Appel à communication : « Art et conflit »

university of virginia 193 logoQualifier une œuvre d’ « art » revient souvent à remettre en question la notion d’art elle-même. Lorsque le ballet d’Igor Stravinsky Le Sacre du printemps fut représenté pour la première fois à Paris en 1913, ses sombres mélodies et sa chorégraphie moderne amenèrent l’élite culturelle française à siffler et huer cette œuvre à cause de son audace, au point de provoquer une émeute. Les arts visuels peuvent de la même façon bousculer la sensibilité de leur audience, comme en témoigne par exemple le choc créé par les célèbres parties génitales de L’Origine du monde de Gustave Courbet, ou la photographie d’Andres Serrano intitulée Piss Christ, qui montre un crucifix immergé dans l’urine de l’artiste. De même, la littérature fonctionne comme une mise en question de ce que l’on peut considérer comme de l’art. En plus d’avoir gagné le Prix Goncourt en 2006, le roman Les Bienveillantes de Jonathan Littell a également reçu la quelque peu douteuse récompense “Bad Sex in Fiction”, décernée par The Literary Review. Il semble clair que dans les arts musical, visuel et littéraire, les œuvres qui frappent un individu comme étant artistiques portent souvent en elles une capacité à provoquer des sentiments de choc, de gêne et de dégoût chez un autre individu. Qualifier un objet culturel d’ « art » devient alors souvent problématique.

Et que fait-on de l’espace dans lequel nous choisissons d’exposer ces objets que nous considérons comme art ? Le musée, qui est un espace dans lequel une culture (voire la Culture) est reconnaissable et reconnue, clarifie souvent les paramètres qui définissent les valeurs et idées de goût d’un groupe donné. Parmi les caractéristiques notoires de n’importe quelle culture ou nation, il y a les divers objets artistiques, à la fois pratiques et esthétiques, produits par les personnes de cette nation. Aux yeux du visiteur, le musée peut représenter la culture donnée dans son intégralité sans exiger de réflexion sur la sélection particulière des objets dans un tel espace. Pourtant, la mise entre quatre murs de la culture requiert un choix, à savoir, d’une part, quels objets rendent le mieux compte de la culture, et comment la réunion de ces œuvres affectera le visiteur, potentiellement étranger à cette culture. Est-ce qu’un objet (film, roman, tableau, etc.) peut communiquer de manière précise et appropriée à une personne extérieure une idée de la culture d’où il provient ? Est-ce que cette compréhension culturelle se trouve altérée lorsqu’on fait dialoguer certains de ces objets ensemble, ou avec l’histoire de cette culture plus largement ? Quel type de compréhension est-ce qu’une personne extérieure peut recevoir de la culture en question ? Enfin, pour la musique et la littérature, efforts créatifs qui ne possèdent pas d’espace d’exposition permanent, comment la notion de “canon” influence-t-elle à la fois les perspectives intérieures et extérieures de ce qu’une culture regarde comme de l’art ?

Cette conférence propose aux jeunes universitaires et étudiants au niveau M.A. ou PhD de toutes disciplines à s’interroger et commenter les nombreuses manières dont l’art crée, résout et aborde le conflit. Les organisateurs encouragent les participants à adopter une approche interdisciplinaire pouvant inclure des champs d’étude tels que les langues, la littérature, l’histoire, l’art, l’histoire de l’art, la musique, etc.

Une liste des sujets possibles inclut (mais ne se limite pas à) :

·       Le mauvais art et l’art raté

·       L’espace du musée

·       L’art montrant le conflit

·       L’art qui engendre le conflit

·       La traduction comme art

·       L’impossibilité de traduire

·       Controverses artistiques

·       Choix et sélection des conservateurs de musées

·       L’objet culturel

·       Collectionner, collection(s)

·       Définir l’authenticité

·       La critique comme art

Veuillez soumettre vos propositions (350 mots) par email à artandconflictuva2014@gmail.com avant le 31 janvier 2014. Les communications pourront être en français ou en anglais, et ne devront pas dépasser vingt minutes. Les propositions devront inclure le titre de la communication, le nom du communicant, son contact ainsi que ses affiliations universitaire et départementale.

Une conférence organisée par les étudiants gradués du

département de français de l’Université de Virginie.

Charlottesville, Virginie, 4-6 avril 2014

 

 

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