Appel à communication : Colloque international « La Méditerranée des artistes. Une modernité critique. 1880-1945 » / Call for papers : « The Mediterranean of the artists. A critical modernity, 1880-1945 » (Grèce, 10-11 octobre 2019)

Appel à communication : Colloque international « La Méditerranée des artistes. Une modernité critique. 1880-1945 » / Call for papers : « The Mediterranean of the artists. A critical modernity, 1880-1945 » (Grèce, 10-11 octobre 2019)

Institut d’Etudes Méditerranéennes FO.R.TH. (Réthymno, Grèce), 10 et 11 octobre 2019

Les historiens de l’art ont depuis longtemps adopté les outils de l’histoire des idées, des échanges et des transferts. Ils ont ainsi pu remettre en question la partition entre « centre » et « périphérie » et nuancer la hiérarchie binaire dominant/dominé, émetteur/récepteur d’influences, au profit de cartographies complexes structurées autours de réseaux dynamiques (Joyeux-Prunel, Spring 2014, Fall 2016). Ces recherches ont démontré à quel point les données de l’histoire politique et culturelle affectent la transmission des formes et des modèles et modifient les représentations (Messina et Jarrassé 2012 ; Fraixe, Piccioni, Poupault 2014). Elles prennent désormais en compte les jeux de miroirs à l’œuvre dans la fabrique croisée des identités, lorsque le regard se tourne vers ces lieux « d’où vous ne venez pas mais par où nous sommes passés » (Joyeux-Prunel, Spring 2016). Une telle relecture critique des récits nationaux aide à une meilleure compréhension du balancement entre nationalisme – voire régionalisme – et cosmopolitisme et nous incite aujourd’hui à vérifier les potentialités heuristiques de la notion de Méditerranée dans le champ disciplinaire de l’histoire de l’art.

S’il est vrai que les relations nord-sud ont été abordées relativement souvent (Cachin 2000 ; Paris Barcelone 2001 ; Ely et Vial 2013), les circulations à l’intérieur du bassin méditerranéen ne l’ont été que de manière exceptionnelle (Gravagnuolo 1994 ; Troisi 2008 ; Maglio Mangone Pizza 2017). Pourtant, prenant le contrepied de l’histoire canonique d’une modernité d’origine essentiellement septentrionale, une autre géographie pourrait émerger où le « sud » ne jouerait plus le rôle convenu de la subalternité, mais celui autrement plus stimulant d’une altérité active (Other Modernisms 2011 ; Southern Modernisms 2015), dans un espace bien plus divers et multipolaire.

Les limites chronologiques envisagées – 1880-1945 – tiennent compte de la présence diffuse d’une pensée méditerranéenne des arts, savants ou populaires, fixés sur l’horizon avant-gardiste ou cherchant leur « futuro alle spalle » (Pirani 1998), exaltant un idéal universaliste humaniste ou prêtant allégeance à la troisième voie fantasmée des fascismes. Puisant aux racines d’une culture populaire ou nationale, ces modernités se caractérisent par une volonté de conciliation avec une tradition recomposée. Aux débuts des années 1910, le régionaliste et félibre Jean Charles-Brun peut même esquisser les traits d’un « art méditerranéen » qui serait le point de convergence de motifs « sarrasins », de « types arabes », d’influences espagnole, byzantine et lombarde. On retrouve cet imaginaire pendant toute la première moitié du XXe siècle, des évocations maurrassiennes au périple des CIAM dans la Mer Égée (1933), en passant par l’évocation humaniste de Valéry, par l’exploitation nationaliste des mythes de la « latinité » et de la « grécité ». Cette recherche d’un socle esthétique commun est bien réelle ; elle sous-tend un dialogue ininterrompu entre artistes, critiques et intellectuels parcourant les routes, réelles ou idéales, de la Méditerranée.

Tenter de reconstituer une partie de ce paysage contrasté à la lumière d’une quête de modernité aux trajectoires multiples peut sembler un défi, dans la mesure où les valeurs et les finalités des mouvements qui s’en proclament sont contradictoires et n’en finissent pas d’être discutés. Néanmoins, cette indétermination critique laisse ouverte la possibilité d’explorer des voies encore trop souvent considérées comme excentrées sur une carte des avant-gardes majoritairement polarisées entre l’Europe du Nord et les États-Unis.

