Appel à communication : journée d’études « Aménagement intérieur et cohabitation des styles aux époques modernes et contemporaines »
(Paris, Institut national d’Histoire de l’Art, salle Vasari, 19 mars 2018)
Cette journée d’études interrogera l’adaptation dans un espace domestique, de façon usuelle et pragmatique, d’objets qui n’étaient originellement pas destinés à se rencontrer, en jouant malgré ou avec leur dissemblance. Ce thème a été récemment mis à l’honneur par la Galerie des Gobelins lors de l’exposition À table avec le mobilier national[1], où les peintures, cartons et tentures du XVIIIe siècle de la manufacture royale encadraient 50 ans de création mobilière de l’Atelier de Recherche et de Création (1964-2014).
Si, dans le domaine de l’histoire de l’art, il est courant de rencontrer des exemples d’intérieurs où l’harmonie décorative a pu être conçue selon l’idéal d’ « œuvre d’art totale », c’est ici un versant opposé qui sera observé. Il s’agira de s’intéresser aux assortiments dans un même espace d’objets d’époques différentes, et aux réflexions alimentées par ses rapprochements inattendus, parfois surprenants.
À quel moment, par exemple, a-t-il été envisagé que le mobilier du XVIIIe siècle puisse s’associer et s’harmoniser avec la peinture impressionniste ? Une telle pratique, si anodine dans bien des cas, a-t-elle seulement été théorisée en amont ou a posteriori ?
Ce sujet est lié à une histoire du goût. Si quelques publications consacrées à l’aménagement de l’espace domestique des collectionneurs ont pu nous désigner des particuliers ayant souhaité harmoniser un mobilier ancien à une collection d’œuvres d’art moderne, a contrario les exemples de mobilier moderne confronté à des œuvres anciennes pourront aussi être convoqués dans le cadre de cette journée.
Loin du mécanisme historiciste, déjà bien étudié pour le XIXe siècle par exemple (décor et mobilier à l’antique, néo-gothique ou néo-Renaissance), le débat se concentrera ici sur la nécessité pratique pour un collectionneur, marchand ou particulier, de composer un intérieur, à partir de tableaux modernes et de mobilier ancien, ou inversement, c’est-à-dire d’éléments a priori disparates par leur âge, leur forme ou leur usage.
Cette thématique soulève bien des questions sur la flexibilité des beaux-arts et des arts décoratifs, et confronte les valeurs et/ou pratiques associées à l’œuvre d’art, assimilée à un élément décoratif, ainsi qu’à l’objet d’art utilitaire, également apprécié pour ses qualités plastiques.
Si composer un intérieur peut s’étendre de l’espace privatif à l’atelier d’artiste, ou encore aux démonstrations d’espaces domestiques dans une galerie marchande, l’étude pourra encore prendre en compte la diffusion publique de ces espaces par l’image. L’enjeu de cette journée consistera également à définir quel type de support a pu participer à cette transmission. La littérature et la presse jouent par exemple un rôle notable dans la circulation de ces vues d’intérieurs et des valeurs qui leur sont associées.
La journée d’études propose notamment – mais non restrictivement – plusieurs axes de réflexion :
- Adaptabilité, flexibilité, ou caractère modulable des tableaux et des objets d’art ;
- Migration ou confusion des valeurs et des comportements spéculaires et pratiques face aux peintures et au mobilier ;
- Auctorialité et motivations créatives et récréatives du collectionneur et du décorateur.
Les propositions qui étendraient la perspective à d’autres formes d’objets de collection, et en particulier à la sculpture, seront également étudiées avec le plus grand intérêt.
Lieu et date : Institut national d’histoire de l’art, salle Vasari, 19 mars 2018.
Propositions de 500 mots + CV à envoyer d’ici le 6 novembre 2017 à l’attention de Barbara Jouves (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Hadrien Viraben (université de Rouen et université Paris-Nanterre) aux adresses suivantes : Barbara.Jouves@univ-paris1.fr ou hadrien.viraben@gmail.com
[1] A table avec le Mobilier national, exposition du 18 novembre 2014 au 18 janvier 2015, Paris, Galerie des Gobelins.
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