Appel à contribution : Revues Comicalités, « La bande dessinée : un art sans mémoire ? »

La revue Comicalités. Études de culture visuelle, qui est actuellement en construction sur le portail revues.org, sera active en mars prochain. Consacrée à la bande dessinée, et disposant d’un comité scientifique composé de spécialistes (voir ci-dessous), elle adoptera le mode de la publication continue et ne sera pas organisée par numéro, mais par « sections » qui resteront actives et seront donc à même d’accueillir de nouveaux articles pendant plus d’un an. Durant cette durée, les appels à communication resteront « ouverts » et nous publions donc aujourd’hui une nouvelle version de « La bande dessinée : un art sans mémoire ? » (thème du colloque des 10 et 11 juin 2010 organisé par les universités Paris 10 et Paris 13). Nous serions en effet enchanté de voir de nouveaux articles rejoindre les travaux exposés lors du colloque (l’ensemble de ces textes faisant l’objet d’une évaluation anonyme par deux chercheurs) et signalons que de nouveaux appels verront bientôt le jour (notamment, en mars, « Bande dessinée et autobiographie »).

La bande dessinée : un « art sans mémoire ? »

Quel est le mode d’inscription dans le temps de la bande dessinée ? La question se pose puisque son système éditorial semble privilégier la mise au point de « nouveautés » susceptibles de prendre place dans une véritable « guerre des étals » 1 et donner ainsi raison à Thierry Groensteen qui qualifie la bande dessinée d’ « art sans mémoire » et affirme : « La bande dessinée est un art qui cultive volontiers l’amnésie et n’a pas grand souci de son patrimoine » 2. La série et le personnage, dont la longévité dépasse parfois celle de leur créateur, semblent incarner cette temporalité relevant d’une loi du marché et transformant l’auteur en simple « repreneur » 3. La bande dessinée relèverait donc pleinement de la logique d’industries culturelles synonymes, selon Théodor Adorno, d’« anti-culture » car fondées sur la reprise et la mise au goût du jour de choses déjà produites plutôt que sur l’exploration des possibilités artistiques qu’elle offre.

Nous nous proposons d’interroger ce constat et d’aborder une dimension du « 9e art » qui semble tout sauf évidente : quelles valeurs et quelles formes acquièrent pour la bande dessinée l’inscription dans un passé ? Si l’on pose à l’inverse que le « 9e art » ne relève pas seulement du « consommable » et du « jetable », on peut s’intéresser aux initiatives visant à faire de la bande dessinée le témoin privilégié d’une histoire de l’art et de l’évolution de nos sociétés (comme, par exemple, dans le cadre d’expositions comme Vraoum !), mais également aux efforts de professionnels de la chaîne du livre (éditeurs, libraires ou bibliothécaires) pour administrer des collections ou faire valoir un « fonds » proposant des oeuvres remontant aux origines de la « Franco-Belge » (voire au-delà) ou issues d’autres horizons. On peut aussi citer les créations d’auteurs faisant de l’inscription dans le temps (que celui-ci prenne la forme d’une histoire ou d’une mémoire) l’instrument d’une autre pratique et vision du « 9e art ».

L’ensemble de ces réflexions constituera la matière des deux premières « sections » de Comicalités.

  • « La bande dessinée : quel patrimoine ? » se propose d’interroger l’inscription du neuvième art dans le temps des diverses institutions et industries culturelles (édition, bibliothèque, archives, musée…) qui la prennent en charge. Des articles portant sur le livre de poche ou les notions de classique et de canon sont d’ores et déjà en phase de prépublication.
  • « Création et histoire du neuvième art » entend interroger la forme et la fonction du passé au sein de la création de bande dessinée. Des articles portant sur la série Spirou, le rapport au temps des éditeurs « alternatifs » ou le rapport entre histoire et politique dans Persepolis sont d’ores et déjà prévus, mais nous sommes tout à fait prêts à accepter d’autres contributions.

Nous proposons à tous les contributeurs, quel que soit leur statut, de nous soumettre un texte d’environs 2000 signes (espaces compris) exposant : l’objet de l’intervention, le corpus ou le matériau sur lequel elle entend s’appuyer et indiquant les coordonnées de chaque auteur. Afin de garantir la qualité des débats, ces documents seront par la suite soumis de façon anonyme au comité scientifique de la revue qui est composé de :

  • Gilles Ciment (Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’image, directeur)
  • Thierry Crépin (Université Versailles Saint-Quentin, chercheur)
  • Jacques Dürrenmatt (université Toulouse-Le Mirail, professeur des universités)
  • Pierre Fresnault-Deruelle (université Paris 1, professeur des universités)
  • Jean-Paul Gabillet (Université Bordeaux 3, professeur des universités)
  • Thierry Groensteen (École Européenne Supérieure de l’Image, enseignant-chercheur)
  • Bertrand Legendre (université Paris 13-Nord, professeur des universités)
  • Éric Maigret (université Paris 3, professeur des universités)
  • Pascal Ory (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, professeur des universités)
  • Benoît Peeters (Les Impressions Nouvelles, chercheur habilité à diriger des recherches)
  • Thierry Smolderen (École Européenne Supérieure de l’Image, enseignant-chercheur)
  • Emmanuel Souchier (université Paris 4-Sorbonne, professeur des universités)

Ces propositions doivent être transmises par voie électronique avant le 1er mars 2011 à l’adresse suivante :

benoitberthou@orange.fr

1.Dossier paru dans Livres Hebdo, n°717.

2.Thierry Groensteen, La bande dessinée : un objet culturel non identifié, éditions de l’An 2, 2006, p. 67.

3.Sergio Honorez, « Lifting d’un héros : le cas Spirou », dans L’état de la bande dessinée, Les Impressions Nouvelles, Liège, 2009, p. 120.

Responsable : Benoît Berthou
Url de référence : http://www.revues.org/8486
Adresse : Université Paris 13UFR Sciences de la Communication99 avenue Jean-Baptiste Clément93430 Villetaneuse

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