Session CIHA 2024 : « Gastronomie et flânerie : visualités et matérialités alimentaires dans la ville moderne

Session CIHA 2024 : « Gastronomie et flânerie : visualités et matérialités alimentaires dans la ville moderne

Session du 36e congrès du Comité international d’histoire de l’art, Lyon, 23-28 juin 2024
proposée par Frédérique Desbuissons (université de Reims Champagne-Ardenne/HiCSA) et Richard Wrigley (University of Nottingham)

Informations: https://www.cihalyon2024.fr/fr/appel-a-communications

Cette session se propose d’étudier le rôle, les formes et les enjeux des manifestations de l’alimentation dans villes modernes, entre le XVIIIe et le XXe siècle. Elle mettra l’accent sur les différentes dimensions de l’expérience esthétique des flâneurs et flâneuses dans une période marquée par l’essor de la culture du « bien-manger », en particulier dans la dimension publique de l’alimentation. La ville, ses marchés et ses commerces de bouche ont constitué les espaces privilégiés de l’appréhension et de l’appropriation d’une forme de consommation prise entre luxe et nécessité, dont la multiplicité et l’exotisme ont été croissants depuis la fin de l’ancien l’Ancien. Nous proposons de l’envisager sous l’angle de la culture matérielle, de l’art et de la visualité. Les dynamiques corporelles propres à la flânerie invitent à prendre en compte à la fois les dispositifs et les scénographies de l’expérience du bon et du beau (enseignes, publicités, affichages, vitrines, etc.), les aménagements architecturaux et urbains qui les articulent (rues, passages, échoppes, restaurants, cafés, épiceries…), les usages et les représentations qui les animent, ou encore les ambiguïtés de la nourriture, à la fois marchandise et spectacle telle qu’elles s’incarnent dans l’expérience des flâneurs et flâneuses, dont les itinéraires suivent les denrées à l’étalage, mais aussi invariablement l’entrée dans les restaurants et la « dématérialisation » de l’alimentation, ou rendent perceptibles, par l’analyse du spectacle de la nourriture, les hiérarchies de la consommation et leur distribution topographique.

Le thème Matière, matérialité du CIHA 2024 nous semble idéal pour contribuer à une histoire de la gastronomie qui ne soit pas réduite à la mise en mots ou en règles induite par son étymologie (gastro-nomie). En mettant en évidence la contribution des objets, images et expériences concrètes à la relation qualitative à l’alimentation (bien-manger), l’histoire de l’art est essentielle à la compréhension de la culture gastronomique des grandes villes occidentales. Or si les spécialistes de l’art de l’époque moderne ont volontiers abordé les relations de l’art et de l’alimentation, et que l’Exposition universelle de 2015 sur le thème « Nourrir la planète » a donné l’occasion d’un vaste panorama (Arts & Foods. Rituali dal 1851, cat. exp. Milan, 2015), beaucoup reste à faire sur l’articulation de la flânerie aux représentations gastronomiques durant la période contemporaine.

Parmi les nombreuses thématiques susceptibles d’être abordées figurent, sans caractère restrictif :

  • Nourrir les flâneurs et les flâneuses : lieux, menus, comportements
  • Le personnel de la gastronomie : marchandes et marchands, garçons et serveuses…
  • Les courses alimentaires et leurs itinéraires
  • Alimentation et consommations sexuelles
  • Le tourisme gastronomique
  • Les Halles et autres marchés
  • Manger dans la rue : producteurs et consommateurs (cf. Cris de Paris)
  • Le Palais-Royal, les passages – alimentation, dégustation…
  • Publicités et enseignes
  • Éclairer l’alimentation (flânerie nocturne)
  • Les clubs et la sociabilité des élites
  • La bohème : appétits et régimes

This session aims to study the role, forms and stakes of the manifestations of food in modern cities between the 18th and 20th centuries. It will focus on the different dimensions of the aesthetic experience of flâneurs/flâneuses in a period marked by the rise of the culture of ‘eating well’ and but above all eating in public. The city, its food shops and markets, were the privileged spaces for the apprehension and appropriation of a form of consumption which spanned luxury and necessity, the multiplicity and exoticism of which had been increasing since the end of the Ancien Régime. We propose to consider it from the perspectives of material culture, art and visuality. The bodily dynamics characteristic of strolling invite us to take into account both the devices and scenographies of the experience of the good and the beautiful (signs, advertisements, displays, shop windows, etc.), and the architectural and urban arrangements that articulate them (streets, passages, stalls, restaurants, cafés, grocery shops, etc.), as well as the uses and representations that animate them. The experience of flâneurs/flâneuses embodies the ambiguities of food as commodity and as spectacle : their itineraries follow the presence of food on show, but also invariably include entering restaurants and ‘dematerialising’ food. Analysing the spectacle of food is also a way to investigate hierarchies of consumption and their topographical distribution.

The theme of materiality chosen by the CIHA organisers seems to us to be ideal for contributing to a history of gastronomy, considered in its visual, material and sensual dimensions, rather than in terms of literary or anthropological priorities. history of vocabulary and rhetoric, or a set of conventions or rules. The history of art has an essential role to play in understanding the gastronomic culture of major Western cities. While specialists in the art of the modern period have readily addressed the relationship between art and food, and if the 2015 Universal Exhibition « Feeding the Planet » gave the opportunity for a vast panorama (Arts & Foods. Rituali dal 1851, cat. exp. Milan, 2015), much remains to be done on the representations, performances and urban scenographies of food in the modern period.

This panel is open to a variety of topics including, but not limited to:

  • Feeding the flâneur\se : locations, menus, behaviour
  • The human face of gastronomy: waiters/waitresses, shop assistants…
  • Shopping for food and its itineraries
  • Food and sexual consumption
  • Palais-Royal, passages – alimentation, dégustation…
  • Les Halles and others markets
  • Street food : producers/consumers (cf. Cris de Paris)
  • Gastronomic tourism
  • Advertising, shop signs
  • Lightning food (nocturnal flânerie)
  • Dining clubs and elite sociability
  • Bohemia and its diet/appetites

 

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