Parution : « Art et violence. Vies d’artistes entre XVIe et XVIIIe siècles »

 Art et violence. Vies d’artistes entre XVIe et XVIIIe siècles. Italie, France, Angleterre

« Qu’ils crèvent les artistes ! » clamait Kantor au titre d’une de ses pièces, désignant une violence au moins incongrue. De manière en quelque sorte instinctive, nous serions portés par l’histoire qui en a été faite, à placer l’activité artistique du côté de l’émergence de la civilisation et donc d’un supposé renoncement à la violence : Protogène est devant sa toile et Démétrius renonce à prendre Rhodes. La grande Histoire est d’abord celle des guerres : premier historien de l’art Vasari regarde vers un autre héroïsme, qui entretient une relation complexe avec une société en voie de transformation où l’artiste se fait une place dans l’histoire et dans la cité. Quelle affaire l’artiste a-t-il avec la violence (à laquelle son activité propre ne semble pas le destiner) dans une période — du XVIe au début du XIXe siècle — où il devient peu à peu une figure significative, peut-être majeure, de la vie sociale ? Comment cette affaire peut-elle se lire dans les textes , biographiques ou critiques, qui sont consacrés à ces nouveaux nobles, si l’on peut oser l’expression, et construit leur figure. Des spécialistes d’histoire de la littérature et des arts ont tenté ici de donner une réponse à ces questions, sur des exemples précis, dans l’idée de comprendre un peu mieux les racines de notre idéologie (ou faut-il dire : mythologie ?) de l’art.

René Démoris est Professeur émérite de littérature française à l’Université Sorbonne-nouvelle Paris 3. Il a dirigé l’Equipe de recherche « Formes et idées de la Renaissance aux Lumières Ses travaux portent sur le roman, l’écriture de l’histoire, et sur l’art, sa théorie, sa critique à l’âge classique.

Florence Ferran est maître de conférences en littérature française à l’Université de Cergy-Pontoise et membre du CRTF. Elle est associée à l’équipe de recherche Formes et idées de la Renaissance aux Lumières de Paris 3. Ses travaux portent sur les rapports entre la littérature et les arts.

Corinne Lucas-Fiorato est Professeur de littérature et civilisation italienne à l’Université Sorbonne nouvelle-Paris 3 et directrice du CIRRI (Centre Interuniversitaire de Recherche sur la Renaissance italienne). Ses travaux portent sur la culture italienne des XVe-XVIIesiècles.

 

SOMMAIRE

Présentation

PRATIQUE ARTISTIQUE ET VIOLENCE

Pascale DUBUS : Le corps de l’artiste au risque de l’art. Mort et pratique artistique dans les Vite de Giorgio Vasari.
Cécile BEUZELIN : La mort dans la Vie et l’oeuvre de Pontormo.
Frédérique DUBARD DE GAILLARBOIS : Elisabetta Sirani, Porcia et Carlo Cesare Malvasia : de la « morte violenta » à la peinture « che violenta ».
Jean-Christoph ABRAMOVICI : Comprendre en l’art sa violence : le Voyage d’Italie de Sade.
Jean-Christophe SAMPIERI : Bellino : la violence et la grâce. Vies d’artistes dans l’Histoire de ma vie de Giacomo Casanova.

L’ARBITRAIRE DU JUGEMENT CRITIQUE

Achille OLIVIERI : Tiziano, le polemiche religiose e il moderno.
Jérémie KOERING : Un artiste affamé : privation, mélancolie et innutrition dans la Vie de Taddeo Zuccaro.
Hélène GAUDIN : Les annotations de Federico Zuccari aux Vies de Giorgio Vasari : divergences artistiques et rivalités personnelles.
Stefania TULLIO CATALDO : Drames autour des secrets techniques de la peinture à l’huile entre Italie et Flandres.
Ismène COTENSIN : Violence, crimes et châtiments dans les Vite des successeurs romains de Giorgio Vasari.

CONFLITS ARTISTIQUES ET INSTITUTIONS

Enrico MATTIODA : Invidia dell’artista e invidia della fortuna nelle Vite di Giorgio Vasari.
Corinne LUCAS-FIORATO : Conflits autour de la propriété artistique au XVIe siècle en Italie.
René DÉMORIS : Émulation et autocritique : la violence des institutions aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Florence FERRAN : « Un désir violent de voir ce pays l’entraîna » : la mobilité vers l’Italie et ses conflits dans les vies d’artistes français des XVIIe et XVIIIe siècles.
Jérôme DELAPLANCHE : Envers et contre tous. La vie d’artiste selon Antoine-Joseph Dezallier D’Argenville.
Pascal GRIENER : Un arrogant mélancolique. Johann Zoffany (1733-1810) et la pratique du portrait allégorique dans l’Europe des Lumières.

 

Art et violence. Vies d’artistes entre XVIe et XVIIIe siècles. Italie, France, Angleterre, Actes du colloque du 9-11 décembre 2010, Université Paris Ouest Nanterre et Université Paris 3, sous la direction de René Démoris,  Florence Ferran, Corinne Lucas Fiorato, Paris, Desjonquères, 2012, 332  pages, 29 €, ISBN : 978 2 84321 137 9.

Lien vers l’éditeur : http://www.editions-desjonqueres.com/index.php?module=livre&id=263&collection_id=5

 

 

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