Journée d’étude : « L’archéologie du monde moderne et contemporain et ses enjeux » (Paris, 6 février 2013)

Après l’émergence dans les années 1950 de l’archéologie médiévale (M. de Boüard, J.-M. Pesez), et de « l’archéologie industrielle » dans les années 1970 (M. Daumas), un pas de plus a été franchi au cours des années 1980 dans la remise en cause d’une archéologie définie par une spécialisation sur les périodes anciennes, avec une première théorie d’une « archéologie générale » faisant place aux Temps moderne et contemporain (Ph. Bruneau, P.-Y. Balut). Même si, dans la logique d’une définition heuristique, l’extension de l’archéologie au récent avait été revendiquée par des archéologues de renom, comme Mortimer Wheeler, grand théoricien de la fouille, cette prise de position fut loin de faire l’unanimité.

Aujourd’hui l’archéologie moderne et contemporaine se porte bien. En particulier grâce aux fouilles et grâce aux analyses stratigraphiques du bâti en élévation, réalisées dans le cadre de l’archéologie préventive, tous les champs habituels de la discipline sont en voie d’exploration efficace : les « infrastructures » (aménagements portuaires, routes…), l’organisation et les pratiques du monde agro-pastoral, les « fabriques » (du petit artisanat aux manufactures ou centres industriels), l’habitat – noble ou « ordinaire » – l’ensemble des biens de consommation et de la « culture matérielle »… Pour l’heure il a été choisi un thème pour la matinée, centré sur les activités des Grands de ce monde : d’une part l’étude d’une partie non pérenne de leur habitat (jardins, jeux d’eau), d’autre part la préparation d’opérations de guerre. Une première partie qui se veut exemplaire de ce que la fouille peut apporter à un secteur étudié plutôt par historiens d’art et historiens.

L’étude du monde matériel, ses explications, implications, effets, est un pan fondamental de la connaissance de l’humain d’hier à aujourd’hui. Mais l’archéologie en tant que méthode d’interprétation dépasse l’enregistrement de la mise en sédiments du monde matériel, et ne s’y réduit pas. D’autant plus pour les périodes récentes « très documentées », et jusqu’à notre propre époque. La méthode archéologique a toute sa place hors-sol ; elle peut se voir comme une démarche d’investigation portant sur l’ensemble de l’univers technique. C’est selon cette approche que seront conçues les communications de l’après-midi, suivi d’un débat entre les intervenants. L’exercice de la discipline devrait donner prise à une articulation concertée avec les approches propres aux autres sciences humaines : histoire de l’art, histoire, géographie, ethnologie…, et aujourd’hui une « anthropologie » à placer au coeur du débat épistémologique. Une articulation à construire. Cette journée constitue donc l’amorce espérée de futures rencontres.

 

Journée d’étude sous la direction d’A. GOURNAY (Professeur, Paris 4),  de G. BELLAN (Ingénieur, Inrap) et de Fl. JOURNOT (Maître de conférences HDR, Paris 1).

Cette journée aura lieu le 6 février 2013, 9h-17h à l’INHA, Auditorium (galerie Colbert).

Pour plus d’informations et pour le détail du programme  : http://anthropologiedelart.org/centrage/

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