Conférence au Centre allemand d’histoire de l’art – DFK Paris : « Quand les robots (dé‑)construisent les mondes de l’art : portrait du robot en artiste » par Philippe Le Guern (Paris, mardi 10 mars 2020)

Conférence au Centre allemand d’histoire de l’art – DFK Paris : « Quand les robots (dé‑)construisent les mondes de l’art : portrait du robot en artiste » par Philippe Le Guern (Paris, mardi 10 mars 2020, 18h)

Conférence dans le cadre du programme du sujet annuel 2019/20 « Les arts et les nouveaux médias (XXe–XXIe siècle) »

Si la robotique en général a été principalement étudiée pour ses applications industrielles, l’émergence des robots et des artefacts (bot, algorithme, bras articulé, androïde, hologramme) dans le secteur artistique s’est intensifiée depuis les années 1990 : non seulement les robots ont été exposés pour leurs qualités plastiques, interrogeant l’avenir d’un art étroitement dépendant de la technologie, mais encore et surtout ont-ils occupé une place de plus en plus déterminante dans la production des œuvres et dans de nouveaux modes de relation au public. Qu’ils soient imaginés par des artistes ou conçus par des spécialistes de l’automation, ces robots peuvent être considérés comme de nouveaux opérateurs en art. En outre, en réaménageant les schémas perceptifs et émotionnels qui organisent traditionnellement les relations d’attachement du public à l’œuvre ou à l’artiste, ils jettent un trouble dans l’ontologie, dans la mesure où ils contribuent à importer dans l’esthétique le projet d’une « anthropologique symétrique » qui interroge le rapport d’altérité entre l’homme et la machine et la nature des collectifs hybrides que la robotique collaborative rend possible. Enfin, parce qu’ils dépendent d’algorithmes qui définissent leur périmètre d’action, les robots nous interrogent sur les règles formelles mises en jeu dans toute activité créative : des travaux tels ceux menés par David Cope avec son cyborg composer « Emily Howell », les poèmes générés par Google brain ou encore le tableau inédit « de » Rembrandt élaboré par un programme Microsoft mettent en jeu les conventions esthétiques, la grammaire formelle de l’activité créatrice et la question de savoir si un programme peut réellement innover en art, autrement dit s’il peut exister quelque chose comme un art robotique manifestement non-humain. En ce sens, les robots interrogent les tropes de toute activité artistique et leur nature socialement construite, qu’il s’agisse du travail créatif, de la figure de l’artiste, des canons esthétiques et des conventions propres aux mondes de l’art, de la nature des œuvres, de leur valeur sur le marché de l’art, ou encore de leur réception par les publics.
A partir d’exemples de robots créateurs, nous nous demanderons de quelle manière ceux-ci prennent place dans la (dé-)construction sociale des mondes de l’art.
Philippe Le Guern est Professeur en théorie des arts et anthropologie des mondes contemporains à l’Université Rennes 2. Il est chercheur associé au CRAL-EHESS et à l’OICRM, Faculté de musique, Université de Montréal. Ses thèmes de recherche portent sur l’innovation technique dans le champ culturel et artistique, et plus particulièrement sur le virage numérique, les robots et l’intelligence artificielle.

Entrée libre

DFK Paris, 45, rue des Petits-Champs. Salle Meier-Graefe.

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