Appel à communication : « Architecture et signification : le dessein du projet architectural » (Paris, 7 juin 2018)

L’architecture signifie, mais d’où lui vient son sens ? Peut-on penser sa signification comme le produit d’une intention qui serait à l’œuvre, dès le stade du projet ? Et si c’est le cas, comment définir cette intention, et comment comprendre la manière dont celle-ci prend forme et se spatialise ? Cette journée d’étude cherche à dépasser le cadre de l’herméneutique des formes construites, déjà considérablement étayée par des théoriciens comme Norberg-Schulz ou Zevi[1] et des philosophes inspirés par Hegel[2], Heidegger[3] ou Goodman[4], pour aborder la signification de l’architecture à partir du projet.

Un bâtiment est en effet toujours orienté par une fin, et n’apparaît comme architecture qu’à condition que cette intention symbolique soit perçue. Il peut s’agir a minima du programme, mais aussi d’une intention mémorielle, religieuse ou politique, qui fait la singularité de chaque projet et donne son sens au bâtiment achevé. « Les plans de l’architecture sont les premiers messagers d’une pensée spatiale » affirme Jean Attali[5], et c’est cette pensée que nous souhaiterions saisir avant que celle-ci ne se fige et s’aliène dans l’œuvre réalisé.

« Souviens-toi de l’impression que t’a faite une bonne architecture, à savoir l’impression d’exprimer une pensée. Elle aussi on aimerait la suivre du geste[6] » nous dit Wittgenstein dans ses Remarques mêlées. Le projet représente en effet le moment déterminant de la pratique architecturale, liant le commanditaire à l’architecte, et dont l’élément fondateur réside dans l’intelligibilité d’une pensée et de son expression. Mais les notions même de pensée et d’intention sont-elles pertinentes pour définir ce processus créateur ? Un projet n’est en effet jamais l’œuvre d’un seul : s’agirait-il dès lors de penser son « intention » au pluriel et de la considérer comme une conjonction ou une synthèse, ou encore comme le lieu de débats ou le résultat d’un conflit ? De même, que penser de ces bâtiments qui sont littéralement des œuvres du geste, ces Architectures sans architectes[7], pour paraphraser Rudofsky, dans laquelle l’intention signifiante semble inconsciente et se confondre avec l’exécution matérielle du « projet » lui-même ?

Afin de saisir ces interrogations, cette journée d’étude entend valoriser la transdisciplinarité et de réunir des chercheurs de différents domaines (philosophes, historiens et théoriciens de l’architecture) ainsi que des professionnels (architectes, mais aussi paysagistes et urbanistes) pour tenter de cerner la nature de cette intention signifiante et définir ainsi un symbolisme architectural « en acte », saisi sur le vif. Il s’agit d’explorer l’évolution de cette intention à tous les stades du projet et selon tous ses modes d’expression (plan, dessin, modélisation numérique, maquette, textes) pour penser la création architecturale comme la genèse consciente ou inconsciente d’un sens. Loin de nous en tenir à une vision de l’architecture qui ferait de celle-ci un objet clos sur lui-même, nous encourageons les approches qui prendront en compte le caractère relationnel de ses manières de signifier et qui penseront la manière dont le sens d’un projet se découvre en s’inscrivant dans une ville, un paysage, ou une histoire.

 

Modalités de proposition

Les propositions de communication (résumé de 1 500 signes précisant le titre de la communication, les sources qu’elle mobilise et les points forts de son argumentaire), accompagnées d’un court curriculum vitae (notice de 500 signes précisant le nom sous lequel l’intervenant souhaite être cité, un contact téléphonique, un courriel et son affiliation institutionnelle), sont à adresser au plus tard le 25 mars 2018, et être envoyés conjointement à :

Justine François (doctorant Université Paris I – Panthéon Sorbonne, ED 441, HiCSA) justinefrancois@free.fr

Hugues-Antoine Naïk (doctorant Université Paris I – Panthéon Sorbonne, ED 280, CEPA) huguesantoine@msn.com

 

Calendrier

Retour des propositions : 25 mars 2018

Date de la journée d’études : 7 juin 2018 (UFR de Philosophie, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, salle Cavaillès, escalier C, 17 rue de la Sorbonne, 75006 Paris)

Journée d’études organisée par Hugues-Antoine Naïk (doctorant Université Paris I – Panthéon Sorbonne, ED 280, CEPA) et Justine François (doctorante Paris I – Panthéon Sorbonne ED 441, HiCSA).

Institutions partenaires : Ecoles doctorales d’Histoire de l’Art et de Philosophie de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne (laboratoire HiCSA et CEPA) et l’Institut National d’Histoire de l’Art.

[1] Christian Norberg-Schulz, La signification de l’architecture occidentale, Bruxelles, éd. Pierre Mardaga, 1977, Bruno Zevi, Apprendre à voir l’architecture, Paris, éd. de Minuit, 2010.

[2] G.W.F. Hegel, Introduction à l’esthétique, trad. Samuel Jankélévich, Paris, éd. Flammarion, 2009.

[3] Martin Heidegger, « Bâtir, habiter, penser » in. Essais et conférences, trad. André Préau, Paris, Gallimard, 1973, p.170. Il est à noter cependant que l’approche d’Heidegger, centrée sur la signification de l’acte de construire (Bauen) est plus proche de celle que nous proposons.

[4] Nelson Goodman, Languages of Art, Indianapolis, Hackett Publishing Company, 1976.

[5] Jean Attali, Le plan et le détail. Une philosophie de l’architecture et de la ville, Nîmes, éd. Jacqueline Chambon, 2001 p. 9.

[6] Ludwig Wittgenstein, Remarques mêlées, Paris, trad. G. Granel, éd. Flammarion, 2002 p.79

[7] Bernard Rudofsky: Architectures sans architectes, Paris, éd. du Chêne, 1977

 

Source : http://umrausser.hypotheses.org/6739

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