Colloque : « L’art roman, et après ? » (Issoire, 14-15 oct. 2022)

Colloque : « L’art roman, et après ? » (30e colloque international d’art roman d’Issoire, 14-15 oct. 2022)

Argumentaire

En 1995, le 5e Colloque international d’art roman d’Issoire avait démontré que « l’Art roman », en tant que catégorie intellectuelle, est très largement une invention du XIXe siècle. Cette dernière est née dans le cadre d’un paradigme évolutionniste et téléologique de l’histoire de l’art et des sciences, mettant en scène la succession de grandes périodes artistiques conçues comme autant d’étapes du « progrès » dans le domaine de l’art. Dans cette perspective, largement fondée sur l’idée d’évolution formelle et technique, voire de mode, chaque grand mouvement succède au précédent par des ruptures cycliques : l’art gothique remplace l’art roman, puis la Renaissance, etc. Tout au plus pouvait-on admettre qu’une époque donnée se soit inspirée de l’Antiquité ou qu’elle en ait remployé des éléments, ce qui a conduit à formaliser une succession des renaissances (du XVIe siècle, du XVe, du XIIe, la renovatio carolingienne…).
Progressivement mises en œuvre à partir de la fin du XXe siècle, des interrogations approfondies sur la notion de remploi, tant en histoire de l’art qu’en histoire, tout comme sur les phénomènes de collection (Pomian), ont conduit à remettre en cause le paradigme décrit précédemment. On est désormais beaucoup plus attentif à l’idée de transmission des œuvres et à la succession des significations qu’elles ont pu recevoir au fil du temps.

C’est à ce mouvement que le prochain colloque d’art roman d’Issoire entend prendre sa part. Non pour interroger la façon dont les gens des Xe-XIIe siècles géraient les produits qu’ils avaient hérités du passé, question qui a déjà donné lieu à de nombreux travaux très riches, mais pour mettre au cœur de notre questionnement ce que sont devenues les productions culturelles dites « romanes » (l’étiquetage demeure commode) au cours des siècles suivants, c’est-à-dire dès les derniers siècles du Moyen Âge et au cours d’une période moderne étendue jusqu’au début du XIXe siècle, la façon dont elles ont été considérées, l’influence qu’elles ont pu exercer, la manière dont elles ont pu servir de sources d’inspiration.

La survivance même, voire la réapparition ou reprise plus ou moins volontariste, d’un certain nombre de ces productions, dans des sociétés qui ignoraient largement le fétichisme patrimonial, suppose qu’elles aient reçu, à intervalles réguliers, de nouveaux usages ou de nouvelles significations qui leur donnaient du sens pour les générations successives. On l’aura compris, il sera moins question ici de l’invention de l’art roman par les antiquaires et archéologues du XIXe siècle que d’examiner les phénomènes de réception et d’appropriation des modèles « romans » ainsi que les phénomènes de « revival » ‒ recherchés ou non ‒ avant le XIXe siècle, à travers l’étude de cas concrets. Il faut également prendre en compte les phénomènes de maintien plus ou moins long de l’art roman dans certaines régions (Italie et Espagne, Alpes, par exemple et sans exhaustivité), qui interrogent en conséquence les modalités et la chronologie du passage à l’art dit gothique. Les évolutions ne sont pas linéaires et il serait intéressant de pouvoir étudier l’influence qu’ont pu avoir certains modèles romans sur les artistes de la première Renaissance italienne ou encore les architectes de l’époque moderne. Ce sont ces processus qui seront au cœur de nos échanges, visant ainsi à éclairer l’histoire des artefacts romans et la notion de « style roman » dans la longue durée. L’ensemble doit permettre de questionner à nouveaux frais la notion même d’art roman et sa pertinence.

 

Programme

Les horaires, les ordres de passage et les titres peuvent être sujets à modification 

Vendredi 14 octobre 2022 

13h45 Accueil des participants
14h15 Allocution des élus

14h30 Introduction : Sébastien FRAY (CNRS, IRHIM). 

Première session : du roman au gothique ? 

15h00 Bénédicte FILLION-BRAGUET (associée au CESCM)
Des sculptures romanes sous des voûtes gothiques – une question de contexte ? 

15h30 Giorgio MILANESI (Università di Parma, DUSIC)
Nouveautés romanes à l’époque gothique. Les absides à mâchicoulis dans la vallée du Pô vers 1200. 

16h00 Discussion et pause 

16h30 Dominique ALLIOS (Univ. Rennes 2, CreAAH-LAHM) et Barbara DELAMARRE (associée au CreAAH-LAHM).
Une confusion de style et de temps : une écriture romane 

17h30 Discussion

 

Samedi 17 octobre 2020 

9h00 Accueil des participants 

9h15 Géraldine MALLET (Univ. Paul-Valéry Montpellier 3, CEMM).
Quand l’art roman persiste : la sculpture en Roussillon (2e moitié du XIIIe – début du XIVe siècle).

Deuxième session : l’art roman dans la longue durée

9h45 Nicolas P. BAPTISTE, (Université de Savoie, LLSETI).
« Fortune et reliques du guerrier roman dans les collections ». À propos de la rémanence des armes romanes comme objets de Regalia. 

10h15 Discussion et pause

10h45 Anastasija ROPA (Latvian Academy of Sport Education, Department of Management and Communication Science).
Legacies of Romanesque Artistic Motifs in Medieval and Post-Medieval Eastern Christian Art and Architecture. 

11h15 Martine JULLIAN (Maître de conférences honoraire, Université Grenoble Alpes).
Le portail royal de Chartres. Enquête sur quelques étrangetés anachroniques. 

11h45 Discussion et pause déjeuner 

Troisième session : l’art roman et les Temps modernes 

14h30 Annie REGOND (École de Chaillot).
L’art roman et la Renaissance. 

15h00 Christian GENSBEITEL (Université Bordeaux Montaigne, IRAMAT) et Éric SPARHUBERT (Université de Limoges, CRIHAM)
Restaurer et interpréter l’art roman en Aquitaine à la Période moderne. 

15h30 Discussion et pause 

16h00 Sylvain CHARDONNET (Université de Montpellier, CEMM)
La sculpture romane au sein de l’architecture vernaculaire moderne. Repenser le remploi en Auvergne et Limousin, XVIIIe-XIXe siècles. 

16h30 Jacqueline LECLERCQ-MARX (Professeur honoraire Université Libre de Bruxelles)
Quand un (futur) éditeur de Bestiaires médiévaux épaule un restaurateur de vitrail. Le cas de la verrière de la Crucifixion (c. 1190), de l’ancienne abbatiale Saint-Pierre d’Orbais (Marne). 

17h00 Discussion et pause 

17h30 Conclusions : Pierre-Alain MARIAUX (Université de Neuchâtel) 

18h Actualités de la recherche en Auvergne 

 

Informations pratiques

Le Strapotin, Médiathèque René-Char, Parvis Raoul Ollier, 63500 Issoire

 

Source : Sébastien Fray

Leave a Reply