XVIe Ecole de Printemps d’histoire de l’art : « Art et Politique » (Nanterre, 18-22 juin 2018)

XVIe Ecole de Printemps d’histoire de l’art : « Art et Politique » (18-22 juin 2018)

Bâtiment Max Weber, Campus universitaire de Nanterre, 200 avenue de la République, 92001 Nanterre (RER Nanterre-Université)

Mercredi 20 juin au Centre allemand d’histoire de l’art, Hôtel Lully, 45 rue des Petits Champs, 75002 Paris

Programme détaillé disponible à cette adresse : https://www.parisnanterre.fr/actualite-de-la-recherche/art-et-politique-xvie-ecole-de-printemps-d-histoire-de-l-art-841197.kjsp

L’étude des rapports entre art et politique est toujours peu ou prou marquée du soupçon du fonctionnalisme. Évoquer la « fonction politique de l’art », serait en réduire la portée esthétique, sacrifier la forme sur l’autel d’un principe extérieur, plaquer sur l’oeuvre une vision instrumentale. La notion de « propagande », abondamment utilisée par les historiens, est emblématique de cette réduction du visuel au message qu’impose l’insertion de l’art dans la cadence de l’histoire politique. Ce que le politique fait à l’art est alors envisagé comme une perte – de l’esthétique, de la forme, de l’autonomie de l’art. Tout se passe comme si se rejouaient ici les anciennes querelles qui entouraient jadis la réflexion sur la « destination sociale » de l’art ; comme s’il fallait aussi maintenir la possibilité pour l’art d’être le dernier refuge de la liberté.

De récents travaux font néanmoins apparaître un nouveau type de convergence entre l’histoire et l’histoire de l’art, qui nous amène à repenser les termes de la réflexion. D’un côté, les historiennes et historiens du fait politique semblent renouer avec une démarche nourrie dès ses origines par l’anthropologie, pour qui les symboles ont des conséquences sur le monde réel. Les rituels politiques, emblèmes, cultures visuelles ou artistiques contribuent au fait politique non comme simple reflet ou expression du déroulement historique, mais en tant qu’ils sont pris dans une chaîne événementielle complexe. Pour ces derniers, la vie et la puissance des symboles se mesurent aux bouleversements qu’ils produisent dans le monde social. D’autre part, en écho à cette histoire, répond, dans la discipline de l’histoire de l’art, du théâtre, de la photographie et du cinéma, un intérêt renouvelé, rafraîchi pour une tradition qu’on croyait révolue, l’histoire sociale de l’art, attachée à ancrer la production artistique comme les discours sur l’art et l’historiographie dans les mouvements politiques et sociaux. Au croisement de ces deux trajectoires se pose une question : celle de l’art comme mode d’intervention politique.

Si l’on définit le politique comme le lieu de l’expression des dissensions, des désaccords, comme le moment où se rencontrent des positions contraires, alors il est possible de sortir d’une vision intentionnaliste selon laquelle l’art serait l’affirmation symbolique d’un pouvoir, d’une souveraineté, d’un message politique ; de comprendre comment l’art agit sur les frontières, les zones de frottement, les moments conflictuels, comment il partage et dé­partage la chose publique. Il s’agit en somme de renverser la position pour s’interroger sur ce que l’art fait au politique. Quelles transformations l’art produit-il sur les institutions, les groupes, les partis, les classes sociales ?

Cinquante ans après le formidable essor de l’histoire sociale de l’art, qui coïncidait avec celui de l’anthropologie, de nouveaux questionnements ont émergé, de nouveaux territoires se sont ouverts. L’héritage des visual stu­dies et de la pensée foucaldienne, l’assimilation tardive des cultural studies, l’importance croissante de la géographie artistique, de la sociologie des réseaux, de l’histoire transnationale à l’ère de la mondialisation : autant de facteurs qui ont fait évoluer les méthodes de l’histoire de l’art pour définir à nouveau frais l’action de l’art sur le politique. (Christian Joschke)

 

Programme :

Lundi 18 juin 2018

Après-midi : Résistances

14h : Sabine Girg (KU Eichstätt-Ingolstadt/Universität Heidelberg), Die fotografische Konstruktion des „Zigeuners“ im Schatten des Krimkrieges

14h40 : Nathalie Cau (Université Paris Nanterre), « Mir zeynen do ! » (« Nous sommes là !»), le déguisement d’Hitler à Landsberg-am-Lech, Pourim 1946 : fictions, documentaire et revendication

15h20 : Diletta Moscatelli (Aix-Marseille Université), Le Museo dell’Altro e dell’Altrove di Metropoliz : un exemple de mise en visibilité de la cause des pauvres ?

