Appel à contribution : « La patrimonialisation de l’urbain. Septième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine »

Depuis 2005, les Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine invitent annuellement étudiants, doctorants, docteurs et postdoctorants à conférer sur divers aspects de la patrimonialisation, alternativement au Québec et en France, sous la tutelle scientifique de la Chaire de Recherche du Canada en patrimoine urbain de l’Université du Québec à Montréal et de ses partenaires. En 2011, la Septième rencontre, dévolue à la patrimonialisation de l’urbain, se tiendra du 5 au 7 octobre à Brest, sous le parrainage de l’Institut de Géoarchitecture, institution hôte (Université de Bretagne occidentale). Patrick Dieudonné est le directeur scientifique de l’événement, co-organisé par la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain (Luc Noppen, Université du Québec à Montréal), par le groupe interuniversitaire de recherche sur les paysages de la représentation, la ville et les identités urbaines (Lucie K. Morisset, Université du Québec à Montréal) et par le Forum canadien de recherche publique sur le patrimoine. La coordination scientifique de l’événement a été confiée à Lyne Bernier (lbernier@internet.uqam.ca) et Yann Le Fur (yann.lefur@geoarchi.net).

 

Les communications seront évaluées par un comité constitué sous la direction de

  • Daniel Le Couédic, Architecte, Professeur des Universités, Directeur de l’EA2219 Géoarchitecture
  • Patrick Dieudonné, Architecte, Maître de Conférences, Directeur de l’Institut de Géoarchitecture (Université de Bretagne occidentale)
  • Lucie K. Morisset, Professeure à l’UQAM
  • Luc Noppen, Professeur à l’UQAM, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain
  • Jean-François Simon, Professeur des Universités, Directeur de l’EA4451 Centre de recherche bretonne et celtique

La date limite pour soumettre une proposition est le 30 avril 2011. Pour ce faire, veuillez envoyer le titre de votre proposition, un résumé d’un maximum de 500 mots (à prévoir pour une communication d’une durée de vingt minutes) et une courte notice biographique. Les propositions seront évaluées par un comité scientifique en fonction de leur pertinence par rapport au thème, de l’originalité de leur questionnement ainsi que de la qualité générale de leur argumentaire.

Les frais de déplacement des intervenants pourront être partiellement subventionnés, selon les disponibilités budgétaires. La Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain pourra aussi offrir quelques bourses de voyage aux intervenants.

Revus par un comité éditorial, des articles issus des cinq premières Rencontres internationales des jeunes chercheurs en patrimoine ont été publiés dans des ouvrages collectifs dédiés à cette fin ; les actes de la sixième rencontre sont en préparation. Il est prévu que les communications de cette septième rencontre fassent l’objet d’un projet d’édition semblable.

Argumentaire

Attribuée par Françoise Choay à Gustavo Giovannoni (Vecchie città ed edilizia nuova ou L’urbanisme face aux villes anciennes, 1931), l’invention du patrimoine urbain a longtemps permis de répondre à une quête double, scientifique et professionnelle. C’est ainsi que la pensée du patrimoine a progressivement épousé l’échelle des études territoriales, notamment consacrées par la Charte de Venise en 1964. L’historiographie du patrimoine, depuis, observe le délaissement des approches limitées aux objets, au bénéfice d’une considération pour les rapports spatiaux et humains qui, tout autour du monument, font l’urbain. Ainsi les objectifs des diverses lois sur les secteurs sauvegardés, les arrondissements historiques et leurs épigones se trouvent-elles validées par la connaissance scientifique.

Par delà les tensions entre progrès et mémoire, ou entre modernité et préservation, qu’implique l’union conceptuelle de la ville et du patrimoine, la notion de patrimoine urbain recouvre un moment épistémologique qui dépasse la simple conciliation entre le vocabulaire et les pratiques respectives de l’institution des monuments historiques d’une part, de l’urbanisme d’autre part. En effet, il semble que les relations entre urbanité et patrimoine (ou urbain et patrimonial, urbs et patrimonialité) se soient intensifiées et complexifiées dans le temps. Le « patrimoine urbain » s’affirme ainsi comme une catégorie du savoir autant que comme une désignation performative.

Mais s’il transforme ce qu’il touche, le patrimoine urbain peut-il doter d’urbanité ce qui n’en possédait pas ? Dans les villages, les banlieues et les campagnes, le patrimoine pourrait-il d’ailleurs faire office de symbole de ville ? Qualifier l’urbain ? Le « patrimoine naturel » qui parsème de biodiversité les « trames vertes et bleues » des plans d’aménagement est-il moins urbain ?

L’extension et la densification du patrimoine urbain incitent aussi à interroger sa position parmi d’autres phénomènes. Si certaines manifestations s’avèrent apparemment exclusives au patrimoine urbain — le patrimoine de proximité par exemple —, peut-on parler d’une spécificité de la patrimonialité urbaine ? Et qu’en est-il de l’urbanité patrimoniale ?

À travers la notion de patrimoine urbain, cette septième Rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine veut interroger les relations historiques et contemporaines, harmoniques ou dysphoriques, entre le patrimoine et la ville en tant qu’objet doté de sens. En considérant la question sous l’angle des mécanismes ou des phénomènes de patrimonialisation, nous proposons d’explorer par diverses études de cas la constitution épistémologique ou sémantique du patrimoine urbain. Mais nous souhaitons aussi cerner les enjeux — qu’ils ressortissent au symbolique ou à l’action —, que ce patrimoine représente dans les divers territoires et échelles de ses manifestations.

Le patrimoine urbain et son corolaire, la ville patrimoniale, appellent-ils une manière ou une pensée particulière de patrimonialisation ? Existe-t-il des dispositifs sociaux, économiques ou culturels spécifiques au patrimoine urbain ? Dès lors que s’atomise la nation, qui articulait l’institution et la conception du patrimoine, au profit de territoires de référence, tantôt réduits au « petit monde qui nous entoure », tantôt étendus à l’universel et à l’humanité, quel destin envisager pour le patrimoine urbain et ses constituantes ? Tandis que nos conceptions patrimoniales font la belle part au citoyen, aux pratiques, voire à l’immatériel, quel rôle tiennent les espaces de la ville, son habitat, ses habitants ? Quels ont été et quels sont les critères et les valeurs de la patrimonialisation urbaine ? Le patrimoine urbain est-il une marque de civilité ? Et est-il plus artificiel que le patrimoine naturel ? Enfin, comment, au plan des acteurs, au plan des mécanismes ou au plan des objets, se situent respectivement ce qu’il conviendrait d’appeler le « patrimoine de ville » et le « patrimoine des champs » ?

URL de référence : http://calenda.revues.org/nouvelle19090.html

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