Soutenance de thèse : « Le peintre et le monument. L’invention du paysage urbain dans la peinture parisienne à la fin du Moyen Âge » (Amiens, 24 novembre 2017)
Démentant la théorie classique faisant du paysage un genre pictural inventé au XVIe siècle, l’histoire de l’art a montré que l’Europe avait exploré cette forme de représentation de l’espace depuis l’aube du XIVe siècle. Dès lors, les peintres ont cherché à ancrer leurs images dans la réalité en représentant des monuments qui, aujourd’hui comme hier, permettent d’identifier un lieu familier. L’exemple de la fresque du Bon Gouvernement de Sienne, dont la portée symbolique n’est plus discutée, est récemment encore revenu à l’avant-scène du débat. Aucune des quelque deux cents vues de Paris et de sa région réalisées entre 1290 et 1540 n’a connu une telle fortune historiographique. Certes elles sont pour la plupart dérobées au regard dans des livres illustrés et dans des documents figurés à finalité utilitaire, elles participent de la promotion de modèles monumentaux en cours de construction ou elles procèdent simplement de la volonté de l’artiste. Mais elles s’avèrent souvent plus réalistes que leurs équivalents italiens plus exposés. Le corpus en grande partie inédit ou méconnu réuni à l’occasion de ce travail impose ainsi un nouveau regard sur la nature protéiforme de l’activité picturale dans la capitale du royaume de France. L’étude qui leur est consacrée dans un dialogue entre les images, les descriptions littéraires de la ville et les sources documentaires met au jour les modèles, les promoteurs et les tendances de ce phénomène de genèse du paysage urbain, l’un des plus fascinants de l’histoire de l’art occidental. Elle révèle l’importance de la maîtrise du dessin chez les artistes les plus prisés pour leur talent de portraitiste de la ville. Cette thèse apporte donc un nouveau regard sur la figure du peintre à Paris à la fin du Moyen Âge, acteur clé d’une profonde mutation dans le rapport que l’homme entretient avec son environnement monumental.
Raphaële Skupien soutiendra sa thèse intitulée Le peintre et le monument. L’invention du paysage urbain dans la peinture médiévale à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe siècles), préparée sous la direction d’Étienne Hamon :
le vendredi 24 novembre 2017, à 14h – à Amiens, Logis du roi.
Le jury sera composé de Frédéric Elsig (Université de Genève), de Patrick Gautier Dalché (EPHE/CNRS), d’Étienne Hamon (Université de Lille 3), de Philippe Sénéchal (Université de Picardie) et de Camille Serchuk (Southern Connecticut State University).
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