Discutante : Ilaria Fornacciari (Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis)

16h : Pause

16h20 : Lucas Iannuzzi (Università degli Studi di Pisa), Lidio Cipriani et les images de l’altérité

17h00 : Dortje Fink (Humboldt Universität zu Berlin), Politische (Un-)Korrektheit im Werk von Sebastião Salgado und Boris Mikhailov

Discutante : Clara Bouveresse

17h40 : Visite de La contemporaine et présentation du projet de construction de bibliothèque – archives – musée des mondes contemporains sur le campus de Nanterre avec Valérie Tesnière, directrice de La contemporaine

18h30 : Faire et arpenter l’histoire de l’université de Nanterre : visite du campus

 

Mardi 19 juin 2018

Matin : Empires, territoires, dominations

9h : Sofia Navarro (EHESS, École des hautes études en sciences sociales, Paris), La série de tableaux de castes (1763) du peintre mexicain Miguel Cabrera au-delà de la propagande coloniale

9h40 : Anna Perreault (Université de Montréal), TOTIUS GRAECIAE DESCRIPTIO : définition du territoire grec et patriotisme dans une carte du XVIe siècle

10h20 : Gabrielle Marcoux (Université de Montréal), Re-spatialisation des corps colonisés dans l’art autochtone actuel au Canada : Souveraineté territoriale, rhétorique et mémorielle

Discutante : Bronwen Wilson (University of California Los Angeles)

11h : Pause

11h20 : Lauren Taylor (UCLA, Los Angeles), Art and Building Blocs in Dakar: Cold War Politics at the Premier Festival Mondial des Arts Nègres

12h : Marjan Tajeddini (ENS de Paris), Comment la politique fit son apparition dans l’art moderne en Iran

12h40 : Alessandra Amin (UCLA, Los Angeles), Forms of Resistance: Art within the Palestinian Liberation Organization, 1964-1982

Discutante : Anne Lafont (EHESS, Paris)

13h10 : Déjeuner

Après-midi :

14h30 : Visite de Nanterre sous la conduite d’Alain Bocquet (président de la Socié­té d’histoire de Nanterre)

Nationalismes et dictatures

16h10 : Costanza Ballardini (Università Cattolica del Sacro Cuore, Milan), Lo sviluppo delle collezioni del Musée du Jeu de Paume come catalizzatore di sensibilizzazione estetica e civile negli anni tra le due guerre

16h50 : Hélène Duret (ENS-Ulm / École du Louvre, Paris), Les expositions d’art « dégénéré » et leur réception en France

17h30 : Max Bonhomme (Université Paris Nanterre), La communication graphique du régime de Vichy (1940-1944) : entre imagerie populaire et « modernisme réactionnaire »

Discutante : Gloria Guirao Soro (Université Paris 8 / Universitat de Barcelona)

18h10 : Pause

18h30 : Table-ronde : Repenser le politique. Biopolitique et formes-de-vie – de Foucault au débat actuel. Guillaume Le Blanc (Université Paris Est Créteil) et Judith Revel (Université Paris Nanterre), animée par Michael F. Zimmermann (KU Eichstätt-Ingolstadt)

 

Mercredi 20 juin 2018

Lieu : Centre allemand d’histoire de l’art, Hôtel Lully, 45 rue des Petits Champs, 75002 Paris

Matin : Contestations

9h30 : Thomas Helbig (Humboldt Universität zu Berlin), „Wir müssen politisch Filme machen“ – Das Jahr 1968 als Wendepunkt im Werk von Jean-Luc Godard

10h10 : Sarah Alberti (Bauhaus Universität, Weimar), Momentaufnahme im deutschen Vakuum. Das Ausstellungsprojekt „Die Endlichkeit der Freiheit“ in Berlin im Jahr 1990

Discutant : Bruno Grimm (KU Eichstätt-Ingolstadt)

10h50 : Pause

11h : Table-ronde : « Exposer les luttes sociales » avec Philippe Artières (directeur de recherche au CNRS), Éric de Chassey (directeur général de l’INHA) et Valérie Tesnière (directrice de La Contemporaine) animée par Christian Joschke (Université Paris Nanterre)

12h30 : Déjeuner

Après-midi : Contestations (suite)

14h : Alessandra Franetovich (Università di Firenze) : L’archivio come dispositivo di auto-istituzionalizzazione artistica: Vadim Zakharov e l’archivio del concettualismo moscovita

14h40 : Frédérique Desbuissons (Université de Reims Champagne-Ardenne), Soyons réalistes, demandons l’impossible ! Gustave Courbet en 1968

Discutante : Caterina Caputo (Università di Firenze)

 

Jeudi 21 juin 2018

Matin : Révolutions et républiques

9h30 : Noémi Duperron (Université de Genève), Tuer le Tyran (1791-1795) : reconnaissance et mort de l’homme politique

10h10 : Violaine Joëssel (Université de Genève), La peinture d’histoire américaine à l’heure du bipartisme : les exemples de John Trumbull et Charles Willson Peale

10h50 : Anna Bernardi (Università della Svizzera Italiana, Lugano), La politica della memoria non costruita Due progetti per monumenti non realizzati a New York City e a Washington D.C.

