Appel à publication : Le commissariat d’exposition engagé (Revue RACAR)

RC-Racar-228x300Commissariat engagé

Appel à soumissions. Dossier thématique de la revue RACAR, sous la direction de Marie Fraser, professeure, département d’histoire de l’art, Université du Québec à Montréal, et de Alice Ming Wai Jim, Associate Professor, Department of Art History, Concordia University.

La pratique du commissariat d’exposition est en pleine mutation depuis les années 1960. Elle s’est même diversifiée et multipliée au cours des quinze dernières années avec une force que nous n’aurions jamais pu imaginer. Cette transformation a favorisé l’émergence d’une réflexion critique qui tend à s’intensifier depuis les années 1990,au point où Paul O’Neil parle d’un curatorial turn. Ce « tournant curatorial » pourrait se résumer par le passage de la pratique à la théorie et d’une conception de l’exposition comme discours sur l’œuvre d’art à une approche réflexive du commissariat, où l’exposition devient à son tour objet de connaissance. Malgré la vitalité et la pertinence de cette réflexion, le problème reste entier pour deux principales raisons : d’une part, la majorité des écrits reste centrée sur l’histoire des expositions emblématiques et sur la figure du commissaire en réitérant plus souvent qu’autrement le récit canonique de l’histoire de l’art et, d’autre part, le commissariat fait face au régime évènementiel de l’art (prolifération des biennales, festivals, manifestations internationales) ainsi qu’aux impératifs du marché.

Or, si le commissariat se constitue en discours, c’est bien parce qu’il implique une conscience de ses propres conditions de possibilité et des enjeux artistiques, théoriques, sociaux et institutionnels du moment. Quels sont ces enjeux et les débats qui animent aujourd’hui cette discipline ? Pour ce numéro de RACAR, nous souhaitons mettre l’accent sur les discours et les pratiques critiques du commissariat, et particulièrement du commissariat engagé afin d’en faire ressortir les aspects éthiques, sociaux et politiques. Aux notions de commissaire-auteur(e) et de commissaire-artiste, qui insistent sur la personnalité et la notoriété sans vraiment les remettre en question, nous proposons l’hypothèse du commissaire comme producteur, c’est-à-dire comme agent de changement social et de transformation des modes de production. Pourrait-on même aller jusqu’à parler d’un commissariat radical, à la manière dont Claire Bishop développe l’idée d’une muséologie radicale, dans Radical Museology or, What’s ‘Contemporary’ in Museums of Contemporary Art? (2013) ?

Ce développement, voire cette possible radicalisation se manifesterait par un intérêt pour des démarches artistiques critiques comme la performance, les pratiques collectives, participatives, activistes ou anti-institutionnelles, pour les communautés autochtones et culturelles, pour des contextes publics et extérieurs à l’art, pour des histoires et des savoirs sensibles. Ce numéro vise à interroger comment les approches récentes de commissariat ont pris acte de ces formes d’engagement pour les intégrer à leur propre pratique et discours. Quelles sont les nouvelles modalités d’exposition qu’elles ont initiées ? Quels sont les contextes artistiques, sociaux et multiculturels dans lesquels le commissariat engagé émerge et se développe ? C’est dans cette perspective qu’il nous apparaît aussi pertinent de jeter un regard sur l’histoire de cet engagement qui nous semble particulièrement fort au Québec et au Canada en raison notamment de l’émergence d’une pratique du commissariat indépendant dans les années 1970.

Le commissariat est aujourd’hui un domaine d’étude en histoire de l’art, en muséologie, en arts visuels et en arts de la scène. L’université est au fait de ce nouveau champ de connaissance et
plusieurs programmes de formation ont vu le jour au cours des dernières décennies. Il paraît donc aussi opportun de réfléchir de manière approfondie aux impacts de cette formation et de la recherche sur la pratique et le discours du commissariat ainsi que sur les institutions muséales.

Nous invitons des propositions d’articles en français et en anglais.
Veuillez soumettre votre proposition d’un maximum de 250 mots ainsi
qu’un court CV avant le 30 mars à Marie Fraser (fraser.marie@uqam.ca)
et à Alice Ming Wai Jim (alice.jim@concordia.ca

Leave a Reply