Appel à contribution : « Trouble dans le visuel. Ambiguïtés de genre et de sexe dans les arts et les sciences, des Lumières à Stonewall »

Appel à contribution : « Trouble dans le visuel. Ambiguïtés de genre et de sexe dans les arts et les sciences, des Lumières à Stonewall »

Théia. Revue d’histoire et d’histoire de l’art. Numéro coordonné par Damien Delille et Emmanuelle Retaillaud. 

Date de rendu des propositions : 12 avril 2024
Date de rendu des articles définitifs : 30 août 2024
Retour du comité de rédaction : 18 octobre 2024
Publication : Printemps 2025

Dans la continuité de la journée d’études qui s’est déroulée à Lyon en janvier 2024, cet appel à contribution souhaite poursuivre la réflexion engagée en se proposant de l’approfondir d’un point de vue historique et thématique. L’histoire du « trouble dans le genre » et des sexualités minoritaires et réprouvées a mis au jour les multiples constructions socioculturelles qui ont structuré l’imposition naturalisée de la binarité masculin-féminin. Celle-ci s’est effectuée au détriment de modalités plus fluides et mouvantes d’identités de genre, articulées autour d’orientations sexuelles non hétéronormées.
Ce numéro thématique de la revue Théia a l’ambition d’étudier les processus de visualités et de visualisation de genre, en lien avec les effets de visibilisation ou d’invisibilisation de ces minorités qui se retrouvent dans la représentation des ambiguïtés sexuelles et de genre. Cet « entre-deux » (troisième sexe, hermaphrodite, gynandre, androgyne, travesti, eunuque, inverti, garçonne, trans…) pose la question de l’articulation entre sexe, genre et sexualités. Les récits mythologiques qui prennent en charge ces figures, les réinvestissements scientifiques dont elles ont fait l’objet au XIXe siècle, dans le cadre de la psychiatrie et de la sexologie naissante, et les réappropriations artistiques qui les ont fait muter durant les deux siècles précédents, donnent à ces figures une valeur heuristique pour penser les sociétés occidentales dans la modernité. Les réflexions plus récentes, portées par les mouvements féministes, LGBT et queer, posent en retour la question des formes d’engagement activiste, des constructions d’homonormativité, de la pluralité des féminismes et des espaces communautaires des minorités de genre. Il s’agira d’évaluer la manière dont leur déconstruction a pu être revendiquée par divers individus ou groupes militants et activistes, dans l’objectif de faire évoluer la domination naturalisée des représentations cisgenre hétéronormées.
Les articles proposés devront se situer à la croisée des sciences humaines, de l’histoire de l’art et des études visuelles, dans le cadre des mondes occidentaux et occidentalisés, pour une période allant de la Révolution française jusqu’au seuil de la « révolution (homo)sexuelle » (fin des années 1960). Ce moment encore défini par un régime de stigmatisation et de répression pourra être examiné à partir des discours normatifs contraignants et des biais divers qui les défient. Plusieurs types d’objets, d’artefacts et de supports visuels, issus des arts visuels (peinture, sculpture, dessin, photographie, cinéma, arts décoratifs et design…), des arts de la scène (théâtre, danse, performance…) et des pratiques vernaculaires (illustration de presse, mode et vêtement, bals et manifestations…), pourront être analysés. Les réflexions porteront sur les liens qui unissent les représentations, les expressions et les identifications de genre aux champs politique, social et culturel.
Une attention particulière portera sur les propositions qui ne s’attachent pas uniquement à un sujet monographique et envisage une discontinuité diachronique dans les sources et les thèmes étudiés. Les temporalités historiques et visuelles que ces figures, ces discours et ces théories investissent pourront être interrogées à partir des typologies et des marqueurs temporels qui ont lieu en histoire et en histoire de l’art.

Plusieurs pistes pourront être envisagées :
– Processus de visibilités et d’invisibilités des communautés LGBT dans la presse, les médias de masse et les arts visuels ;
– Taxinomie, terminologie, typologies, signes et indices des ambiguïtés de genre et de sexe dans l’articulation entre les discours et les images ;
– Spatialisation et géographies des homosexualités et des homosociabilités ;
– Les épistémologies du « placard » : cacher et révéler sa sexualité et son identité de genre, les rapports entre intime et extime, vies privées/vie publique ;
– Archives et matérialités des sources visuelles sur l’histoire des cultures LGBTQIA+.


