Le geste est multiple : corporel, technique, théâtral, cérémoniel, etc. Son existence tient à la capacité de chaque acteur à le produire, à le reproduire, voire à l’améliorer et à la capacité du collectif humain concerné à définir une norme, qui permette son apprentissage, sa mémorisation et sa transmission dans la durée. Il s’inscrit dans une topique permettant de penser l’éphémère de l’agir. Aussi, sa mise en récit dans le temps repose sur une normalisation et une spécialisation de l’énoncé technique et de sa représentation qu’il soit matériel, oral, iconographique (dessin, images) ou textuel (traité, manuel, normes et brevets).
Autour du geste raconté et du geste retrouvé, il s’agit de questionner l’articulation entre pensée et transmission du savoir et celle de la détermination du référent et de la légitimation de cette pensée. En effet, l’efficacité de la description du geste dépend de la connaissance partagée de la pratique et de son vocabulaire spécifique. Cette construction de l’énoncé technique dans le but de standardiser pour favoriser la transmission d’un savoir repose sur un dialogue entre les différents régimes de pensée, entre le penseur et le praticien, entre la conception et la mise en œuvre du geste technique, entre les différentes traditions et savoir-faire autour d’un même objet, qui peut entraîner une évolution, voire une modification dans les modalités d’acquisition et de transmission de ce savoir. Sa mise en image permet de se construire une représentation du mouvement demandé et du geste pour l’obtenir. Elle joue un rôle mnémotechnique en offrant la possibilité de créer et de consolider une représentation mentale, afin d’enregistrer les indications pour les mettre à profit en situation. En ce sens, le geste dans son imaginaire métaphorique s’inscrit dans un récit mythologique de la technique qui s’insère dans une instance anthropologique, celle de la Métis grecque. La matérialité du geste dans la pratique se retrouve alors dans l’analyse de l’objet, du lieu et des outils comme prolongement du corps.
Dans une approche interdisciplinaire (histoire, socioanthropologie, archéologie, histoire de l’art, littérature, etc.) et transpériode, cette journée a pour objet d’interroger les sources (textuelles, iconographiques, orales, matérielles, etc.) permettant de comprendre le faire et le savoir-faire, la façon de décomposer un mouvement accessible jusque-là uniquement par le ressenti. Autour d’un dialogue entre chercheurs confirmés et recherches en cours menées par des doctorants, la journée s’organisera autour de quatre grandes thématiques :
- le geste dans les arts mécaniques lié à la main qui met en œuvre un ensemble d’applications techniques dans l’acte productif de l’artefact ;
- le geste dans les arts du corps qui met ensemble un dispositif de pratiques dans lesquels le langage du corps est placé au centre ;
- le geste dans les arts libéraux entendus au sens large du terme, à savoir ce qui relève de l’ingenuae ;
- le geste dans les arts cérémoniels qui mobilise tous les sens dans une fonction cultuelle et sacrée.
Inscription
Au vu de la situation sanitaire, le nombre de places dans la salle est limitée. Il est nécessaire de vous inscrire avant le mercredi 19 mai 2021 en envoyant un email à Anne-Sophie.Rieth@univ-paris1.fr
Programme en pdf
Jeudi 20 et vendredi 21 mai 2021
Salle 2, Centre Panthéon
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
12, place du Panthéon, Paris 5e
Journée d’études organisée par le Centre d’étude des techniques, des connaissances et des pratiques – CETCOPRA (EA2483) et l’Institut d’histoire moderne et contemporaine – IHMC (UMR 8066).
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