Un nouvel onglet sur le blog de l’APAHAU : Digital Art History

Un nouvel onglet sur le blog de l’APAHAU : Digital Art History

Dans le numéro 1 de Histoire de l’Art et Moyens informatiques (H.A.M.I.), il y a plus de 35 ans, Jacques Thuillier écrivait : « L’informatique s’est développée en capacité et en flexibilité d’une manière prodigieuse, et désormais elle est en mesure de répondre aux exigences de l’historien d’art. Bien plus: elle semble appelée à bouleverser – dans un avenir prévisible et qu’il faut dès maintenant préparer – les conditions de sa recherche, plus profondément peut-être que pour les autres disciplines, justement parce qu’elle résoudra des problèmes plus complexes et jusqu’ici insurmontables. Son aide pourrait bien se révéler aussi décisive pour l’histoire de l’art que l’intervention de la photographie voici plus d’un siècle. »

Force est de constater que, malgré le passage d’une génération, le bouleversement des outils et des méthodes n’a pas eu lieu, à la différence d’autres domaines, comme la critique littéraire ou l’histoire, sans parler d’autres sciences humaines comme la sociologie. Malgré des initiatives intéressantes (et il est vrai de plus en plus nombreuses) comme des équipes de recherches au CNRS et/ou à l’INHA (InVisu, lien ici ; la Cellule d’Ingénierie documentaire de l’INHA, lien ici), à l’ENS (artl@s : lien ici ), à l’Université de Lille (IRHIS, lien ici), à l’Université de Lyon 2 (LARHRA ; lien ici), diverses enquêtes menées grâce aux humanités numériques au Centre André Chastel de Paris-Sorbonne ou dans le labex CAP ou des séminaires sur le sujet (les lundis numériques de l’INHA ; L’histoire de l’art à l’heure du numérique et de la science ouverte), quelques formations, les liens entre informatique, web.2.0 et histoire de l’art se résument bien souvent à des publications en ligne, ou à la constitution de bases de données. Les potentialités offertes par les humanités numériques pour faire évoluer la discipline n’ont pas toujours été suffisamment perçues. Bien des doctorants actuels créent certes des fichiers word, savent à peu près manipuler les images, mais conçoivent encore leurs données et leur exploitation comme du temps des fiches classées dans des boites à chaussures …

Pourtant, la politique du Ministère de la culture avait été assez innovante en ce domaine, soutenant aussi bien les bases de données sur les collections et leurs mises en ligne, ou le programme de dépouillement des catalogues de vente conduit par Jacques Thuillier, un programme finalement réalisé par le Getty Research Institute. Et les évolutions récentes dans les modes d’utilisation du Provenance Index montrent bien tout ce que peuvent apporter les changements d’approches par rapport aux données, mais aussi la nécessité de penser les données parfois autrement, et en Open data. En France, pour l’instant, les humanités numériques en histoire de l’art sont peu humanistes : elles se réduisent trop à des champs hyperspécialisés et hautement scientifiques, comme les recherches en cours au C2RMF ou à la gestion de bases de données d’œuvres ou de reproductions photographiques (avec le problême du droit à l’image). La difficulté du traitement automatisé des images fait que les travaux en cours pour leur indexation porte sur des visuels faits par le grand public et disponibles sur les réseaux sociaux, ou est le fait de scientifiques, qui produisent des articles difficilement intelligibles par les historiens de l’art.

 

Le but de ce nouvel onglet, Digital Art History (pour des raisons de commodité et de visibilité, le nom anglais a été conservé) est justement de permettre et stimuler la curiosité et l’intérêt des historiennes et historiens de l’art envers les humanités numériques. Et ce par trois fenêtres :

  • ACTUALITES : tenir au courant de l’actualité de la recherche, des séminaires et colloques,
  • B-A-BA : fournir des outils de différents types pour s’initier aux humanités numériques : des powerpoints reprenant des enseignements universitaires ; des documents présentant de manière simple des processus d’analyse scientifique ; une liste (à venir) expliquant les multiples termes anglo-saxons ou acronymes utilisés (et parfois déroutants), ou des captations vidéo d’enseignements et de séminaires.
  • OUTILS ET RECHERCHES : offrir des présentations en français d’articles scientifiques publiés souvent en anglais par des spécialistes de « sciences dures », d’outils numériques (Palladio, etc. à venir) et de programmes de recherches.

 

Cet onglet est inauguré pour fêter la 200e lettre du blog de l’APAHAU. Il est réalisé avec l’aide d’Antoine Courtin  et Nicolas Gonthier, doctorant en cotutelle au sein de l’équipe IMAGES du LTCI de Télécom ParisTech. Comme tout le blog de l’APAHAU, il est naturellement ouvert à toutes et tous et se veut un lieu de communication et d’échange autour d’une nouvelle pratique et méthode de l’histoire de l’art : les humanités numériques, dans un esprit de laboratoire de recherche.

 

Olivier Bonfait
Rédacteur en chef du blog de l’APAHAU.

 

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