Conférence du GRHAM : « Jacques-Louis David dessinateur : une approche comparative de sa pratique » par Philippe Bordes (12 décembre 2019, Paris)

Conférence du GRHAM : « Jacques-Louis David dessinateur : une approche comparative de sa pratique » par Philippe Bordes (12 décembre 2019, Paris)

Type : Conférence (entrée libre).
Date et horaire : jeudi 12 décembre 2019 à 19h.
Lieu : Paris, Institut National d’Histoire de l’Art, salle Jullian.
Pour tout renseignement : asso.grham@gmail.com

L’intervention soumettra à la discussion des réflexions en vue d’un essai commandé pour le catalogue de l’exposition des dessins de Jacques-Louis David qui sera présentée au Metropolitan Museum of Art de New York en 2021 et dont le commissariat est assuré par Perrin Stein, conservateur au département des dessins et des estampes.

La pratique du dessin par Jacques-Louis David traduit d’abord des prédilections personnelles et la logique interne de sa carrière et de ses ambitions artistiques. Bien qu’un tel « self-fashioning » s’applique généralement quand l’histoire de l’art se confronte à des artistes majeurs, dans ce cas le processus devient moins facile à cerner en raison de l’instabilité déroutante du contexte social et politique de la Révolution à la Restauration et de l’effondrement des protections et institutions qui sous l’Ancien Régime structuraient la pratique artistique. A différents moments, David décida de sortir des murs de l’atelier pour participer aux changements dans le monde qui l’entourait. Cela l’entraîna à jouer un premier rôle sur le théâtre de la politique républicaine et à se lancer dans des opérations commerciales d’enseignement et d’exposition afin d’assurer son indépendance financière. Cette ouverture d’esprit, cette adaptation aux circonstances qui le caractérise, aident à comprendre pourquoi il se montra attentif et réceptif aux pratiques artistiques qui se sont diversifiées grâce aux mesures révolutionnaires. A propos des débuts de David, il n’est pas exagéré de parler de stratégie dans l’ambition qu’il manifeste de rivaliser avec Peyron, Suvée, Vincent et Regnault. Par la suite, il trouva des incitations à se renouveler dans l’exemple de ses élèves qui rompirent avec sa manière et qui à l’instar de Girodet, Gros et Ingres paraissaient assurer la relève de l’école française. Il refusa cependant de suivre certaines modes qui pourtant remportaient du succès auprès d’un nouveau public.

Sans négliger les dynamiques internes, ce sont ces interactions externes, présentes tout au long de la longue carrière de David, qui seront au cœur de cette intervention concentrée sur sa pratique du dessin. La documentation exhaustive dont bénéficient aujourd’hui les corpus graphiques de ses contemporains et de ses principaux élèves facilite les comparaisons et les rapprochements. Au-delà d’un rappel du statut et des fonctions qu’il attribue au dessin, il faut tenter de préciser les pratiques qu’il partage avec ses contemporains, celles qu’il écarte et celles qui lui sont propres, un positionnement à plusieurs facettes qui pourrait définir son identité de dessinateur.

Philippe Bordes, directeur-fondateur du Musée de la Révolution française à Vizille (1984-1996), est professeur émérite d’histoire de l’art à l’université Lumière-Lyon 2. Sur l’art de David, il a publié Le Serment du Jeu de Paume de Jacques-Louis David. Le peintre, son milieu et son temps de 1789 à 1792 (1983) et Jacques-Louis David. Empire to Exile (2005), ainsi qu’une vingtaine d’articles. Il prépare une édition critique des lettres et des discours de l’artiste.

 

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