Le Liberty sicilien, la plénitude plastique d’un Maillol – sa Méditerranée (dite aussi La Pensée) exposée en 1905 pourrait faire figure de manifeste -, le Noucentisme catalan ou les courants rationalistes inspirés par les intérieurs dépouillés de pêcheurs d’Ibiza, des Cyclades ou de Capri : ces manifestations et bien d’autres encore, toutes nées d’un répertoire de représentations assurément hétéroclites, ne sont-elles que des variantes d’un « retour à l’ordre »  régressif faisant allégeance aux idéologies du colonialisme, du conservatisme académique et des fascismes ? Est-il possible de mieux circonscrire et d’historiciser les notions vagues de « midi méditerranéen », de « latinité », de « méditerranéité », d’occident gréco-latin, de « romanité » ou de « grécité » (pour ne citer que les désignations qui nous sont familières) ? Quels artistes, quelles créations, quels « passeurs » – critiques d’art, revues, traductions – se trouvent impliqués dans la production de ces images et de ces discours ? Dans quelle mesure ceux-ci viennent-ils enrichir le spectre varié des modernités de la première moitié du XXe siècle ?

 

Le colloque international La Méditerranée des artistes : une modernité critique 1880-1945 est la deuxième étape d’une réflexion entamée à Marseille (MUCeM) les 26 et 27 mars 2018, à l’occasion de la rencontre intitulée Modernismes en Méditerranée. Parcours artistiques et critiques 1880-1950.

 

Les contributions attendues  porteront sur les thèmes suivants :

  • Histoires/Historiographies artistiques de la notion de Méditerranée.
  • Imaginaires et représentations suscités par la Méditerranée dans le champ des arts visuels.
  • Idéologies liées à la notion de Méditerranée telle qu’elle est élaborée dans le champ des arts visuels : progressistes (lignée Valéry, Audisio, Braudel, Camus) ou conservatrices voire réactionnaires (identitaires, racistes, colonialistes…).
  • Circulations inter-Méditerranée et nord-sud des esthétiques, des modèles, des artistes, des critiques et des théoriciens de l’art.
  • Anti-modernismes : idéaux esthétiques puisant dans un passé méditerranéen retrouvé/réinventé.
  • Modernismes : idéaux esthétiques prenant appui sur une Méditerranée retrouvée/réinventée pour promouvoir un renouveau radical des modèles dans le but d’accompagner, voire infléchir et déterminer, les mutations techniques, économiques et sociales survenues au tournant du XIXe et dans la première moitié du XXe siècle.

Ces thèmes ou orientations constituent, avec les interventions du colloque du printemps 2018, le sommaire d’un ouvrage collectif à paraître en 2020.

 

Calendrier :

-Réception des propositions (1500-2000 signes) et du CV (100 signes) : avant le 20 décembre 2018.

Les propositions sont à envoyer à rossella.froissart@free.fr et jeremie.cerman@sorbonne-universite.fr

-Sélection des propositions : 15 mars 2019

-Colloque : 10-11 octobre 2019

-Réception des textes (25.000/35.000 signes) : 15 février 2020

 

Langues

Les communications se feront en français ou en anglais.

Le programme comprendra des résumés :

– en anglais et en grec pour les interventions en français,

– en français et en grec pour les interventions en anglais.

 

Partenaires

– AMU-TELEMMe (Aix-Marseille Université)

– LabEx EHNE (Ecrire une Histoire Nouvelle de l’Europe – Centre André Chastel / Sorbonne Université)

– Institut Mémoires de l’édition contemporaine (Caen)

– Institut d’Études Méditerranéennes FO.R.T.H.