Modalité de soumission :

Les propositions, d’environ 5 000 signes, avec une courte bio-bibliographie de l’auteur, devront être adressées avant le 12 avril 2024 conjointement aux deux adresses suivantes :
emmanuelle.retaillaud@sciencespo-lyon.fr ; damien.delille@univ-lyon2.fr

Les premières versions des articles complets seront à rendre le 30 août 2024 au plus tard. Les propositions seront évaluées ensuite de manière anonyme, à partir du principe de l’expertise en double aveugle (peer review), conformément aux usages de la revue. Les auteurs seront informés des résultats le 18 octobre 2024. Il est possible d’insérer jusqu’à 10 images en 300 dpi, légendées et (si possible) libres de droits.


English version

Call for Articles
Théia. Revue d’histoire et d’histoire de l’art

Troubling the Visual: Gender, Sex and Ambiguity in the Arts and Sciences from the Enlightenment to Stonewall
Journal issue coordinated by Damien Delille and Emmanuelle Retaillaud

Proposal submission deadline: April 12, 2024
Final article submission deadline: August 30, 2024
Editorial board feedback: October 18, 2024
Publication: Spring 2025

Following the one-day conference held in Lyon in January 2024, this call for papers aims to explore further the issues surrounding gender, sex and the Arts from the Renaissance to the 1960s, from a variety of historical and thematic perspectives. The historical study of “gender trouble” and of marginalized and stigmatized sexualities offers vital insights into the various sociocultural processes that have sought to impose and enforce a naturalized male-female dichotomy. This has been at the expense of more fluid and shifting gender identities, articulated around non-heteronormative sexual orientations.
This thematic issue of Théia journal aims to examine the processes by which gender is visualized in the Arts, and how the resulting visibility or invisibility reflects sexual and gender ambiguities. The study of this “in-between” space (third sex, hermaphrodites, gynandry, androgyny, transvestites, eunuchs, inverts, tomboys, the transgender community, etc.) highlights the complex interplay between sex, gender and sexualities over time. The study of mythological narratives that embrace these groups, of appropriations to which they were subject in the 19th century within the emerging sciences of psychiatry and sexology, and of their artistic re-appropriation over the past two centuries, all throw valuable light on various aspects of modern Western society. Recent reflections stimulated by the feminist, LGBT, and queer movements are also relevant here; questioning forms of activist engagement, constructions of homonormativity, the plurality of feminisms, and community spaces for gender minorities. This thematic issue aims to consider how various individuals and groups have sought to interrogate the use of these concepts, and how such critical evaluation can contribute to advancing our understanding of the naturalized dominance of cisgender heteronormative representations.
Proposed articles are invited from the fields of the humanities, art history, and/or visual studies within Western and Westernized contexts, covering the period from the French Revolution to the brink of the “sexual (homo)revolution” of the late 1960s. This period, defined by successive regimes of stigmatization and repression, may be approached through the study of normative discourses and of the various challenges to which those discourses were subjected. Submissions may address different types of objects, artifacts, and visual media from the visual arts (painting, sculpture, drawing, photography, cinema, decorative arts and design), performing arts (theater, dance, performance), and vernacular practices (press illustration, fashion and clothing, balls and events). Special consideration will be given to proposals that examine the links between forms of gender representation and expression in different political, social, and cultural fields; to studies employing an interdisciplinary perspective; and to submissions exploring the issue of diachronic discontinuity in the chosen sources and themes. Authors are also encouraged to engage with the conventional typologies and periodization used by scholars in history and art history.

Issues for study may include (but are not limited to):
– Processes of visibility and invisibility of LGBT communities in the press, mass media and visual arts.
– Taxonomy, terminology, typologies, signs, and indicators of gender and sexual ambiguities in the articulation between discourses and images.
– Spatialization and geographies of homosexuality and homosociability.
– The epistemologies of the “closet”: concealing and revealing sexuality and gender identity, the relationship between the intimate and the external, private/public life.
– Archives and materiality of visual sources on the history of LGBTQIA+ cultures.


Submission Guidelines:
Proposals, around 5,000 signs, along with a brief bio-bibliography of the author, should be submitted by April 12, 2024, to the following addresses:
emmanuelle.retaillaud@sciencespo-lyon.fr; damien.delille@univ-lyon2.fr


The deadline for submission of the first versions of complete articles is August 30, 2024. Proposals will then be anonymously evaluated based on the principle of double-blind peer review, following the journal’s practices. Authors will be informed of the results by October 18, 2024. It is possible to include up to 10 images at 300 dpi, captioned, and (if possible) free of copyright.

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