence nationale de la recherche espagnole et dirigé par les professeurs Juan Luis González García (UAM) et Sara Fuentes Lázaro (UDIMA) en collaboration avec d’autres chercheurs espagnols, européens et latino-américains, avec le Centre d’Analyse Culturelle de la Première Modernité (GEMCA) de l’Université catholique de Louvain et l’UMR Héritages, CY Cergy Paris Université.

 

Call for papers : « A Jesuit Aesthetic? Thinking the Sensible and the Practice of Art in the Early-Modern Society of Jesus » (30 November-1 December 2023)

Organizing committee : Ralph Dekoninck, Antonin Liatard, Cécile Vincent-Cassy.

Place : Paris (Charenton-le-Pont), Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie.

The rich bibliography on Jesuit art or the art of the Jesuits (whether commissioned or produced by them) should be noted, with a focus in recent years on its manifestations in Jesuit educational institutions and on the question of the ornamental and decorative devices of their churches, the architectural aspect having already been the subject of numerous studies. It is also important to emphasise the development of research on a certain way of thinking about the image that the members of the Society of Jesus were able to develop from various sources of inspiration. All these works testify to the great interest in their contribution to a modern iconology and to the flowering of so-called “baroque” art.

Nevertheless, a blind spot remains in this landscape: that of what might be called a Jesuit aesthetics, which must be understood here in the etymological sense of a thinking of the sensible, rather than a thinking of art, which cannot be confused with a theory of the image, even though these two fields are closely linked and therefore cannot be thought of separately.

It is important to broaden the focus to approach the question of art – which is not really theorised in Jesuit literature, with some exceptions (such as Possevino’s Tractatio de poesi et pictura humana or the Trattato della Pittura e scultura d’Ottonelli, written in collaboration with Pietro da Cortona) – but also of ornament (defended in particular in Bellarmine’s Disputationes de Controversis), through different ways that consider it in the wider field of a spiritual, pedagogical and apologetic culture that summons the sensible and thinks the image/art in terms of effects.

The aim of this conference is to examine the particularities of the Jesuit conception of the sensible, which can be discovered through a variety of writings, starting with those specific to the field of spirituality (in particular through the question of the application of the senses in Ignatian spirituality, as well as through the debates around mysticism), and crossing these approaches with those of rhetoric in order to fully grasp how the Christian tradition and that of Antiquity were articulated. It is also worth exploring the field of polemical works devoted to the image, without neglecting the strictly theological aspect, where the question arises more discreetly, or that of devotional literature. Indeed, it is at the crossroads of these different sources that we can identify a thinking which does not present itself as a body of doctrine, but has its roots in Christian anthropology and psychology as well as in a theology of the visible. It will also be possible to specify the contours of this thought by paying attention to other types of literature, such as illustrated technical treatises (perspective, optics, catoptrics) due, for example, to the fathers Aguilon, Dubreuil, Kircher, Schott, Traber and Friar Pozzo, where the sensitive effect is thought of in terms of the spectator’s receptivity.

In order to move away from an approach strictly centred on a supposedly Jesuit modo nostro in this issue, it will be important to take into account the various inspirations drawn from other spiritual/intellectual currents and to account for the place of the Jesuit contribution, far from being isolated, in a prehistory of aesthetics and (good) taste, in the sense that the term will be given from the 18th century onwards.

In addition to the exploration of texts, the conference will also explore the relationship between these texts and the works produced by/for the Jesuits. The aim is to shed light on these works through a framework of thinking, while showing that the latter is also influenced by the evolution of the arts between the 16th and 17th centuries, both in Europe (Italy, France, the Netherlands, Germany, Spain, Portugal, etc.) and in the American and Asian territories where the Jesuits carried out their missionary vocation and developed a dual strategy of adaptation to local artistic traditions combined with the importation of European plastic canons.

 

Proposals for papers (maximum 200 words, with a short bio-bibliographic presentation) should be sent by March 31 at the latest to cecile.vincent-cassy@cyu.fr, ralph.dekoninck@uclouvain.be and antonin.liatard@u-bourgogne.fr

Authors of selected proposals will be notified by 30 April. Presentations should not exceed 30 minutes and may be published after selection. The conference organisation will cover the travel and accommodation costs of the speakers.

 

This conference is organised within the framework of the CoMArtis project “Coadjutores: Migrant Artists and Ideas in Iberian Globalization” (PID2020-117094GB-I00), funded by the Spanish National Research Agency and directed by Professors Juan Luis González García (UAM) and Sara Fuentes Lázaro (UDIMA) in collaboration with other Spanish, European and Latin American researchers, together with the Centre for Early Modernity Cultural Analysis (GEMCA), of the Université catholique de Louvain, and the UMR Héritages, CY Cergy Paris Université.

 

Convocatoria de comunicationes : « ¿Una estética jesuita? Teorías de lo sensible y prácticas artísticas de la Compañía de Jesús en la Edad Moderna » (30 de noviembre-1 de diciembre de 2023)

Comité organizador : Ralph Dekoninck, Antonin Liatard, Cécile Vincent-Cassy.

