L’Histoire des choses banales est en 1997 le résultat d’un double mouvement de recherches. Personnel, il est à replacer dans une réflexion commencée avec le Peuple de Paris en 1981, qui s’efforce de redonner vie à l’Histoire sociale urbaine. Collectif, c’est un moyen de contribuer à l’Histoire économique délaissée en partie dans le champ français et de collaborer aux interrogations qui mobilisent les historiens européens (J.-C. Perrot, E. Ferrone, J. Brewer, par exemple) sur la compréhension de la naissance des économies de consommation et de commercialisation dominantes. Notre culture a définitivement banalisé l’objet et oublié ce que pouvait être son rôle dans les cultures de la rareté. Pour l’historien, il s’agit de comprendre autrement la relation entre ce qui est produit et ce qui est consommé dans un monde où les objets, expression d’une culture matérielle et de contrainte spécifique, permettent d’interroger structures et infrastructures, réalités et représentations, systèmes symboliques et intellectuels.
Il fallait alors rompre avec les habituelles approches par l’idée de Vie quotidienne et retrouver à partir des objets une pratique ordinaire, dans les relations d’usage et d’échange, en sachant que la consommation n’épuise pas l’histoire des objets. Elle en autorise l’interrogation anthropologique et permet de faire intervenir le rapport de l’Histoire et des Sciences sociales.
Pour une présentation brève, on pourra retenir des exemples de lieux et de fonctions qui illustrent au XVIIIe siècle cette première et décisive capacité au changement, et la logique de l’ensemble historique original que constitue l’apparition dans les sociétés que nous pouvons encore appeler traditionnelles d’une nouvelle relation aux choses.
Daniel Roche
Daniel ROCHE est Professeur honoraire au Collège de France (1998-2005), où il occupait la Chaire d’Histoire de la France des Lumières. Il a également été Professeur à l’Université Paris I-Sorbonne, Directeur d’études à l’EHESS, Directeur de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine. Il est l’auteur de très nombreux textes dont : Le peuple de Paris, la culture populaire au XVIIIe siècle, Aubier-Montaigne, 1981 ; Fayard, 1998 ; La culture des apparences. Une histoire de vêtement, XVII-XVIIIe siècles, Fayard, 1989 ; La France des Lumières, Fayard, 1993 ; Histoire des choses banales. Naissance de la consommation, XVII-XIXe siècles, Fayard, 1997 ; La Ville promise. Mobilité et accueil à Paris, fin XVIIe-début XIX e siècles, Fayard, 2000 ; Humeurs vagabondes. De la circulation des hommes et de l’utilité des voyages, Fayard, 2003 ; La culture équestre de l’Occident XVIe-XIXe siècles, L’Ombre du cheval, t.1, Fayard, 2008 ; Histoire de la culture équestre XVIe-XIXe siècles, La gloire et la puissance, t. 2, Fayard, 2011.
Conférence dispensée dans le cadre du séminaire Arts & sociétés.
1er avril 2015, 17h-19h
Centre d’histoire de Sciences Po
Salle du Traité
56 rue Jacob
75006 Paris
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