Appel à publication : « Patrimoine et architecture carcérale »

Capture d’écran 2015-04-13 à 13.54.53La revue Histoire pénitentiaire est éditée par la Direction de l’administration pénitentiaire. Elle est hébergée par le site Criminocorpus, plateforme d’édition scientifique en ligne pour l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Le onzième numéro de la revue Histoire pénitentiaire est consacré au thème du patrimoine et de l’architecture carcérale. Depuis la parution en 1975 de l’ouvrage Surveiller et Punir de Michel Foucault, l’architecture carcérale et son histoire ont été l’objet d’un investissement important de la part des historiens. La lecture du Panopticon de Jeremy Bentham et sa traduction conceptuelle par le philosophe (le « panoptisme ») a mis en lumière l’incidence de cette utopie architecturale dans la conception des établissements pénitentiaires aux XIXe et XXesiècles en France (mais également en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, …).

Depuis, l’architecture n’a cessé de susciter recherches et contributions. Citons notamment le colloque L’architecture carcérale, des mots et des murs organisé en 2010 à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire, la parution récente de l’ouvrage Prisons. Patrimoine de France d’Etienne Madrange (Lexis Nexis 2013) ou encore la rubrique « Patrimoine carcéral » dirigée par Jean-Claude Vimont sur Criminocorpus. En outre, les questions posées par la sauvegarde de ce patrimoine entraînent des débats sur l’opportunité de conserver ou non certains établissements pénitentiaires. L’émoi suscité par la fermeture des prisons Saint-Joseph et Saint-Paul à Lyon en est un témoignage. Plus récemment, des chercheurs ont également manifesté leur inquiétude quant au devenir de ce « patrimoine sombre » (Libération, 18.09.2014). Souvent dictées par la nécessité d’adapter un parc vétuste aux règles de droit en matière d’accueil des personnes détenues, ces fermetures posent aussi la question de la pression foncière exercée sur certains établissements, situés au cœur des centres urbains. Les débats sont donc vifs, et nombreux. Néanmoins, divers exemples de reconversion et de valorisation ont démontré tout à la fois l’intérêt porté par le public pour ce patrimoine et sa capacité à se renouveler au sein de la dynamique urbaine.

L’ouverture de la maison d’arrêt de la Santé à Paris durant les Journées européennes du patrimoine 2014 a ainsi rencontré un large écho auprès du public. Avant qu’elle ne ferme ses portes pour une opération de réhabilitation/reconstruction, les visiteurs ont pu découvrir un espace de détention et prendre conscience de la réalité de l’incarcération.Cette expérience qui tend à valoriser et à faire connaître le patrimoine carcéral s’est accompagnée, en 2014, de beaucoup d’autres : citons notamment le projet La disparition des lucioles organisé dans la prison Sainte-Anne à Avignon ou l’ouverture récente du Musée du bagne au sein du camp de la transportation de Saint-Laurent du Maroni. Longtemps laissé dans l’ombre, ce patrimoine est aujourd’hui au centre de nombreuses questions. L’histoire de ces bâtiments, l’époque à laquelle ils ont été conçus, traduisent dans la pierre les débats philosophiques, éthiques et pénaux qui animaient experts et gouvernants vis-à-vis de la question pénitentiaire.

Comment ces débats se sont-ils traduits en France, mais aussi à l’étranger ? A quelles réalisations ont-ils conduit ? Quelles sont les innovations qui ont marqué et accompagné l’histoire de l’architecture carcérale ? De même, comment cette patrimonialisation a-t-elle émergé et se concrétise-t-elle aujourd’hui (musées, opérations de valorisation et de conservation, restauration ou reconversion de bâtiments pénitentiaires, …) ? Au regard du passé et des exigences contemporaines, comment s’élaborent aujourd’hui les prisons ?

Cet appel à contribution n’est pas exhaustif et toutes contributions en lien avec le patrimoine carcéral, quelle que soit l’époque abordée, sont les bienvenues. Elles seront examinées par le comité scientifique de la revue.

Les propositions d’articles pourront s’inscrire dans un ou plusieurs des axes suivants :

  • Les débats et les modèles : leur élaboration et leur circulation.
  • La patrimonialisation : son émergence et ses formes.
  • Les enjeux actuels de la conception des prisons.

Modalités de soumission

Les propositions d’articles sont à envoyer sous la forme d’un résumé de 500 signesaccompagné d’un court CV de l’auteur à Jean-Lucien.Sanchez@justice.gouv.fr

avant le 30 avril 2015.

Coordinateurs du numéro

  • Pierre Gaume, membre du comité de rédaction de la revue Histoire pénitentiaire, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
  • Jean-Lucien Sanchez, membre du comité de rédaction de la revue Histoire pénitentiaire, Direction de l’administration pénitentiaire.
  • Sophie Victorien, membre du comité de rédaction de la revue Histoire pénitentiaire, CNRS (Centre Alexandre Koyré).

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