Appel à publication (revue « Contours ») : « Qu’est-ce que la recherche en architecture ? »

Capture d’écran 2014-11-03 à 22.47.54Pour ce premier numéro, la revue Contour pose à un public plus large une de ses questions centrales : Qu’est-ce que la recherche en architecture ? A-t-elle des méthodes et des outils de recherches spécifiques ou ne fait-elle qu’emprunter à d’autres domaines sans avoir sa propre tradition ? Peut-on même espérer définir un champ de recherche commun parmi les architectes qui font de la recherche et les chercheurs d’autres disciplines qui s’intéressent au milieu construit ? La nature de nos recherches est-elle centripète ou bien nous écarte-t-elle au lieu de nous rapprocher ?

Centre ou périphérie ?

Bien que l’architecture soit un domaine considéré comme bien établi dans la pratique professionnelle, elle le semble bien moins dans la recherche, où son centre, ses fondements épistémologiques entres autres, demeure instable et fait l’objet de redéfinitions et de polémiques constantes. Aujourd’hui, l’idée dominante de la recherche scientifique et académique semble parfois étrangère à la manière à laquelle l’architecture appréhende, s’approprie et agit sur notre milieu de vie.  La tendance chez les architectes-chercheurs de s’orienter vers des traditions en sciences sociales ou naturelles témoigne de l’hétérogénéité d’approches, mais aussi d’une potentielle fragmentation de discours. La nature synthétique et projective de l’architecture ne se retrouve pas facilement dans le langage et les méthodes de la recherche scientifique. En effet, on prétend parfois que l’architecture ne fait pas vraiment de la recherche. Cette mise en doute d’une certaine légitimité scientifique est appuyée par l’absence présumée de méthodes d’investigation et de critères de validation qui seraient propres à l’architecture, d’autant plus qu’elle ne communique pas ses connaissances dans des revues scientifiques avec comité de relecteurs selon les standards les plus élevés des « sciences ».

Et pourtant nous savons bien que nous nous engageons dans une pratique constante de recherche et de réflexion, que ce soit pour mieux comprendre ou pour mieux agir sur notre milieu de vie. Alors que nous réinterrogeons les pratiques au cœur de l’architecture, il est temps de se questionner sur l’acte de penser, concevoir et construire notre environnement humain. Qu’est-ce que la recherche enpour et à travers l’architecture offre à la communauté scientifique ? Comment peut-elle être conçue comme allant même au-delà de l’Architecture (avec le grand A), et trouver une harmonie entre sa propre façon de voir le monde et celle des autres disciplines des sciences sociales et naturelles ?

Dans son numéro inaugural, le comité éditorial a commencé à explorer ces questions. Les résultats étant – bienheureusement –tout sauf exhaustifs et consensuels, notre appel vise à les augmenter par des contributions qui abordent une ou plusieurs des problématiques suivantes :

  • L’architecture se voit comme étant autonome (appartenant ni aux sciences sociales ni aux sciences naturelles), mais en quoi l’architecture, lorsqu’elle se penche sur l’actuel plutôt que le potentiel, risque de se perdre dans les multiples traditions proposées par les autres disciplines? Peut-elle véritablement s’en détacher ?
  • La recherche se communique de façon textuelle dans une seule et unique langue afin de pouvoir être produite et reproduite sans la présence du chercheur. Si une image peut être bien plus riche que des mots, peut-elle pour autant s’en passer, être autonome et connaitre sa propre valeur scientifique? Dans un monde multimédia en pleine expansion, quel est de nos jours notre public et par quels moyens de communication peut-on l’atteindre?
  • La recherche en architecture ne contribuerait en rien à la (re)production et à l’expérience quotidienne de l’environnement construit. Comment peut-on être pertinent pour la théorie ET la pratique? Cette pertinence est-elle nécessaire ?
  • Notre milieu de vie est plus grand que la somme de ses parties, mais comment peut-on délimiter l’objet de notre recherche sans exclure des aspects essentiels et sans se faire dépasser par un nombre ingérable de dimensions ? D’autres disciplines adoptent une façon particulière de regarder le monde. Pouvons-nous affirmer le même postulat et ainsi invoquer un même paradigme commun ? Quelle vision du monde adoptons-nous et dans quelle mesure le véhiculons-nous ?

Conditions de soumission

Pour cet appel, nous acceptons deux formes de contribution :

  • Résumé non-textuel : Une image, un diagramme, un enregistrement sonore ou une vidéo (10 secondes seulement) avec une note d’une phrase.  Si la proposition est retenue, le contributeur soumettra un texte de 500 mots qui vise à compléter (au lieu de simplement décrire) la soumission non-textuelle.
  • Résumé textuel (300 mots) : Si la proposition est retenue, le contributeur soumettra un article (3000 à 5000 mots) et, au choix de l’auteur, du matériel non-textuel comme une image, un dessin, une carte, un diagramme, une vidéo ou un enregistrement sonore.

