Soutenance de thèse : Gabriel Batalla-Lagleyre, « Dessiner en société. Histoire culturelle des pratiques du dessin en amateur dans la France moderne, ca. 1590-1820 » (Paris, 7 juillet 2022)

Soutenance de thèse : Gabriel Batalla-Lagleyre, « Dessiner en société. Histoire culturelle des pratiques du dessin en amateur dans la France moderne, ca. 1590-1820 » (Paris, 7 juillet 2022)

Gabriel Batalla-Lagleyre soutiendra sa thèse de doctorat en histoire de l’art, intitulée :
Dessiner en société. Histoire culturelle des pratiques du dessin en amateur dans la France moderne, ca. 1590-1820
le jeudi 7 juillet 2022, 14h00, à l’INHA (salle Walter Benjamin).
Le jury est composé de :
M. Olivier Bonfait, Professeur d’histoire de l’art moderne, Université de Bourgogne (directeur) 

Mme Emmanuelle Brugerolles, Directrice d’études à l’EPHE, conservatrice générale du patrimoine (codirectrice)
M. Jan Blanc, Professeur d’histoire de l’art moderne, Université de Genève
M. Roger Chartier, Professeur émérite au Collège de France
Mme Marianne Cojannot-Le Blanc, Professeure d’histoire de l’art moderne, Université Paris Nanterre
Mme Kristel Smentek, Associate Professor of Art History, MIT
Mme Séverine Sofio, Chargée de recherche au CNRS, CRESPPA-CSU
 
La soutenance sera suivie d’un pot en salle Warburg. 
 
Pour toute question, s’adresser à gabriel_batalla@hotmail.fr
 
Résumé : 
La thèse porte sur l’émergence des pratiques du dessin en amateur dans la France moderne. De marginales et méprisées, ces pratiques deviennent alors dominantes. Pour étudier ce phénomène qui se joue par-delà les seuls « mondes de l’art », le travail reprend différents questionnaires de l’histoire culturelle : histoire de l’éducation, histoire des techniques et des représentations, sociologie critique, histoire sociale.

Grâce à un vaste corpus de sources et d’œuvres, l’enquête suit deux pistes principales, l’une éthique et l’autre épistémologique. Il s’agit, d’une part, de réévaluer la place du dessin dans l’épistémè des XVIIe et XVIIIe siècles, en considérant des pratiques graphiques longtemps oubliées (antiquaires, militaires, etc.) car exclues de la catégorie moderne des « beaux-arts », appréhendée selon un unique critère esthétique. Le dessin occupe alors une position centrale, avec une large portée cognitive, au sein d’une configuration des savoirs d’abord héritière du concept d’encyclopédie puis bouleversée à mesure de la spécialisation des connaissances à l’âge de la révolution scientifique puis au siècle des Lumières. Le travail analyse aussi comment cette conception du dessin s’articule avec les théories académiques, fondées sur le disegno, et les pratiques des artistes. La thèse contribue ainsi à l’enquête sur la libéralisation progressive des arts du dessin.

D’autre part, il s’agit d’étudier les bouleversements éthiques qui ont permis la diffusion des pratiques graphiques au sein des élites curiales et urbaines. La thèse interroge ainsi le poids du savoir et du mérite dans des définitions évolutives des fondements de la noblesse, la place du travail et du loisir, l’opposition entre les activités manuelles et intellectuelles et les évolutions du statut de l’activité artistique. Elle éclaire par ailleurs des mécanismes subtils de stéréotypes de genre, selon des clivages entre dilettantisme et pratiques utilitaires, sphère publique et domaine de l’intime. En outre, les œuvres permettent d’appréhender une culture matérielle et technique spécifique, qui diffère de celle des artistes de profession. Enfin, la thèse met en lumière certains usages de la sociabilité mondaine : quels lieux, publics ou semi-publics, sont investis par les pratiques graphiques ? Comment celles-ci participent-elles à des logiques de distinction culturelle et sociale ?

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