Communément définie comme un arrangement de personnes vivantes reproduisant une composition artistique, que ce soit une peinture, une sculpture, une estampe ou une scène littéraire, la pratique du « tableau vivant » aurait, selon les récits admis, connu son apogée dans les salons privés du début du XIXe siècle avant de déchoir en simple divertissement populaire. Cette vision du tableau vivant a contribué à concentrer son étude autour de 1800, à occulter ses origines plus anciennes, ainsi qu’à négliger ses évolutions ultérieures et son apport à l’histoire de l’art. Partant de ce constat, ce séminaire vise à examiner le tableau vivant et ses genres connexes dans la durée, ainsi qu’à saisir la manière dont ils franchissent les frontières esthétiques et sociales et questionnent les définitions traditionnelles de l’art.
Pratique variée et sans cesse réactivée, des anciennes entrées royales au cinéma et à l’art contemporain, elle interroge la relation entre mimesis et représentation, la capacité de l’art à véhiculer des affects et des idéaux, ainsi que les statuts d’auteur et de spectateur. L’étude des tableaux vivants permet de réfléchir sur le caractère reproductible et la diffusion des œuvres d’art, sur l’apparition du terme dans la critique, sur les effets de réel et de présence, ou encore sur les relations entre image et performativité.
Le tableau vivant ou l’image performée : sources, méthodes, enjeux
Séminaire INHA 2011-2012
Organisation : Julie Ramos et Léonard Pouy
Aux frontières du tableau vivant : la pantomime ou l’éloquence du corps (XVIIIe-XIXe siècles)
– Chiara Savettieri Wurmser (Université de Pise) :
L’art du geste comme modèle de la peinture ? le cas de Jacques Nicolas Paillot de Montabert.
Enseignant-chercheur en Histoire de l’Art à l’Université de Pise, Chiara Savettieri travaille sur les interactions entre peinture et littérature de même qu’entre arts visuels et musique. Parmi ses travaux les plus significatifs: Ingannare la morte. Anne-Louis Girodet Trioson e l’illusione dell’arte (Palermo 2005), tiré d’une partie de sa thèse de doctorat consacrée à la pensée esthétique de Anne-Louis Girodet ; Dal Neoclassicismo al Romanticismo. Fonti per la Storia dell’arte (Carocci, 2006, Rome, 766 p.) ; “Il faut que le peintre adopte, comme le musicien, un mode: peinture et musique dans la pensée esthétique de Paillot de Montabert”, Jacques-Nicolas Paillot de Montabert, 1771 – 1849: idées, pratiques, contextes, dir. par F.Desbuissons, Langres, Guéniot, 2009, p. 171-187 ; “L’essence du cinéma consiste dans le rythme : peinture, cinéma et musique dans l’Univers de Luigi Veronesi”, dans Ligeia, 97/100.2010, p. 83-95 . Avec Marie-Pauline Martin elle a organisé le colloque «La musique face aux Beaux-arts ou les vicissitudes de l’imitation» (Centre Allemand d’Histoire de l’art, INHA, février 2010) dont la publication des actes est en préparation.
– Arnaud Rykner (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle) :
Le paradigme pantomimique.
Romancier, essayiste et dramaturge, Arnaud Rykner est également Professeur à l’Institut d’Etudes Théâtrales de l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle et membre associé du Laboratoire « Lettres, Langages et Arts » de l’Université Toulouse II – Le Mirail. Il a notamment dirigé l’ouvrage Pantomime et théâtre du corps. Le jeu du hors-texte (Presses Universitaires de Rennes, 2009, 245 p.) ;
« Tableau vivant, scène érotique. L’entrelacs des images et des corps », Journée d’études Théâtralité de la scène érotique aux XIXe et XXe siècles, 21 mai 2010, Maison de la Recherche de l’Université Toulouse II – Le Mirail. Les actes du colloque Entre code et corps. Tableau vivant et photographie mise en scène, organisé en collaboration avec Christine Buignet à Toulouse du 18 au 20 mars 2010, paraîtront en mars 2012 dans le 22e numéro de la revue Figures de l’art.
– Bernard Vouilloux (Université de Paris-Sorbonne) :
Gestes, attitudes, mouvements : le tableau vivant des arts de la scène à la photographie.
Professeur de littérature française du XXe siècle (littérature et arts visuels) à l’Université de Paris-Sorbonne, Bernard Vouilloux a centré ses recherches sur les rapports entre le verbal et le visuel, littérature et peinture, poétique et esthétique. Outre de très nombreux articles (notamment dans les revues Poétique, Littérature et Critique), il a publié dix-sept ouvrages, parmi lesquels La Peinture dans le texte. XVIIIe-XXe siècles (CNRS Éditions, 1994), Langages de l’art et relations transesthétiques (Éd. de l’Éclat, 1997), Le Geste, suivi de Le geste ressassant (La Lettre volée, 2001), Le Tableau vivant. Phryné, l’orateur et le peintre (Flammarion, 2002), L’œuvre en souffrance. Entre poétique et esthétique (Belin, 2004), Tableaux d’auteurs. Après l’Ut pictura poesis (Presses universitaires de Vincennes, 2004), Écriture de fantaisie. Grotesques, arabesques, zigzags et serpentins (Hermann, 2008), Un art sans art. Champfleury et les arts mineurs (Fage Éditions, 2009), Le Silence et la nuit des images. Penser l’image avec Pascal Quignard (Hermann, 2010), Le Tournant « artiste » de la littérature française. Écrire avec la peinture au XIXe siècle (Hermann, 2011).
– Pauline Beaucé (Université de Nantes, Centre Marc Bloch, Berlin) :
Répondante.
Auteur d’une thèse de doctorat consacrée à la Poétique de la parodie dramatique d’opéra au XVIIIe siècle en France (dir. F. Rubellin), Pauline Beaucé est membre du Centre d’études des théâtres de la Foire et de la Comédie-Italienne (Univ. de Nantes). Rattachée au Centre Marc Bloch, elle a édité plusieurs parodies d’opéra (et notamment une parodie pantomime) aux Editions Espaces 34 et a publié différents articles sur le théâtre au XVIIIe siècle tels « La parodie-pantomime d’opéra au XVIIIe siècle ou l’adaptation sous contraintes », actes du colloque L’Adaptation comique, de la référence à l’irrévérence, 2009 ; « Musique et théâtre : pour de nouvelles perspectives théoriques et méthodologiques à partir de l’exemple de la parodie dramatique d’opéra en France au XVIIIe siècle », colloque junior franco-allemand Musique-Contexte, CIERA, Berlin, 4-6 février 2010, actes à paraître, chez Lang ; « L’envers parodique du magicien d’opéra au XVIIIe siècle », Les Scènes de l’enchantement, Desjonquères, 2011.
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.