Appel à contribution : « Revoir la commande. L’art et l’espace public » (Revue Sculptures, 7-2020)

Couverture de la revue Sculptures n°6, à paraître en novembre 2019.

Appel à contribution : « Revoir la commande. L’art et l’espace public.  » (Revue Sculptures, 7-2020)

Il y a pratiquement 35 ans, en 1985, Christo « empaquetait » le Pont-Neuf. En 2020, il renouvellera son geste sur l’Arc de Triomphe. L’art éphémère est entré de façon durable dans la commande publique, en France et ailleurs dans le monde. C’est un des signes les plus apparents de ce que les choses ont beaucoup bougé dans ce domaine. Ce numéro entend faire le point sur l’évolution de la commande publique en France, tout en proposant des analyses de l’art pour l’espace public dans le monde.

La commande est le fait social de l’art par excellence. C’est une voie essentielle de l’éducation du goût et de la sensibilité. A l’entrée de son exposition au Centre Pompidou en 2013, Pierre Huyghe avait placé Mère Anatolica 1, une sculpture réalisée par Parvine Curie dans le cadre du 1% artistique pour le collège Pierre de Coubertin de Chevreuse en 1975 : c’est par elle que le jeune Huyghe, élève dans l’établissement, avait eu son premier contact avec l’art contemporain. Voilà une question majeure : celle de la rencontre entre la commande publique et l’art de son temps. Elle ne se pose pas seulement depuis quelques décennies, mais depuis que la République existe, donc depuis que la création a eu l’ambition d’aller au devant de ses publics. L’histoire de la commande publique est faite de beaucoup d’occasions manquées, de polémiques, de renoncements, de compromis mais également d’éclatantes réussites. Elle fait apparaître des tendances parfois contradictoires : aujourd’hui la « festivalisation » de l’art public (Nuit blanche) favorise le spectaculaire éphémère alors que la « tocquevillisation » démocratique fait que les artistes travaillent avec les populations à des projets de terrain parfois invisibles, ou peu médiatisés. En outre, l’histoire n’est jamais terminée : telle œuvre est réévaluée, telle autre disqualifiée, telle détournée et réappropriée, commençant une nouvelle vie artistique et publique. Les questions d’entretien, de restauration et de médiation se posent de façon de plus en plus pressante. Cette histoire n’est pas seulement le fait des idées, des conceptions, des jugements de goût et de leur circulation internationale, mais elle est tout autant le fruit des pratiques urbaines, de l’urbanisme et de l’aménagement.

L’offre artistique – ce que proposent les artistes, ce que veulent les élites commanditaires, ce que finance l’Etat- est certainement ce qui est le plus visible, et qui le reste, produisant le plus de documents, mais la demande des publics, qui aujourd’hui est souvent placée au cœur des processus de commande, doit faire l’objet d’une enquête historique sur le long terme : que sait-on des appétences des habitants, des usagers, de leurs réactions ? Ce n’est pas seulement par le vandalisme ou le graffiti que l’anonyme s’exprime. Y a-t-il un monument populaire ? Ou une façon populaire de faire art dans la cité ? Quelles expériences nous lègue l’histoire des goûts, des émotions et des appropriations les plus diverses ? Enfin, quelles participations les artistes anticipent-ils de la part des publics, voire comment les sollicitent-ils à faire ensemble?

 

Les auteurs sont invités à présenter leurs propositions (un résumé de 3000 signes et une courte présentation de l’auteur) avant le 1e novembre 2019 à clairemaingon@hotmail.com. A la suite de l’expertise des propositions, les auteurs seront contactés rapidement. Les articles définitifs, de 30.000 signes maximum (bibliographie incluse dans les notes de bas de page) seront à remettre le 1e avril 2020.

Thierry Dufrêne et Claire Maingon

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