Les contributions seront étudiées selon notre processus de relecture et publiées sur notre site web (contour.epfl.ch). Une sélection des contributions seront incluses dans un éventuel numéro imprimé. Pour plus de précisions concernant les conditions de soumission, surtout pour la qualité des fichiers numériques, visiter notre site web sous le menu « Formats et conditions ».

Les contributions proposées doivent être envoyées en anglais ou en français aucontour@epfl.ch

avant le 1er décembre 2014.

Une décision concernant les soumissions sera communiquée aux auteurs au plus tard le 15 janvier.

Nous demandons aux personnes qui soumettent d’évaluer leur contribution selon les échelles suivantes :

Fondamentale/théorique (1) à Appliquée/pratique (5)
Spécialisée/Disciplinaire (1) à Transdisciplinaire (5)

Le journal Contour, une initiative récente des doctorants en Architecture et en Sciences de la ville (EDAR) à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse, lance un appel à contributions pour son premier numéro officiel qui traite la question : « Qu’est-ce que la recherche en architecture? » Autant dans le comité éditorial qu’au sein de la communauté des doctorants à l’EDAR ici à l’EPFL (qu’ils proviennent de l’architecture, de l’urbanisme et d’autres disciplines des sciences sociales et naturelles), cette question se pose peut-être à vous aussi et nous nous intéressons à la façon dont les chercheurs (qu’ils soient doctorants ou professeurs) pensent et tentent de répondre à cette question à travers leurs propres activités de recherche.

Plus d’informations sur l’appel sont disponibles ici : http://contour.epfl.ch/fr/what-is-research-in-architecture-2/

Pour en savoir plus sur le journal Contour http://contour.epfl.ch

Modalités d’évaluation

Les propositions de cet appel contribution à la revue Contour consacré à la recherche en architecture seront évaluées par les rédacteurs en chef de la revue, tous issus de et soutenus par programme doctoral d’Architecture et de Sciences de la ville (ÉDAR) de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (ÉPFL), à savoir: Sytse de Maat, Michael Doyle, Shin Koseki, Carole Lanoix, Mathieu Mercuriali, Dario Negueruela, Siobhan Rockcastle, Selena Savic et Alexandra Thorer.

  • Sytse de Maat est assistant-doctorant en architecture au laboratoire ACM, Archives de la construction moderne à l’ÉPFL. Il travaille sur les relations individu-milieu dans la construction de quartier informel et le rôle du bâtiment qui rentre en symbiose avec ses habitants.
  • Michael Doyle est assistant-doctorant en architecture au laboratoire LEURE, Laboratoire d’économie urbaine et de l’environnement à l’ÉPFL et dans le cadre du projet de recherche Deep City, entreprend une évaluation du potentiel souterrain du territoire urbain dans ses dimensions spatiales et en terme d’ambiances.
  • Shin Koseki est assistant-doctorant auprès du laboratoire Alice, Atelier de conception de l’espace à l’ÉPFL et s’intéresse à la cohabitation en milieu urbain et aux dimensions éthiques de la ville.
  • Carole Lanoix est assistante-doctorante au laboratoire Chôros (LAC) de l’ÉPFL et travaille sur les alternatives cartographiques dans des contextes urbains denses pour mieux définir les termes de l’urbanité dans l’espace public.
  • Mathieu Mercuriali est assistant-doctorant en architecture au LAMU (Laboratoire d’Architecture et Mobilité Urbaine) à l’ÉPFL. Parallèlement à une pratique en professionnelle en architecture, il aborde les thématiques de la complexité à grande échelle dans les projets d’architecture.
  • Dario Negueruela est assistant-doctorant au laboratoire Alice, Atelier de conception de l’espace à l’ÉPFL et travaille sur les relations dynamiques entre environnement urbain et société, que ce soit sur les émotions collectives ou leurs capacités d’action.
  • Siobhan Rockcastle est assistance-doctorante en architecture au Laboratoire interdisciplinaire de performance intégrée au projet (LIPID) à l’ÉPFL et développe de nouvelles manières de mesurer les impacts perceptifs de la lumière du jour en architecture.
  • Selena Savic est assistante-doctorante et designer multimédia au SINLAB (Laboratoire de Design et média) de l’ÉPFL et s’intéresse à l’architecture invisible, à savoir l’impact des communications sans-fil dans l’expérience de l’espace et dans la relation à l’environnement.
  • Alexandra Thorer est assistante-doctorante au laboratoire LASUR, Laboratoire de sociologie urbaine à l’ÉPFL et travaille sur le développement urbain et les dynamiques de mobilité des hubs de transport.

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