 

Comité scientifique 

Rossella Froissart (TELEMMe / Aix-Marseille Université)

Jérémie Cerman (Centre André Chastel / Sorbonne Université)

Yves Chevrefils-Desbiolles (IMEC, Caen)

Evgénios D. Matthiopoulos (Institut d’Études Méditerranéennes, FO.R.TH. / Université de Crète)

Silvia Bignami, Antonello Negri, Paolo Rusconi, Giorgio Zanchetti (Università degli Studi di Milano)

Maria-Grazia Messina (Université de Florence)

Pierre Pinchon (TELEMMe / Aix-Marseille Université)

Isabel Valverde Zaragoza (Univeristat Pompeu Fabra, Barcelona)

Marie-Paule Vial (Conservateur en chef du Patrimoine honoraire)

 

Comité d’organisation 

Rossella Froissart (TELEMMe / Aix-Marseille Université)

Jérémie Cerman (Centre André Chastel / Sorbonne Université)

Yves Chevrefils-Desbiolles (IMEC, Caen)

Gelina Harlaftis (Institut d’Études Méditerranéennes FO.R.T.H / Université de Crète)

Poppy Sfakianaki (Institut d’Études Méditerranéennes FO.R.T.H / Université de Crète)

 

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CALL FOR PAPERS

 

The Mediterranean of the artists

A critical modernity, 1880-1945

 

 

Institute for Mediterranean Studies FO.R.T.H. (Rethymno, Greece)

10-11 October 2019

 

Art historians have long adopted the tools of the history of ideas, exchanges and transfers. They have thus been able to question the division between “center” and “periphery” and to nuance the binary hierarchy “dominant / dominated”, “transmitter / receiver” of influences, in favor of complex cartographies structured around dynamic networks (Joyeux-Prunel, Spring 2014, Fall 2016). Recent research has demonstrated the extent to which political and cultural history affects the transmission of forms and models and modifies representations (Messina & Jarrassé 2012; Fraixe, Piccioni, Poupault 2014). Art historians now take into account the games of mirrors at work in the factory of intersected identities, when the gaze turns towards these places “from where you do not come but from which we have passed” (Joyeux-Prunel, Spring 2016). Such a critical re-reading of national narratives helps to better understand the balance between nationalism – or, even regionalism – and cosmopolitanism and encourages us today to verify the heuristic potentialities of the notion of the Mediterranean in the field of art history.

While it is true that the question of the relationship between North and South has been addressed relatively often, circulations within the Mediterranean basin have been rarely dealt with (Gravagnuolo 1994; Troisi 2008; Maglio Mangone Pizza 2017). However, contrary to the canonical history of a modernity of essentially northern origin, another geography could emerge where the “south” would no longer play the conventional subaltern role, but the far more stimulating one of an active alterity (Other Modernisms 2011; Southern Modernisms 2015) in a much more diverse and multipolar space.

The chronological limits envisaged – 1880-1945 – take into account the widespread presence of a Mediterranean thought of the arts, be they highbrow or lowbrow, fixed to the avant-garde horizon or seeking their “futuro alle spalle” (Pirani 1998), exalting a universalist humanist ideal or pledging allegiance to the imagined third way of fascisms. Drawing on the roots of a popular or national culture, these modernities are characterized by a desire to reconcile with a reconstructed tradition. In the early 1910s, the Occitan regionalist Jean-Charles-Brun could even sketch the features of a “Mediterranean art” which would be the point of convergence of “Saracen” motifs, “Arab types”, Spanish, Byzantine and Lombard influences. This  imagined Mediterranean is to be found throughout the first half of the twentieth century, from the Maurrassian evocations to the voyage of CIAM IV in the Aegean (1933), through the humanistic evocation of Valéry and the nationalist exploitation of the myths of “Latinity” and “Greekness”. This search for a common aesthetic base is genuine; it underlies an uninterrupted dialogue between artists, critics and intellectuals running through the routes, real or ideal, of the Mediterranean.

The attempt to partially recreate this contrasting landscape in the light of a quest for modernity of multiple trajectories may seem a challenge, insofar as the values and goals of the movements involved are contradictory and are still being discussed. Nevertheless, this critical vagueness leaves open the possibility to explore paths that are still too often considered as off-center on a map of avant-gardes mainly polarized between Northern Europe and the United States.

