Rencontres : « Autorités de l’histoire de l’art » (Paris, octobre-décembre 2016)

apahau_hirschhorn_foucault-map2AUTORITÉS DE L’HISTOIRE DE L’ART
Cycle de rencontres organisé à Paris en 2016-2017 par le Centre allemand d’histoire de l’art Paris et l’Institut polonais de Paris

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La plupart des méthodes et des interprétations mises en œuvre aujourd’hui par l’histoire de l’art se sont forgées à travers une critique des discours hérités de la culture scientifique du XIXe siècle : depuis les années 1960, elles ont questionné les classements par école nationale et par style, elles ont interrogé la division entre grand art et expressions populaires, elles ont reconnu et analysé les hégémonies colonialistes, elles se sont intéressées aux phénomènes de métissage engendrés par la circulation des œuvres. Elles ont ainsi mis en question les normes, les ordres et les hiérarchies longtemps en vigueur en histoire de l’art. Cependant, elles ont aussi à leur tour institué de nouvelles hiérarchies, de nouvelles relégations, en reposant souvent sur des catégories binaires (comme réactionnaire et progressiste, engagement et autonomie, universel et international, local et global) et sur d’autres enjeux idéologiques restés trop peu interrogés.

Le recul nous invite à revenir de manière critique sur ces méthodes elles-mêmes, en les situant dans le contexte de la guerre froide qui les a vues naître et les a durablement marquées. L’appartenance des artistes, des critiques et des historiens au bloc de l’Est ou à celui de l’Ouest, aux pays non alignés ou aux pays dits du Tiers Monde a déterminé l’usage et la signification de leurs concepts. La chute du Mur a établi l’autorité de certains des discours d’alors sur d’autres, conduisant à un nivellement. En présupposant une communauté d’intérêts et de références partagés, le développement des perspectives globales a renforcé cette uniformisation, pourtant contredite dans les faits par l’accroissement des inégalités et la recrudescence des nationalismes.

Nous voulons prendre la mesure de ces héritages et interroger les ordres qu’ils ont contribué à établir pour ouvrir de nouvelles perspectives. Un regard critique sur les aspects politiques et historiques sous-jacents à nos catégories ne pourra toutefois émerger que de la mise en relation de chercheurs d’horizons académiques différents, et de la prise de conscience de la trajectoire singulière à partir de laquelle chacun forme son point de vue. Seule une mise en commun des questionnements historiographiques permettra de saisir les partages et les différences dans l’usage des concepts, les partis pris idéologiques, la formation des institutions, l’interprétation et la présentation de l’art durant la guerre froide et après 1989.

Dans cette optique, nous avons imaginé faire se rencontrer différentes personnalités européennes reconnues pour leur importance dans l’histoire de l’art et les musées, issues de différents espaces et de différentes traditions, pour qu’elles mettent en contexte de façon précise les significations, les formations, les découpages institutionnels qu’elles jugent les plus caractéristiques de leur champ d’activité. Venant à la suite du projet de recherche « À chacun son réel » qui portait sur « la notion de réel dans les arts plastiques en France, RFA, RDA et Pologne entre 1960 et 1989 », le cycle de rencontres que nous organisons restera centré sur les contextes français, allemand et polonais. Il prolongera aussi l’axe de recherche actuellement développé par le Centre allemand d’histoire de l’art, consistant à sortir du cadre des études nationales et du comparatisme pour aborder les problèmes méthodologiques à partir d’une historiographie critique. Notre intention principale est d’écouter des personnes parler de leur propre parcours, de faire naître des discussions inédites, de créer un espace de réflexion transrégional où puissent coexister plusieurs histoires de l’art.

Contemporary methodological and interpretative approaches to art history have, for the most part, been based on a critique of the discourses inherited from the scientific culture of the 19th century: since the 1960s, they have questioned classifications based on national school and style, challenged the dichotomy between high art and popular expression, identified and analyzed colonialist hegemonies, studied phenomena of métissage brought about by the circulation of artworks. They thus called into question long-entrenched norms, orders and hierarchies that had characterized art history. However, they in turn instituted new hierarchies, new relegations, often based on binary oppositions (such as reactionary/progressive, commitment/autonomy, universal/international, local/global) and on other, largely unquestioned, ideological considerations.

