Séminaire organisé en partenariat avec l’université Sorbonne-Nouvelle Paris 3
Knut Ebeling, On Wild Archaeology: Time’s Materiality and the Immateriality of History
Il s’agira de se pencher sur les « archéologies sauvages », autrement dit les approches archéologiques qui se sont développées en marge de la discipline classique de l’archéologie. Le premier exemple auquel on pense est sans doute celui de L’Archéologie du savoir de Michel Foucault, mais à cela il convient d’ajouter l’archéologie freudienne de l’âme, l’archéologie de la modernité de Walter Benjamin, l’archéologie des médias de Friedrich Kittler, et même l’archéologie de la métaphysique menée par Kant. Chacun de ces projets a fourni à sa manière une réflexion matérielle sur la temporalité et proposé des alternatives à la pensée historique conventionnelle du passé. On s’interrogera sur ce qui unit ces diverses approches, et sur leur relation historique, philosophique et épistémologique à la théorie de l’archive contemporaine ainsi qu’à l’archéologie classique. On se demandera de même quelles sont les conséquences de cette « méthode archéologique » pour l’histoire de l’art. Enfin, on s’interrogera sur l’affirmation récente de Giorgio Agamben selon laquelle « le geste de l’archéologue est le paradigme de toute action humaine véritable».
The lecture will focus on the phenomenon of “wild archaeologies,” that is, on “archaeologies” that have appeared in the history of knowledge outside of classical archaeology. The first of these projects one thinks of, is of course Foucault’s L’Archéologie du Savoir, but there has also been Freud’s archaeology of the soul, Benjamin’s archaeology of modernity as well as Kittler’s archaeology of media – and even Kant’s archaeology of metaphysics. All of these various projects experimented with a material reflexion on temporality and presented alternatives to the conventional historical thinking of the past. What do these various projects have in common? What is their historical, philosophical and epistemological relation to contemporary archive theory as well as to classical archaeology? And what are the consequences of this “archaeological method” or thinking for art history? Finally, what is the meaning of Giorgio Agamben’s recent claim that “the archaeologist’s gesture is the paradigm of every human activity”?
Knut Ebeling est professeur de théorie et esthétique des médias à la Kunsthochschule Weissensee de Berlin. Le premier tome de son étude des « archéologies sauvages », Wilde Archäologien 1. Theorien der materiellen Kultur von Kant bis Kittler, est paru en 2012 ; le second, Wilde Archäologien 2 Begriffe der Materialität der Zeit – von Archiv bis Zerstörung, est à paraître en mai 2015. Parmi ses autres publications : Stadien (2009, en collaboration avec Kai Schiemenz), Archivologie (en collaboration avec Stephan Günzel, 2009), Das Archiv Brennt (2007, en collaboration avec Georges Didi-Huberman).
Wolfgang Ernst, De-historicizing Art History: Bringing Back Foucault’s /Archéologie/ to France
Si on ne réduit pas l’archéologie des médias à l’analyse des « arts médiatiques » contemporains, la question qui se pose alors est de savoir ce que cette approche peut apporter à la compréhension des œuvres d’art figuratives qui précèdent l’émergence des images produites techniquement telles que la photographie. Dans cette communication, il s’agira de présenter une version radicale (plutôt que modérée) de l’archéologie des médias en lien avec le concept et le discours de l’histoire de l’art. En proposant une lecture critique très fine des œuvres, l’archéologie des médias non seulement détache les artéfacts de l’art figuratif de toute narrativité, mais plus radicalement, cette analyse de l’arché matérielle et cognitive extirpe l’objet physique des concepts métaphysiques qui sous tendent l’ « histoire » et l’histoire de l’art. Il ne s’agit pas d’opérer un retour nostalgique au modèle ancien des antiquaires. Le regard porté par ces néo-antiquaires que sont les archéologues des médias est bien plutôt non-humain et computationnel (au sens des « humanités numériques »). Le tri des images opéré « froidement » par les algorithmes produit une autre sorte de musée imaginaire.
If media archaeology is not reduced to the analysis of contemporary “media arts,” the question then arises: What can it contribute to the understanding of figurative works of art from the times before the technical image (such as photography)? This talk will present a radical (rather than soft) version of media archaeology in relation to the concept and discourse of art history. By its close reading, media-archaeological criticism does not only de-narrativize artefacts of figurative art, but more dramatically, such an analysis of the material and cognitive arché suspends the physical object from metaphysical concepts behind (art) “history” as well. This is not a nostalgic return to traditional antiquarianism; the neo-antiquarian gaze is rather non-human and computational (in its “digital humanities” sense). The “cold” algorithmic sorting of images results in a different kind of imaginary museum.
Wolfgang Ernst est titulaire de la chaire de théorie des médias à l’université Humboldt de Berlin. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont M.edium F.oucault (2000), Das Rumoren der Archive (2002), Im Namen von Geschichte (2003), Das Gesetz des Gedächtnisses: Medien und Archive am Ende (des 20. Jarhunderts) (2007), Chronopoetik (2012), Digital Memory and the Archive (2013, sous la direction de Jussi Parikka), et Signale aus der Vergangenheit. Eine kleine Geschichtskritik (2013).
6 mars 2015 – 10h-13h30
Galerie Colbert
Salle Walter Benjamin
Institut national d’histoire de l’art
entrée libre
Accès
6 rue des Petits-Champs ou 2, rue Vivienne
75002 Paris
Pour en savoir plus, cliquez ici.
Illustration : Rodney Graham, Rheinmetall / Victoria-8, 2003, production still © Rodney Graham. Courtesy Hauser & Wirth
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