Journée d’étude : « La guerre au Moyen Âge. Histoire, archéologie, iconographie »

Jeunes chercheurs (ENS, ENSSIB) et enseignants chercheurs (CPGE) se réunissent autour d’un thème lié aux concours de l’ENS et de l’Agrégation 2013 : la guerre au Moyen Age, plus particulièrement aux XIVe-XVe siècles. Cette rencontre est conçue dans une perspective d’ouverture à la diversité des sources historiques (textuelles, iconographiques et archéologiques).

Programme

Histoire

David Fiasson : Le Mont-Saint-Michel pendant la guerre de Cent Ans

L’abbaye du Mont-Saint-Michel est, au XIVe siècle, un des plus hauts lieux de pèlerinage de la Chrétienté. Confrontée à la guerre au pied de ses remparts, à la peste, à la crise économique et au schisme d’Occident, elle traverse des temps difficiles, mais conserve un prestige assez grand pour attirer les foules. Protégée par les rois de France, mais possessionnée en Angleterre, elle est, à son échelle, tiraillée entre ses inclusions féodales et l’affirmation de souverainetés nationales exclusives. Bien sûr, le Mont est aussi un point stratégique et symbolique disputé entre les belligérants : les Anglais y mirent le siège pendant trente ans, sans parvenir à s’emparer de ce bastion armagnac dans une Normandie anglo-bourguignonne. Autant dire que le Mont-Saint-Michel est un laboratoire passionnant pour analyser, très concrètement, la vie religieuse, les déchirements féodaux et politiques et les problèmes militaires d’une abbaye et d’une forteresse au temps de la guerre de Cent Ans.

Ancien élève du lycée Claude-Fauriel, David Fiasson est agrégé d’histoire et élève de l’École Normale Supérieure de Lyon. Il consacre actuellement son mémoire de M2 à l’étude du Mont-Saint-Michel pendant la guerre de Cent Ans. Contact : david.fiasson@ens-lyon.fr.

Fabien Paquet : Doublement royaux. Les abbés normands face à la guerre de Cent Ans

A quel roi prêter serment ? Les abbés de Normandie furent bien souvent amenés à se poser la question pendant la guerre de Cent Ans. Depuis le XIe siècle, ces hommes influents avaient des possessions en Normandie, en Angleterre et en France. Si la conquête de 1204 avait plutôt normalisé leur situation, en les attachant à la couronne de France, la guerre d’abord, puis, surtout, l’« installation » anglaise (à partir de 1415), les contraignirent à s’adapter pour conserver les droits et possessions de leurs monastères. Quelles furent leurs stratégies ? Quelle place prirent-ils dans la grande querelle pour la couronne de France ? Quelle politique les rois menèrent-ils à leur égard ? En s’appuyant surtout sur le cas de Fécamp, la communication ouvrira surtout des perspectives et cherchera à montrer l’intérêt du croisement des types de sources, et de la méthode prosopographique, pour une telle recherche.

Normalien, Fabien Paquet prépare une thèse d’histoire médiévale à l’École Normale Supérieure de Lyon, en collaboration avec le CRAHM (Caen). Ses travaux portent sur le pouvoir royal capétien, le monachisme et l’histoire de la Normandie. Il a publié « Un pouvoir d’abbé en acte(s) : Raoul d’Argences, abbé de Fécamp (1190-1219) »,Tabularia, « Études », n° 11, 2011, p. 49-79. Contact : fabien.paquet@ens-lyon.fr.

Archéologie

Giovanni Stranieri : L’archéologie de la violence et de la guerre. Les traces matérielles de la guerre dans le paysage et en fouille

Ce n’est pas la guerre en tant qu’événement – avec ses dates, ses protagonistes, leurs idéologies – que l’archéologie est le plus souvent en mesure d’éclairer, sa contribution portant plutôt sur les processus et les pratiques de la guerre et plus généralement de l’exercice collectif de la violence.

D’une part, l’archéologue travaille sur les structures propres à la guerre et à la défense : armements, fortifications, champs de bataille, etc. D’autre part, il peut être amené à identifier, souvent avec difficulté, les traces du passage de la guerre au cours de la fouille d’un site d’habitat, d’autant plus aisément quand celui-ci n’a pas été réoccupé par la suite. Au cours de cette présentation, ces différents cas de figure seront illustrés par des exemples tirés pour l’essentiel de chantiers d’archéologie antique et médiévale.

