Artistes femmes au musée ? Regards actuels
Cycle de 5 conférences à l’auditorium du Musée du Louvre, suivies de débats, du 24 janvier au 9 avril 2014, 19h
En 1971, l’historienne de l’art américaine Linda Nochlin formulait dans la revue Artnews la célèbre critique : « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grandes artistes femmes ? » Depuis lors, les institutions et collections patrimoniales se sont ponctuellement essayées à mettre en lumière des modèles féminins d’identification, de généalogies et de filiations artistiques. En 1976, Linda Nochlin, en collaboration Ann Sutherland, présentait sur ce point une exposition pionnière, « Women Artists, 1550-1950 » (New York, Toronto, Los Angeles, 1976), qui tentait de cerner un héritage matériel et culturel spécifique. Non sans débats, cette exposition a favorisé un champ historiographique dédié à l’étude des œuvres de création féminine. Les Feminist Studies et les Women Studies se sont étendues au domaine des arts visuels, encourageant une critique interne des valeurs et des méthodes mêmes de l’histoire de l’art et pointant le conditionnement culturel qui a marqué l’histoire des collections et des politiques muséales. Dès les années 1990, le musée du Louvre s’était fait l’écho de ces débats en donnant une large place à l’histoire de l’art féministe dans le cycle de conférences « Où en est l’interprétation de l’œuvre d’art ? », publié en collaboration avec l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (1998-2000).
Quelle est aujourd’hui l’actualité de ce sujet ? Plusieurs expositions récentes indiquent une évolution de la culture muséale et invitent à reformuler l’attention portée à la production des artistes femmes au cours de la période 1600-1900 – qui reste la mieux étudiée avant le XXe siècle. Parmi elles, l’exposition « Royalists to Romantics : Women Artists from the Louvre, Versailles, and Other French National Collections » (Washington, National Museum of Women in the Arts, 2012) comporte plusieurs prêts importants du Louvre. En France, « Marie d’Orléans, 1813-1839 : Princesse et artiste romantique » (musée du Louvre, 2008), « Le ciseau et le pinceau. François et Sophie Rude, un couple d’artistes au XIXe siècle » (Dijon, musée des Beaux-Arts, 2012) et « Félicie de Fauveau. L’amazone de la sculpture » (Paris, musée d’Orsay 2013), ainsi qu’une importante rétrospective de l’œuvre d’Élisabeth Vigée-Lebrun en préparation (Paris, Grand Palais, 2015), témoignent du souci de faire progresser l’expertise et l’outillage critique sur des figures souvent peu visibles dans la présentation des collections publiques.
En partenariat avec l’INHA et l’Université Paris Est Marne-La-Vallée, le présent cycle de conférences s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche autour des collections du Louvre. Ce chantier scientifique accueille les études internationales les plus actuelles dans le domaine du genre en histoire de l’art, et invite le public, à travers des approches interprétatives variées, à découvrir l’importance et la singularité de ces œuvres. Parallèlement au séminaire que le musée co-organise avec l’Institut national d’Histoire de l’art et l’Université Paris Est Marne-La-Vallée, « Que font les études de genre à l’histoire de l’art ? », cinq historiennes invitées ouvrent le débat à l’auditorium du Louvre. La première est l’historienne de l’art britannique Griselda Pollock, dont l’ouvrage pionnier (co-écrit avec Rozsika Parker en 1981, Old Mistresses. Women, Art and Ideology, est réédité cette année (Londres, I. B. Tauris). C’est dans le prolongement de ses réflexions, appelant au dépassement du « stéréotype féminin » en matière d’art, que se situe ce programme.
Programme des conférences :
– Vendredi 24 janvier 2014 à 19h : Le Musée à moitié vide : vision, invisibilité et inscription de la différence parmi les « vieilles maîtresses » de l’art, par Griselda Pollock, University of Leeds
– Vendredi 14 février 2014 à 19h : Une relecture critique de Judith et autres héroïnes de l’art Baroque, par Bettina Uppenkamp, Humboldt Universität, Berlin
– Mercredi 5 mars 2014 à 19h : Constance Mayer : la mythologie, l’historiographie et le féminisme, par Abigail Solomon-Godeau, University of California Santa Barbara
– Vendredi 21 mars 2014 à 19h : Adelaïde Labille-Guiard et le Louvre : échanges, exclusions, inscriptions, par Laura Auricchio, Parson The New School for Design, New York
– Mercredi 9 avril 2014 à 19h : La création d’une identité imaginée dans la France postrévolutionnaire, par Susan Siegfried, University of Michigan, Ann Arbor
Programme plus détaillé des conférences sur le site du musée du Louvre
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