Some decades later, we can now take a critical look at these approaches, contextualizing them in the Cold War in which they arose, and which left a lasting mark on them. The allegiance of artists, critics and historians to the Eastern or Western blocs, to the non-aligned or so-called third-world countries, determined the use and meaning of their concepts. The fall of the Berlin Wall established the authority of certain discourses over others, bringing about a leveling. The rise of global perspectives, implying a commonality of interests and shared references, reinforced this trend toward uniformization, objectively belied, however, by the growth in inequalities and resurgent nationalisms.

We would like to assess these heritages and question the orders they helped to establish, in order to open up new perspectives. A critical examination of the political and historical underpinnings of our current categories requires, however, cooperation between researchers from different academic horizons, and an awareness of the singular trajectory from which each point of view has been formed. Only by sharing the various historiographical approaches can we apprehend the overlapping and divergent use of concepts, the ideological biases, the formation of institutions, the interpretation and presentation of art during the Cold War and after 1989.

In this perspective, we have decided to invite several personalities renowned for their importance in art history and in museums, from different areas and traditions, to contextualize as precisely as possible the significations, formations and institutional categorizations they esteem most characteristic of their field of activity. Following on the « À chacun son réel » research project, which studied the « notion of the real in the visual arts in France, the FRG, the DDR and Poland from 1960 to 1989 », the cycle of symposia that we are organizing will focus on the French, German and Polish contexts. The intention is also to enrich the line of research currently developed by the German Center for Art History, to go beyond the framework of national and comparative studies and to tackle methodological problems from the perspective of a critical historiography. Our main intention is to listen to people relate their own itinerary, to elicit unprecedented debates, to create a space for transregional reflection where several art histories may co-exist.

 

PROGRAMME

(Ie PARTIE OCTOBRE-DECEMBRE 2016)

Séance introductive

21.10.16 | 16h-18h

  1. REPRÉSENTATIONS (nov.-déc)
  1. Formation des catégories Est/Ouest

04.11.16 | 15h45-19h45

Intervenants :

– Jérôme Bazin (Université Paris Est Créteil)

– Pascal Dubourg-Glatigny (CNRS, Paris)

– Agata Jakubowska (Université Adam Mickiewicz de Poznań)

– Cécile Pichon-Bonin (CNRS, Paris)

– Gregor Wedekind (Université Johannes Gutenberg de Mayence)

  1. Repositionnement des catégories

18.11.16 | 14h-18h

Participants :

– Maria Hlavajova (Bridging Art and Knowledge, Utrecht)

– Monica Juneja (Université Ruprecht-Karl de Heidelberg)

  1. De 1968 à 1989

14.12.16 | 14h-18h

Participants :

– Jean-Louis Cohen (Université de New York)

– Gabi Dolff-Bonekämper (Université technique de Berlin)

– Jacques Leenhardt (EHESS, Paris)

– Maria Poprzęcka (Université de Varsovie)

 

Toutes les séances auront lieu dans la salle Julius Meier-Graefe au Centre allemand d’histoire de l’art, 45 rue des Petits-Champs, 75001 Paris.

 

Mathilde Arnoux, Lena Bader, Clément Layet, Matylda Taszycka en partenariat avec le séminaire de madame la professeure Ségolène Le Men (département d’histoire de l’art de l’université de Nanterre)

Pour accéder au reader veuillez contacter les organisateurs des rencontres du DFK Paris : marnoux@dfk-paris.org; lbader@dfk-paris.org; clayet@dfk-paris.org

Vous trouverez plus d’informations, un choix de textes et le détail de chaque séance ainsi que des séances à venir sur le site https://dfk-paris.org/

 

 

 

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