Workshop : « Bleu et blanc » d’inspiration chinoise. Porcelaines et faïences, entre sources visuelles et réalités matérielles (XVIe-XVIIIe s.) (Toulouse, 2018)

Workshop : « Bleu et blanc » d’inspiration chinoise. Porcelaines et faïences, entre sources visuelles et réalités matérielles (XVIe-XVIIIe s.)

(FRAMESPA (UMR 5136), thématique 3 

2018 – Université Toulouse Jean-Jaurès – UT2J

 

Responsables scientifiques :

Sophie DUHEM.

Émilie ROFFIDAL.

Workshop 2018 :

La production de « bleu et blanc » chinois ou « d’inspiration chinoise » constitue un objet d’étude significatif. Les fameuses porcelaines à glaçure Qinghua, fabriquées notamment à Jingdezhen (Jiangxi) durant l’époque Yuan, ont commencé à circuler au sein des cours européennes à l’aube du XVIe siècle. C’est seulement au cours du XVIIe siècle qu’elles furent l’objet d’un engouement plus large donnant lieu à la fabrication de copies sous la forme de céramiques de diverses qualités. De cette nouvelle « mode » sont nés des substituts inspirés des modèles chinois, accessibles aux bourses les plus modestes. Ainsi est apparu l’épiphénomène des faïences dites « au goût de la Chine » défini par Henri Amouric, Florence Richez et Lucy Vallauri (1999), goût autrement qualifié dans les sources des XVIIe et XVIIIe siècles par les termes « lachinage », « lachines », « façon de la Chine », avant l’emploi récurrent du substantif « chinoiseries » à partir des années 1840.

Objets de consommation courante ou pièces rares pour les collectionneurs, les « bleu et blanc » se retrouvent parmi les majoliques d’Anvers, les faïences italiennes, portugaises et espagnoles ; les faïences françaises de Montpellier, Moustiers, Marseille, Strasbourg, Nevers, celles de Delft, sans compter les porcelaines de Meissen, Sèvres, Limoges, etc. Si la mention de ces manufactures renommées renvoie à l’idée d’une production de luxe ou de semi-luxe, peut-être faut-il nuancer cette vision uniquement qualitative des objets « chinois ». Les « modestes » faïences italiennes ou portugaises aux décors inspirés de l’ornementation asiatique ont « inondé » les contextes de consommation du bassin méditerranéen. Les découvertes archéologiques, notamment en contexte maritime, renvoient d’ailleurs à une réalité moins tranchée, qui ne se limite pas à une pratique de consommation pour les tables les plus riches. Cargaison de la Compagnie des Indes ou vaisselle de bord de navires européens, les porcelaines asiatiques ont fait l’objet d’un commerce massif à travers toute l’Europe.

Les spécificités des « bleu et blanc » amènent à explorer quelques concepts omniprésents dans la littérature scientifique actuelle. Il s’agira, par exemple, de préciser la perception qu’a l’histoire de l’art de la « culture matérielle ». Cette notion, apparue initialement dans le champ de l’’archéologie médiévale, est vaste tant la nature, l’échelle, le contexte et le support de son étude recouvrent des réalités variées et polymorphes suivant les disciplines. La question des « circulations », des « transferts culturels » ou « artistiques » mais également des « réseaux » complètera ce tour d’horizon disciplinaire.

Séance I. État de l’art – Le 8 Février 2018

Cette première séance permettra d’examiner les méthodes ou les « outils » théoriques liés à l’étude de la production de porcelaines et de faïences de type « bleu et blanc » que l’historiographie – tant française qu’anglo-saxonne – explore depuis plusieurs décennies. Le premier objectif est de mettre en relation les spécialistes français et internationaux des « bleu et blanc », notamment ceux qui sont issus des institutions patrimoniales, du milieu universitaire ou de l’expertise. Il s’agit également de retracer le fil des réflexions menées depuis les années 1990, pour mieux saisir les enjeux divers et les orientations successives, abandonnées, renouvelées ou explorées jusqu’à aujourd’hui. Cette approche historiographique permettra également de confronter l’histoire de l’art aux champs disciplinaires au cœur desquels les objets tiennent une place omniprésente (archéologie subaquatique, histoire, ethno-histoire de l’art, anthropologie, etc.). Il s’agit d’une démarche pertinente pour mettre en lumière les complémentarités et les apports réciproques de ces disciplines, ainsi que les limites de ces croisements.

Séance II. De l’objet à l’image et de l’image à l’objet – Le 24 Mai 2018

La démarche retenue pour cette séance sera dans un premier temps d’identifier les supports visuels mettant en évidence les « bleu et blanc » (peintures murales, de chevalet, dessins, gravures, etc.), puis de mener une réflexion sur le recours aux sources iconographiques. Il est en effet fréquent que les chercheurs aient recours aux images pour identifier, dater et contextualiser les objets de collection ou trouvés en contexte de fouilles ; la démarche inverse qui consiste à partir des images pour rechercher parmi les vestiges matériels des objets correspondants est moins systématique (l’histoire du « Vase Gaignières », un Qingbaï identifié à partir d’un dessin du collectionneur, est à ce titre exemplaire). Ces rapprochements, qui conduisent souvent à la distinction de catégories fondées sur l’analyse typologique des décors, des formes ou encore des usages, méritent d’être examinés. L’iconographie rend compte de modes d’utilisation variés des « bleu et blanc » à décor chinois : collectionnisme, affichage social, consommation courante, etc. ; ainsi les « bleu et blanc » chinois des natures mortes françaises ou hollandaises du XVIIe siècle sont fréquemment associés à la présentation des fruits à table. Il est cependant délicat de conclure à un usage exclusif de ces plats au moment du service des desserts. Ce serait méconnaître les pratiques d’ateliers et les habitudes des peintres, graveurs ou dessinateurs, comme les usages des cours princières ou des milieux bourgeois. L’intégration des objets dans des scènes de genre ou dans la peinture d’histoire relève d’autres logiques qu’il importe aussi de distinguer. L’analyse des mises en scènes iconographiques, des lieux choisis, des contextes sociaux, des typologies d’objets représentés, etc. ne peut que nourrir les échanges attendus lors de cette journée.

La proposition se fait par retour de mail aux deux adresses suivantes :

sduhem@wanadoo.fr

emilie.roffidal@orange.fr

Elle devra comporter un résumé d’une quinzaine de lignes ainsi que quelques indications bibliographiques.

Date limite d’envoi de la proposition : Vendredi 24 Novembre 2017

La participation à cette manifestation pourra prendre la forme :

– soit d’une communication à l’UT2J (voir plus haut les dates indiquées) suivie d’un dépôt de la communication sous forme écrite (publication sous réserve d’approbation) ;

– soit d’un article directement soumis aux organisateurs, en vue de la publication qui sera issue de ces journées.

 

 

 

 

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