Colloque :  » Les apories de L’Art total / Artiste, sociéte, temporalités »

La dichotomie qui caractérise la recherche en histoire de l’art dans son ensemble entre ceux qui privilégient le « capital » idéologique de l’art et ceux qui explorent son potentiel formel, n’a pas laissé indemne l’art total. Bien sûr, les deux approches peuvent se retrouver dans la généalogie esthétique de la question – le romantisme et le symbolisme notamment – ou, parfois, son apanage philosophique. Aucune de deux ne néglige non plus cette pierre angulaire qu’a été le Gesamtkunstwerk wagnérien. Sans vouloir trouver le « juste milieu » entre ces deux approches, ce colloque a plutôt l’ambition de les mettre en tension, pour montrer leurs équivalences ou, au contraire, les insuffisances mutuelles. Poser la question des « temporalités » de l’art total répond, en quelque sorte, à cette ambition.

La conjonction des arts est loin de se limiter à la modernité et traverse toutes les époques historiques et, probablement, les aires géographiques. Pour autant, la formulation du projet de sa « restauration » coïncide bel et bien avec l’acte de naissance de l’art
total et survient, en tant que tel, à l’ère moderne : concevoir et réaliser un Art qui puisse réunir les arts ; un Art qui sache réunir
les hommes. Le projet d’un art total serait donc, dès l’origine, fondé sur un manque, un défaut, une aporie. Issue des idéaux des Lumières, forgée dans le creuset du romantisme allemand, l’idée d’art total, revendiquée, refusée, occultée, voire refoulée, vit au coeur de l’inconscient esthétique de la modernité. Si Wagner lui donne son nom en 1849 (Gesamtkunstwerk), l’idée apparaît autour de 1800 et survit à la création de Bayreuth. L’union des arts et les collaboration artistiques ne suffisent toutefois pas à qualifier l’art total.
L’idéologie qui le sous-tend, celle d’une unité esthétique de l’art, d’une unité ontologique et politique de l’homme et de la communauté, celle, enfin, d’une histoire dotée de sens, méritent d’être interrogées dans leurs tensions et leurs apories.
Le colloque s’articulera autour de quelques moments clés de la modernité, du romantisme et du saint-simonisme à l’art contemporain, en passant par les avant-gardes.

Jeudi 15 décembre, Columbia Global Centers, Reid Hall, Grande Salle
13h30 : Ouverture par Antoinette Le Normand-Romain(INHA) et Philippe Dagen(HiCSA)
Introduction par Julie Ramos et Maria Stavrinaki.

Analogies-architecture-ornement
Modérateur : Maria Stavrinaki (Université de Paris 1)
14h Laurent Baridon(Université de Lyon 2) – Art « pivotal » et art  total : faillite de l’analogie
14h45 Pascal Rousseau (Université de Paris 1) – Polarité/Totalité. Le modèle (électro)magnétique et les dérives de l’art total
15h30 Spyros Papapetros(Princeton University, New Jersey) – Ornement et analogie : vers une théorie mineure de l’oeuvre d’art totale

16h15 pause

16h30 Katherine Kuenzli (Wesleyan College, Middeltown, Connecticut) – La naissance du musée d’art moderniste : Le musée Folkwang comme Gesamtkunstwerk
17h15 Carlos Chocarro Bujanda / Jorge Fernández-SantosOrtiz-Iribas(Université de Navarre et Université Jaume I de Castelló, Espagne) – L’Alhambra de Grenade, oeuvre d’art totale ?

18h débat avec la salle

Vendredi 16 décembre, INHA, salle Vasari
Artiste-société
Modérateur : Pierre Wat (Université de Paris 1)
9h Cordula Grewe (Columbia University, New York) – L’oeuvre d’art totale, métaphore et projet de construction
9h45 Estelle Thibault (École nationale d’Architecture Paris-Belleville) – « L’Évolution du Temple » selon Provensal, ou l’utopie d’un art synthétique au prisme de l’économie sociale
10h30 Juliet Koss (Scripps College, Claremont, Californie) – Futur parfait : La grammaire utopique des maquettes soviétiques

11h15 pause

11h30 Xavier Douroux (Consortium, Dijon) – Le paradoxe des Nouveaux commanditaires
12h15 Alexander Nagel (New York University, New York) – L’oeuvre d’art  totale : pas encore –déjà plus

13h pause déjeuner

Immersions
Modérateur : Giovanni Careri (EHESS, Paris)
14h30 Eric Michaud (EHESS, Paris) – Régression totale ? Le MLB d’Eisenstein
15h15 Jean-Claude Lebensztejn (Université de Paris 1) – Cinéma total (quelques documents)

16h00 pause

16h15 Nicola Pezolet (MIT School of Architecture, Cambridge/Université de Paris 1) – Giuseppe Gallizio et la synthèse des arts : entre utopie technologique et nostalgie préhistorique
17h Philippe Franck (Trancultures, Mons, Belgique) – « Alter Ars Numerica » ? Quelle création connectée/différenciée dans la société du spectacle globale ?

17h45 débat avec la salle
15 décembre 2011 :
Paris, Columbia Global Centers, Reid Hall
4, rue de Chevreuse
75006 Paris
Métro : Vavin

16-17 décembre 2011 :
Paris, INHA
2, rue Vivienne ou
6, rue des Petits-Champs
75002 Paris
Métro : Bourse/Palais Royal-Musée du Louvre

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