Or, à mesure que l’on s’approche de notre époque, l’exercice de l’exploration archéologique cesse de concerner les seuls spécialistes pour devenir un véritable enjeu de société, comme le montrent bien les débats farouches autour de l’archéologie de la Grande Guerre et encore plus des fouilles menées, avec les techniques de l’archéologie, sur les charniers et autres sites relatifs aux guerres de notre temps, que ce soit en Bosnie ou au Rwanda.

Agrégé d’italien, professeur en CPGE au lycée Claude-Fauriel, Giovanni Stranieri est doctorant et chercheur associé du Centre d’histoire et d’archéologie médiévales (CIHAM/ UMR 5648/ EHESS/ CNRS) de l’Université Lumière Lyon 2, où il travaille sur l’histoire et la civilisation de l’Italie médiévale et moderne. Contact : giovanni.stranieri@univ-lyon2.fr.

Iconographie

Franck Thenard-Duvivier : Saint Michel, pourfendeur de dragons et… d’Anglais ? XIVe-XVe siècles

L’iconographie de saint Michel est dominée, du Moyen Age au XIXe siècle, par son combat contre le dragon. Elle connaît un certain essor en Normandie au XIVe siècle, en lien avec le renouveau et la diffusion du culte de l’archange à partir du Mont-Saint-Michel, tandis que la guerre de Cent Ans accentue le caractère guerrier de ses représentations : le saint porte désormais tout ou partie de l’armure caractéristique de la fin du Moyen Age. En outre, il incarne le parfait chevalier : jeune, beau, fougueux ; ses traits se font plus juvéniles voire souriants, sa silhouette est élancée, sa chevelure bouclée.

Saint protecteur du royaume de France, l’archange est proche iconographiquement de saint Georges, chevalier non ailé et surtout patron de l’Angleterre. Aussi symbolise-t-il la résistance héroïque des défenseurs du Mont-Saint-Michel face aux Anglais en 1427. Cette rivalité, à la faveur de la guerre séculaire entre les deux nations, permet-elle pour autant de déceler les traits de l’ennemi héréditaire derrière le dragon désormais figuré en démon anthropomorphe ?

Agrégé et docteur en histoire, Franck Thénard-Duvivier est professeur en Première supérieure au lycée Claude-Fauriel et chercheur associé au GRHIS (Université de Rouen). Ses travaux portent sur l’histoire religieuse, l’histoire culturelle et l’iconographie médiévale. Il a notamment publié Images sculptées au seuil des cathédrales (PURH, 2012). Contact : prepahistoirefauriel@orange.fr.

Clarisse Dire : La ménagerie du duc Gian Galeazzo Visconti, du parchemin au parc de Pavie

Au tournant des XIVe et XVe siècles, les artistes lombards s’intéressent de plus en plus à la représentation de la vie quotidienne et aux scènes profanes, en tentant de renouveler les modèles iconographiques légués par la tradition médiévale. Les animaux profitent de cet intérêt pour l’observation de la nature, et leurs représentations gagnent en précision. Cette évolution se remarque à travers les manuscrits commandés par le duc de Milan Gian Galeazzo Visconti, dans lesquels les animaux occupent une place privilégiée. Certaines espèces « exotiques » reviennent fréquemment au fil des pages, notamment dans les œuvres de l’enlumineur Giovannino de’Grassi, un proche du duc. Gian Galeazzo, grand mécène et amateur de chasse, aménage un parc à côté de son château de Pavie, dans lequel il entretient toutes sortes d’animaux. À travers les œuvres réalisées par de’Grassi pour le duc, certaines particularités zoologiques relevées sur des images d’animaux « exotiques » laissent entrevoir un lien entre les animaux de parchemin et les individus « de ménagerie » gardés à Pavie.

Ancienne khâgneuse du lycée Fauriel, Clarisse Dire est titulaire d’un master de l’École nationale supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques (ENSSIB) mené sous la direction de Véronique Rouchon (Lyon 2). Ses recherches portent sur l’étude des miniatures réalisées dans l’entourage du duc Gian Galeazzo Visconti de Milan, et représentant des animaux « de ménagerie ». Contact : clarisse.dire@enssib.fr.

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