Appel à publication : « De A(rt) à Z(oo) : Penser l’animal en histoire de l’art »

Exposés vivants dans les white cubes, empaillés dans les galeries des muséums, humanisés dans les marges de manuscrits, domptés dans les affiches de spectacles, écorchés dans les natures mortes, décomposés dans les manuels scientifiques, affectionnés dans les statues funéraires, sublimés dans les œuvres romantiques ou encore exploités dans les palettes de couleurs, les animaux sont sollicités de multiples manières dans le monde des arts ; un monde qui permet de mettre en exergue les relations complexes entre humains et non-humains.

Bien que présentes dans les sciences humaines depuis une quarantaine d’années (avec les illustres noms d’Eric Baratay, Vinciane Despret, Philippe Descola, Elisabeth de Fontenay, Erica Fudge, Donna Harraway, Bruno Latour ou encore Harriet Ritvo), les études animales demeurent absentes dans un cursus en histoire de l’art. Pourtant, les premières peintures exécutées par des humains figurent des animaux, et ces derniers n’ont jamais cessé d’être représentés dans le courant de l’histoire ; mais le regard de l’historien·ne de l’art s’arrête rarement sur eux. Heureusement, depuis quelques années, on voit fleurir des études et des expositions sur l’animal dans l’art afin de restituer une certaine pratique ou un certain contexte. Il faut toutefois préciser que cet intérêt se manifeste de manière dominante dans le milieu anglo-saxon et qu’il commence progressivement à s’étendre en-dehors de ces frontières (on aura par exemple vu en France l’exposition Les Animaux du Roi au château de Versailles, les événements autour de Rosa Bonheur, la thématique animalière du Festival de l’Histoire de l’Art l’année dernières et quelques journées d’étude universitaires).

L’ouvrage De A(rt) à Z(oo) : Penser l’animal en histoire de l’art propose une rencontre plus englobante des études animales et visuelles. En cela, il est pensé tel un manuel méthodologique à destination des chercheur·euse·s, jeunes comme avancé·e·s, pour aborder la question de l’animal, de l’altérité vivante, dans les arts et la culture visuelle. Car le non-humain occupe une place aujourd’hui importante dans les sciences humaines. Notre époque peut en effet se définir par une urgence à (ré)évaluer la position de l’humain et celle des êtres qui l’entourent. Il est donc primordial d’avoir des outils et des méthodes d’analyse à disposition pour pouvoir traiter de ces questions interespèces auxquelles les arts et les images, anciens comme actuels, participent activement.

C’est pour cette raison que l’ouvrage regroupera plusieurs articles qui touchent à différentes périodes de l’histoire, à différents mediums artistiques et à différentes espèces animales tout en faisant appel à d’autres champs disciplinaires, le but étant de délivrer un éventail de possibilités pour penser le non-humain dans notre culture visuelle. Pour ce faire, le livre sera conçu comme un bestiaire afin de pouvoir cibler des cas d’étude concrets qui permettent de dégager les questions à se poser, les méthodologies à appliquer et les enjeux à traiter. Finalement, il s’agit de davantage ancrer les études animales dans la francophonie (contrairement aux nombreux Handbooks, il n’existe que le récent ouvrage Introduction aux études animales d’Émilie Dardenne qui familiarise en français à ce champ d’étude).

 

Soumission des propositions

Les auteur·rice·s sont invité·e·s à soumettre des propositions sous forme de cas d’étude qui invitent à aborder la question animale d’un angle théorique/méthodologique pertinent de leur choix, sans restriction chronologique ou géographique. Idéalement, le cas d’étude devra graviter autour d’une espèce animale afin de concevoir le bestiaire.

Les propositions doivent contenir le nom d’une espèce animale (entrée dans le bestiaire), un titre, un abstract de 300 à 500 mots ainsi qu’un CV à envoyer à marie-charlotte.lamy@unine.ch. La date limite de postulation est fixée au 30 juin 2023. Un retour sera donné dans les deux semaines qui suivent et les articles sélectionnés seront attendus pour la fin 2023.

 

 

 

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