Appel à communication : « Arts et sociabilités lyonnaises au XIXe siècle » (Lyon, 3 juin 2019)

Journée d’études

« Arts et sociabilités lyonnaises au XIXe siècle »

Musée des Beaux-arts de Lyon (3 juin 2019)

 Dans l’une des Lettres à David de 1819, son auteur probable Henri de Latouche décrit la présence d’une nouvelle génération d’artistes lyonnais et avertit son maître en exil, non sans ironie : « S’il est vrai que l’émulation soit la mère des succès, nous devons prévoir qu’avant peu l’école de Lyon (…) rivalisera avec celle de Paris » (p. 184). Deux cents ans plus tard, comment considérer à nouveaux frais l’« école de Lyon », appellation maintes fois redéfinie, contestée et abandonnée à une histoire locale de l’art ?

Cette journée d’études entend réévaluer l’école artistique de Lyon durant le long XIXe siècle, en prenant en considération les réseaux de sociabilités qui ont permis l’éclosion de générations d’artistes, de collectionneurs et de critiques d’art peu connus. Comme le souligne Pierre Vaisse à l’occasion de l’exposition Le temps de la peinture en 2007, l’école de Lyon apparaît à la suite de la constitution d’institutions publiques de formation et de diffusion de l’art en Province, à l’origine de la reconnaissance de maîtres et d’élèves. Le tropisme lyonnais au style minutieux et réaliste, avec la première génération d’artistes lyonnais comme Pierre Révoil et Fleury Richard, est supplanté par un second tropisme spiritualiste et brumeux, selon la critique bien connue de Baudelaire de 1855, portant sur l’art philosophique et hiéroglyphique de Paul Chenavard et Louis Janmot. La carrière nationale de la troisième génération d’artistes lyonnais, Pierre Puvis de Chavannes en tête, finit de rendre l’appellation de l’école lyonnaise bien plus nébuleuse. L’appellation recouvre également, dans le domaine des arts décoratifs, la volonté de définir une production locale de bois sculptés. Les expositions lyonnaises du dernier quart du siècle, relayées par les collectionneurs et les musées, sont fortement marquées par le souci de circonscrire un atelier régional.

Qu’en est-il des réseaux de collectionneurs lyonnais tant dans le domaine des beaux-arts que des arts décoratifs, dont les collections ont souvent été dispersées en France et à l’étranger, et leurs rôles dans la vie artistique lyonnaise ? Quelle a été l’évolution des foyers de création et de diffusion de l’art, à partir de l’épicentre du palais Saint Pierre (actuel musée des beaux-arts), en rapport avec l’émergence d’un marché de l’art lyonnais ? De quelle manière l’école de Lyon a été accueillie par ses publics lyonnais (amateurs, bourgeoisie et aristocratie locales) ? Quelle place ont tenu les revues artistiques, littéraires et spiritualistes dans l’émergence de réseaux de sociabilités portant sur les arts à Lyon au long du XIXe siècle ? Quelle a été la place des femmes dans ces réseaux de sociabilité, de leur accueil et de leur rôle dans l’émergence d’un art lyonnais ?

Au-delà du bilan historiographique, nous souhaitons plus particulièrement interroger ces réseaux de sociabilités en lien avec une histoire des mentalités, des goûts et des rapports sociaux : rivalité, émulation, mise à l’écart, amitiés, relations sentimentales, chauvinisme, orgueil, autoritarisme, communautarisme…

 

Plusieurs pistes pourront être évoquées :

– histoire du collectionnisme lyonnais, en lien avec l’histoire institutionnelle du musée des beaux-arts et du musée des tissus et des arts décoratifs, des réseaux de création et de diffusion artistiques.

– histoire des revues spécialisées, considérées comme espace de dialogue artistique, politique et spirituel.

– histoire des sociabilités artistiques : rapport entre maître et élève, sociabilités féminines, les salons et les lieux marchands, rôle du mécène, du collectionneur et du galeriste dans la carrière artistique.

 

Les propositions composées d’un titre et d’un résumé d’environ 500 mots, ainsi qu’un CV indiquant nom, institution et publications importantes doivent être envoyés avant le 31 janvier 2019 à l’adresse suivante : damien.delille@univ-lyon2.fr et marion.falaise@univ-lyon2.fr

 

Organisation :

Damien Delille et Marion Falaise, Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes

(LARHRA) UMR 5190

 

 

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