The Sicilian Liberty style, the plastic richness of a Maillol – his Mediterranean (also known as Thought), exhibited in 1905, could be thought of as a manifesto –, the Catalan Noucentisme or rationalist currents inspired by the  austere interiors of the fishermen of Ibiza, the Cyclades or Capri: these manifestations and many others, all born of a repertoire of undoubtedly heterogeneous representations, aren’t they but versions of a regressive “return to order” that pledges allegiance to the ideologies of colonialism, academic conservatism and fascism? Is it possible to define better and historicize the vague notions of “Mediterranean South”, “Latinity”, “Mediterraneanity”, Greco-Latin West, “Romanity” or “Greekness” (to cite but the designations we are familiar with)? Which artists, which creations, which “mediators” – art critics, journals, translations – are involved in the production of these images and discourses? To which extent do all these come to enrich the varied spectrum of modernities in the first half of the twentieth century?

*

The International Conference The Mediterranean of the Artists: A Critical Modernity 1880-1945 is the second stage of a reflection that started in Marseille (MUCeM) on 26-27 March 2018, on the occasion of a meeting entitled Modernisms in the Mediterranean: Artistic and Art Critical Paths, 1880-1950.

 

Papers for our next conference – The Mediterranean of the Artists: A Critical Modernity 1880-1945 – are expected to focus on the following themes:

  • Artistic histories/historiographies of the notion of the Mediterranean.
  • Fantasies and representations evoked by the Mediterranean in the field of visual arts.
  • Ideologies related to the notion of the Mediterranean as formulated in the field of visual arts: progressive (line of Valéry, Audisio, Braudel, Camus), conservative or even reactionary (identitarian, racist, colonialist…).
  • Inter-Mediterranean and North-South circulation of aesthetics, models, artists, critics and art theorists.
  • Anti-modernisms: aesthetic ideals drawing on a rediscovered/reinvented Mediterranean past.
  • Modernisms: aesthetic ideals that rely on a rediscovered/reinvented Mediterranean to promote a radical renewal of models in order to accompany, even influence and determine the technical, economic and social transformations that occurred at the turn of the 19th and the first half of the 20th century.

 

These themes or orientations will constitute, with the conferences of the first meeting in Marseille, the contents of a collective work to appear in 2020.

 

Deadlines:

– Receipt of proposals (250-300 words) and Curriculm (200 words) : before 20 December 2018. Send proposals to : rossella.froissart@free.fr et jeremie.cerman@sorbonne-universite.fr

– Selection of proposals: 15 March 2019.

– Symposium: 10-11 October 2019

– Receipt of papers (4,500-6,000 words): 15 February 2020.

 

Languages:

Papers will be in French or English.

The program will include abstracts:

– in English and Greek for papers in French,

– in French and  Greek for papers in English.

 

Partners:

– AMU-TELEMMe (Aix-Marseille University)

– LabEx EHNE (Ecrire une Histoire Nouvelle de l’Europe – André Chastel Center / Sorbonne University)

– Institute for Contemporary Publishing Archives (IMEC) (Caen)

– Institute for Mediterranean Studies, FO.R.T.H.

 

Scientific Committee:

Rossella Froissart (TELEMMe / Aix-Marseille University)

Jérémie Cerman (André Chastel Center/ Sorbonne University)

Yves Chevrefils-Desbiolles (IMEC, Caen)

Evgénios D. Matthiopoulos (Institute for Mediterranean Studies, FO.R.T.H. / University of Crete)

Silvia Bignami, Antonello Negri, Paolo Rusconi, Giorgio Zanchetti (University of Milan)

Maria-Grazia Messina (University of Florence)

Pierre Pinchon (TELEMMe / Aix-Marseille University)

Isabel Valverde Zaragoza (Univeristat Pompeu Fabra, Barcelona)

Marie-Paule Vial (Conservateur en chef du Patrimoine honoraire)

 

Organising Committee:

Rossella Froissart (TELEMMe / Aix-Marseille University)

Jérémie Cerman (André Chastel Center/ Sorbonne University)

Yves Chevrefils-Desbiolles (IMEC, Caen)

Gelina Harlaftis (Institute for Mediterranean Studies, FO.R.T.H. / University of Crete)

Poppy Sfakianaki (Institute for Mediterranean Studies, FO.R.T.H. / University of Crete)

 

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Call for papers_Méditerranée des artistes

Appel à communication_Méditerranée des artistes

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