Discutant : Diogo Rodrigues de Barros (Université de Montréal)

11h30 : Pause

11h50 : Ghislaine Glasson Deschaumes, Présentation du LabEx « Passés dans le présent »

12h30 : Déjeuner

Après-midi : Légitimités

14h : Bérénice Bouty (Université Paris-Sorbonne), Rendre à César : quelques hypothèses sur les enjeux socio-politiques du phénomène de « visage d’époque »

14h40 : Francesca Padovani (Università degli studi di Trento), Un ritratto legittimo per confermare una presenza “illegittima”: le statue degli Asburgo nella Hofburg di Bressanone (1596-1601)

Discutante : Émilie Blin (Université Paris Nanterre)

15h20 : Pause

15h40 : Angela Benza (Université de Genève), « When power to flattery bows » : Politique en performance dans les portraits-imprese des courtisans élisabéthains

16h20 : Romain Thomas (Université Paris Nanterre), La fiancée hollandaise. Usages politiques de la symbolique visuelle du mariage dans les Provinces-Unies au XVIIe siècle

17h : Christian Michel (Université de Lausanne), Présentation de la base de donnée « Art et démocratie (1789-1792) »

Discutante : Marianne Cojannot-Le Blanc (Université Paris Nanterre)

17h40 : Pause

18h00 : Conférence de Thomas Gaehtgens (directeur du Getty Research Institute), Le Bombardement de la Cathédrale de Reims en 1914

Introduite par Jean-François Balaudé, Président de l’Université Paris Nanterre, présentée par Ségolène Le Men, Présidente de la Fondation de l’Université Paris Nanterre

 

Vendredi 22 juin 2018

Matin : Engagements

9h00 : Chinami Fukao (Université de Kyoto), Camille Pissarro et l’anarchisme : « Acte d’image » dans La Cueillette des pommes

9h40 : Ayaki Saeki (Université de Tokyo), Boccioni’s Beata Solitudo Sola Beatitudo and the Politics of Modernity

10h20 : Clément Paradis (Université Jean Monnet, Saint-Étienne), Félix Thiollier, du livre à la photographie : un renversement des axes politiques de la représentation

Discutante : Aurélie Petiot (Université Paris Nanterre)

11h : Pause

11h20 : Katarzyna L. Gorska (Ruhr Universität, Bochum), Les poèmes de circonstance: Claude Cahuns situationsbedingte Kunst

12h : Camilla Froio (Università degli Studi di Firenze, Pisa e Siena), Un’apologia marxista dell’astrattismo: il Laocoonte di Clement Greenberg (1940)

12h40 : Svetlana Montua (Université Paris Nanterre), L’exposition comme médium ?

Étude de cas : l’exposition d’art contemporain français à Belgrade en 1952

Discutante : Eva Verkest (Université Paris Nanterre)

 

Comité organisateur :
Pour la France : Frédérique Desbuissons (Université de Reims), Elitza Dulguerova (Paris, INHA), Béatrice Joyeux-Prunel (ENS-Ulm, Paris), Anne Lafont (EHESS, Paris), Christian Joschke et Ségolène Le Men (Université Paris Nanterre)
Pour l’Allemagne : Thomas Kirchner (Centre allemand d’histoire de l’art, Paris), Michael F. Zimmermann (Katholische Universität Eichstätt-Ingolstadt) et Iris Lauterbach (Zentralinstitut für Kunstgeschichte, Munich)
Pour l’Italie : Marco Collareta (Università degli Studi di Pisa) et Maria Grazia Messina (Università degli Studi di Firenze)
Pour la Suisse : Jan Blanc (Université de Genève)
Pour le Japon : Atsushi Miura (Université de Tokyo) et Noriko Yoshida (Université Chuo, Tokyo)
Pour le Canada : Johanne Lamoureux (Université de Montréal)
Pour les États-Unis : Todd Porterfield (New York University), Bronwen Wilson (UCLA, Los Angeles) et Henri Zerner (Harvard University).

Coordination : Emilie Malouvier

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