Dans une lettre qu’il adressait à Louis Grodecki au sujet de Architecture gothique et pensée scolastique, Erwin Panofsky écrivait : « Des études de ce type ne peuvent se justifier qu’avec des contradictions qui les prolongent ». Assurément, beaucoup d’ouvrages suscitent un intérêt critique et appellent de semblables débats. C’est pourquoi l’Institut national d’histoire de l’art a créé, sur une proposition de Christine Mengin, le cycle À propos d’un livre d’architecture, qui a pour objet de mettre à l’honneur un ouvrage traitant d’histoire de l’architecture et/ou de la construction. Présenté par son ou ses auteurs, le volume est alors placé dans le champ critique par un discutant. Au-delà d’une simple présentation, il s’agit donc, de la part de ou des auteurs, de partager les réflexions engendrées par l’ouvrage, de faire état d’une pensée, d’une méthodologie ou d’une doctrine et, sur le fondement d’un dialogue, de favoriser les débats. Ni didactique ni polémique, on l’aura compris, ce dialogue est voué à être dialectique.
Responsables scientifiques
- Abel Debize (INHA)
- Arnaud Timbert (INHA)
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Présentation de la séance
« L’église, lieu de performances – In Locis competentibus », Nicolas Reveyron et Stéphanie Diane Daussy (dir.), Paris, Picard, 2016
« Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ». Le baptistère, l’autel, les chapelles latérales, les stalles des choristes, l’espace des fidèles, les cheminements du pèlerinage, la crypte, les tombeaux, l’oratoire, la réserve eucharistique, le revestiaire, composent cette « église en action », où les actes des uns et des autres, les paroles, prononcées, cantilées, chantées, les dramaturgies dévotionnelles et les regards d’adoration prennent force et donnent sens.
L’église est donc une et multiple, un lieu et des lieux, à l’image du Dieu unique en trois personnes : le Père, qui est la parole donnée, le Fils qui est la parole reçue, l’Esprit qui est le logos, parole organisatrice. La liturgie, propre au tout et aux parties, est cette « parole » vivante qui donne consubstantialité aux différents lieux de l’édifice dans l’unité architecturale de l’église. Une parole toujours active dans un présent de répétition. Les barrières n’y font rien, et en tout premier lieu le jubé qui laisse voir la perspective de l’autel et entendre les voix du célébrant et des choristes.
In Locis competentibus. Le mobilier, de la grille à l’autel, les objets du culte, du crucifix à la châsse, la vaisselle liturgique, les oeuvres d’art, du vitrail au retable, tout ce qui appartient à chaque lieu compose avec lui, par-delà les pertes, les ajouts et les renouvellements, un ensemble signifiant. Celui-ci touche les hommes d’hier comme les chercheurs d’aujourd’hui dans une expérience sensible – visuelle, auditive, olfactive, gustative et tactile. Les auteurs du présent volume questionnent les lieux, les images, les objets et les acteurs, pour mettre en lumière dans quels réseaux de significations, de présences et d’échanges se manifeste l’efficacité des espaces, des dispositifs liturgiques et des œuvres d’art, pour faire de l’église un lieu de performances.
Intervenants
- Diane Daussy (université Lumière Lyon 2, UMR 5138)
- Jean-Paul Deremble (université Lille 3)
- Guillaume Grandgeorge (éditions Picard)
- Nicolas Reveyron (université Lumière Lyon 2)
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Informations pratiques
21 mars 2017- 17H30-19H30
Galerie Colbert, salle Vasari
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris
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