Dès l’Antiquité, puis de la Renaissance à nos jours, les grottes constituent un topos incontournable dans la création des jardins, soumis à d’infinies variations de formes, au gré des changements de mode, de l’excentricité des mécènes et de la fantaisie des concepteurs. Ces étranges monuments furent aménagés par milliers au cours des cinq derniers siècles, du Portugal à la Russie, de la Suède à l’Espagne, selon des échelles extraordinairement variées allant de la simple niche abritant une petite fontaine à l’immense chaos naturel transformé en paysage sublime. Beaucoup ont disparu, en raison de l’extrême fragilité de ces décors précieux, mais d’admirables réalisations témoignent encore d’un engouement jamais démenti, notamment en Allemagne, en France, en Italie ou au Royaume-Uni.
Si le jardin opère comme microcosme, la grotte constitue à son tour un monde en réduction, une cristallisation de l’imaginaire s’incarnant dans des formes sensibles qui transposent la réalité des lieux, accumulent une immense variété de matériaux et poussent le vocabulaire ornemental à son paroxysme, qu’il relève du rustique, de la grotesque ou encore de la rocaille. Un ouvrage de recherche en cours d’achèvement se propose de déployer leurs multiples facettes à travers une série de catégories littéraires, esthétiques ou anthropologiques, qui permettent d’évoquer leur arrière-plan à la fois artistique, scientifique, technique, religieux ou encore philosophique et de rendre compte de la poétique profonde des éléments et des émotions à l’œuvre dans la grotte.
Hervé Brunon et Monique Mosser dispenseront leur conférence, « Écrire une poétique de la grotte dans l’imaginaire des jardins européens », dans le cadre des Rencontres du Centre André Chastel organisées par par Jérémie Koering (CNRS) et Emmanuel Lurin (Université Paris-Sorbonne).
18h00, salle Ingres, 2e étage, entrée libre
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