Un nouveau site pour les historiens de l’architecture à l’époque moderne

« Rassembler pour mieux partager » pourrait être la devise d’une heureuse initiative nouvellement hébergée sur la toile internet qui ne sera pas sans intéresser les historiens de l’architecture : Early Modern Architecture (http://earlymodernarchitecture.com).

Comme l’expliquent les fondateurs de EMA, Freek Schmidt (Professeur agrégé à la Faculté des arts, Vrije Universiteit Amsterdam) et Kimberley Skelton (chercheur indépendant et docteur de l’Université Yale), ce site a pour but de mettre en place un « réseau rigoureux » et interdisciplinaire international ayant pour cadre de recherche l’architecture moderne de l’Europe et ses colonies, du XVe au XIXe siècle, à travers l’étude des dessins, de la théorie et des réalisations architectoniques. Cherchant à mettre en valeur les méthodologies qui relient l’histoire de l’architecture, l’histoire de l’art et les sciences humaines, cet organisme tend à collecter puis diffuser toute initiative savante ayant un rapport avec le champs couvert par le site.

Pour être le plus efficace possible, EMA se veut fonctionnel et facile d’utilisation. Les fondateurs ont choisi pour cela un moteur « wordpress » associé à un thème à la présentation assez simple, peut-être même quelque peu austère, mais ayant pour avantage une navigation aisée et ergonomique. L’internaute a donc à sa disposition neuf onglets (Home, EMA News, Research, Fellowship, Syllabi, Images, Bibliography, Resources et pour finir le classique « About EMA »), dépourvus de menu déroulant, ce qui limite et clarifie l’architecture du site.

Après cette rapide présentation formelle, venons-en à l’essentiel : son contenu. La principale vocation du site étant le partage et la diffusion des moyens propices à la valorisation de la recherche en histoire de l’architecture, chaque onglet héberge de précieuses données qui faciliteront le travail de chacun.

Le principal intérêt de ce site est à trouver dans « Research ». En effet, cette page rassemble des annonces pour des conférences, meetings, colloques et autres manifestations culturelles dispensées à travers le monde, telles des expositions ou présentations de nouveaux livres. Elle donne également l’opportunité aux chercheurs de participer à de futures rencontres scientifiques ou publications en proposant des appels à communication. Toutes ces informations sont mises à jour très régulièrement et les plus importantes sont rappelées sur la page d’accueil.

Toujours sous l’onglet « Research », le visiteur a accès à un registre international des thèses – en cours ou soutenues – traitant de l’architecture des siècles passés (voir post sur le blog de l’apahau). Le but de cette démarche est de donner la possibilité aux jeunes chercheurs de se créer des contacts et d’échanger sur des questions communes, transversales et méthodologiques. Toutefois, à ce jour, seulement près de quatre-vingt-dix thèses en cours et quatorze soutenues sont affichées. C’est encore peu mais prometteur. Les doctorants concernés sont donc invités à se manifester auprès du site pour se voir figurer sur cette liste. Cela permettrait entre autre de pouvoir faire un état clair des préoccupations de la recherche mondiale actuelle (contactez EMA à l’adresse suivante, emalistserv@gmail.com , en indiquant le titre de la thèse, nom(s) du/des directeur(s) de recherches, université(s) de rattachement ou structure de recherche).

Autre outil pratique, le site donne directement accès à une bibliographie des « grands classiques » de la littérature de l’histoire de l’architecture – certes non-exhaustive – classée par pays ainsi qu’une banque d’images (consultable seulement après avoir fait la demande auprès des administrateurs d’un mot de passe pour des raisons de droits d’auteur). Cette dernière est encore assez faible pour certains pays ou périodes, mais elle est complétée par de multiples liens vers d’autres banques d’images en ligne disponibles sous l’onglet « Resources », telles celle du CISA Andrea Palladio ou encore celle du Centre de Recherche du Château de Versailles. Cet onglet est également une source d’information considérable puisqu’il accueille de nombreux liens externes vers des bases de données permettant de consulter des ouvrages en ligne (Gallica, Architectura y figurent, par exemple) mais aussi des liens vers des instituts et organismes en relation avec l’histoire de l’architecture, allant de l’étude scientifique à la préservation du patrimoine.

Une autre qualité du site qu’il faut mentionner est que ses fondateurs ne se contentent pas de fournir seulement des outils de recherche aux jeunes chercheurs mais se préoccupent également de leur fournir des contacts afin de trouver les moyens financiers pour mener à bien leurs travaux. Aussi, divers services et possibilités de bourses doctorales, post-doctorales et aides à la publication couvrant des domaines dépassant le cadre strict de l’histoire de l’architecture, comme la littérature, la philosophie et la sociologie, sont disponibles sous l’onglet « fellowship ».

En somme, ce site est une véritable aubaine pour tous les doctorants et chercheurs spécialistes de l’architecture moderne. Véritable gain de temps, il regroupe en un seul lieu quasiment tous les outils et sites internet nécessaires à la recherche, à la diffusion des idées et fournit un accès à une quantité déjà importante d’informations propice au développement professionnel et intellectuel.

Toutefois, il est peut-être trop tôt pour effectuer une critique pertinente du EMA. De ce fait, étant encore à ses débuts, certaines pages sont encore trop peu garnies (banque d’images et bibliographie, par exemple). Cependant, sa souplesse d’utilisation permettra un perpétuel développement : comme le rappellent régulièrement ses fondateurs, fonctionnant sur l’idée de la participation, ceux qui souhaiteront apporter une contribution à cette initiative pourront enrichir le site par des informations sur des manifestations ou appels à communications qui leur auraient échappé. A ce titre, quand un nombre suffisant se sera manifesté, le site offrira prochainement un répertoire des chercheurs et directeurs de recherches en histoire de l’architecture, dans le but de toujours favoriser les échanges intellectuels. Il faudra faire le point dans un an pour mesurer ces avancées.

Enfin, les fondateurs du EMA ayant parfaitement compris que les réseaux sociaux étaient devenus des outils de communication faisant pleinement parti de notre quotidien, notons que toutes nouvelles informations mises en ligne sur le site, telles que les CFPs ou les conférences, sont diffusées – ou mieux « partagées » – sur Facebook et Twitter (comme le blog de l’Apahau). Voilà de quoi orner les « murs » de « posts » intelligents et profitables.


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