Appel à publication : revue « Bozzetto » (numéro consacré au « déjà-vu »)

En mangeant une madeleine, Swann se retrouve d’un seul coup submerger par ses propres souvenirs. C’est effectivement le goût de ce biscuit trempé dans du thé qui réveille en lui des souvenirs d’enfance faits d’images, de bruits et d’odeurs. Ce passage apparaît dans le septième tome du roman A la recherche du temps perdu. Il met en exergue la thématique des souvenirs volontaires et involontaires, chère à son auteur, Marcel Proust pour qui la vie n’a lieu, en fin de compte, que dans notre mémoire. Le philosophe Henri Bergson se consacre, quant à lui, au caractère erroné de la perception d’un souvenir du présent apparaissant lors d’un « Déjà-vu ». Pour lui, la virtualité du souvenir et l’actualité de la perception se constitue d’un seul et même fait: l’instant actuel étant perçu comme « du passé quant à la forme et du présent quant à la matière. C’est un souvenir du présent. » (1)

Le fonctionnement non seulement individuel, mais aussi collectif de notre mémoire, devient palpable devant le souvenir des faits historiques. Il le devient encore plus lorsque ces événements sont mis en scène en particulier dans des Reenactments – une pratique culturelle, qui a aussi trouvé, petit à petit, les scènes du théâtre. A travers une répétition de l’histoire, la mémoire sociale est activée, voir même, renouvelée. Dans l’art et la littérature, nous rencontrons également de tels mécanismes de répétition et notamment dans la méthode de l’herméneutique, où la lecture d’un texte sera réitérée de manière circulaire. La lecture toujours nouvelle d’un même texte aboutira, malgré ou précisément à cause de son caractère récurant, à plusieurs interprétations différentes. Opposer a cela sur le plan narratif, les différences entre les personnages et leurs doubles doivent, quant à elles, sembler aussi minimales que possible. C’est, en effet, grâce au caractère indiscernable du double de l’héroïne de Vertigo – reconnaissable en tant que tel ni par les protagonistes et ni par les spectateurs – que ce film d’Alfred Hitchcock fonctionne aussi bien.

Le Déjà-vu peut donc aussi bien être une méthode qu’un thème dans l’art, la littérature ou l’architecture. Comment, dans ces domaines artistiques, des phénomènes évidents ou cachés de la duplication et de la répétition sont-ils exprimés? Comment sont-ils reconstitués ou produit visuellement, de manière rhétorique ou figurative ? Et enfin, comment sont-ils perçus par les lecteurs ou les spectateurs d’une œuvre d’art ?

Nous sollicitons l’envoi de texte répondant à ces questions et touchant les domaines de l’histoire de l’art, de la science de l’image, de l’analyse de la culture, de la performance théâtrale et du film. Les contributions (au format Word) peuvent avoir un caractère scientifique, essayiste ou critique. Essais et critiques ne peuvent dépasser plus de 3000 à 3500 caractères (espaces compris). Les articles scientifiques peuvent contenir, quant à eux, 7500 caractères au maximum.

Les contributions sont à envoyer à la rédaction jusqu’au 17 juillet 2012, à:
redaktion@bozzetto.ch
www.bozzetto.ch

Au plaisir de vous lire !

 

(1) Henri Bergson, L’Energie spirituelle, Felix Alcan, 1919

Bozzetto – Zeitschrift für Kunst und Kultur

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