Lugar : Paris (Charenton-le-Pont), Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie.

En los últimos años, la rica bibliografía sobre el arte jesuítico o de los jesuitas (ya fuera por encargo o producido por ellos) ha hecho hincapié en cómo se manifestó en sus instituciones educativas, o en la cuestión del ornamento y los sistemas decorativos de sus iglesias, siendo el aspecto arquitectónico objeto de numerosos estudios. Los estudiosos también se han interrogado sobre la determinada forma de pensar la imagen que los miembros de la Compañía de Jesús podían haber desarrollado a partir de diversas fuentes de inspiración. Estas investigaciones atestiguan el interés que suscita su contribución a una iconología moderna y al florecimiento del llamado arte «barroco».

A pesar de todo, persiste un ángulo muerto en este panorama: el de lo que podría llamarse una estética jesuítica, que debe entenderse aquí en el sentido etimológico de un pensamiento de lo sensible, más que en el de un pensambiento del arte, que no puede confundirse con una teoría de la imagen, aunque estos dos ámbitos estén estrechamente relacionados, y por lo tanto no puedan pensarse por separado.

Importa ampliar el enfoque para abordar la cuestión del arte –que no está realmente teorizada en la literatura jesuita, con algunas excepciones notables (como el Tractatio de poesi et pictura humana de Possevino o el Trattato della Pittura e scultura d’Ottonelli, escrito en colaboración con Pietro da Cortona)– así como la cuestión del ornamento (defendido por ejemplo en las Disputationes de Controversis de Bellarmino) – a través de unos estudios que la contemplan en el campo más amplio de una cultura espiritual, pedagógica y apologética, que convoca lo sensible y piensa la imagen/el ornamento/el arte en términos de los efectos creados.

El objetivo de este coloquio es examinar las particularidades del concepto jesuita de lo sensible, lo que se puede realizar a través del estudio de diversos escritos, empezando por los específicos del ámbito de lo espiritual (en particular a través de la cuestión de la aplicación de los sentidos en la espiritualidad ignaciana, así como a través de los debates en torno a la mística), que deberán relacionarse con los de la retórica, para captar plenamente cómo se articulaban la tradición cristiana y aquella de la Antigüedad. También cabe explorar el campo de las obras polémicas dedicadas a la imagen, sin descuidar el aspecto estrictamente teológico, donde esta cuestión surge más discretamente, o el de la literatura devocional. En efecto, cruzando fuentes podremos identificar un pensamiento que no se presenta como un cuerpo doctrinal, sino que hunde sus raíces tanto en la antropología y la psicología cristianas como en una teología de lo visible. También será posible precisar los contornos de este pensamiento prestando atención a otros tipos de literatura, como los tratados técnicos ilustrados (perspectiva, óptica, catóptrica) escritos, por ejemplo, pot los padres Aguilon, Dubreuil, Kircher, Schott, Traber y Fray Pozzo, en los que el efecto sensible se piensa en términos de receptividad del espectador.

Para alejarse de un enfoque estrictamente centrado en un supuesto modo nostro jesuítico, se tendrán en cuenta las diversas inspiraciones procedentes de otras corrientes espirituales/intelectuales, para poder colocarlo en su lugar, y no aislarlo en una prehistoria de la estética y del (buen) gusto, en el sentido que se le daría al término a partir del siglo XVIII.

Además de la exploración de los textos, el coloquio se abrirá también a la relación de los mismos con las obras producidas por/para los jesuitas. El objetivo es arrojar luz sobre estas obras a través de un marco de pensamiento, mostrando al mismo tiempo que en él también influye la evolución de las artes entre los siglos XVI y XVII, tanto en Europa (Italia, Francia, Países Bajos, Alemania, España, Portugal, etc.) como en los territorios americanos y asiáticos donde los jesuitas llevaron a cabo su vocación misionera.

 

Las propuestas de comunicaciones, en inglés (150-200 palabras, más una breve presentación bio-bibliográfica también de 150-200 palabras), deberán enviarse antes del 31 de marzo a cecile.vincent-cassy@cyu.fr, ralph.dekoninck@uclouvain.be y antonin.liatard@u-bourgogne.fr

Se informará de la aceptación de las ponencias antes del 30 de abril. Las ponencias aceptadas se presentarán con una duración máxima de 30 minutos. Con posterioridad al congreso se estudiará la posibilidad de publicar una selección de las mismas. La organización del congreso se hará cargo de los gastos de transporte y alojamiento de los ponentes.

 

Este congreso se organiza en el marco del Proyecto CoMArtis “Coadjutores: artistas e ideas migrantes en la globalización ibérica” (PID2020-117094GB-I00), financiado por la Agencia Estatal de Investigación de España y dirigido por los profesores Dr. Juan Luis González García (UAM) y Dra. Sara Fuentes Lázaro (UDIMA) en colaboración con otros investigadores españoles, europeos y latinoamericanos, junto con el Centre d’Analyse Culturelle de la Première Modernité (GEMCA), Université catholique de Louvain y la UMR Héritages, CY Cergy Paris Université.

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