Au cours des dernières années le « tournant matériel » a incité, dans de nombreuses disciplines sociologiques et des sciences humaines, à se poser de nouvelles questions et à créer de nouveaux domaines de recherche et de nouvelles perspectives. La locution souvent citée « thinking through things » est essentielle, surtout dans le domaine de l´histoire des collections et des musées.Cependant, malgré la connexion immanente des objets en histoire de lart – en comparaison avec l’archéologie et l’anthropologie culturelle – on est surpris de constater que de nombreux sujets de recherche sont à peine traités à ce jour malgré leur rôle central dans le domaine de la compréhension des artistes dans la période pré-moderne. Il s´agit des objets de culture matérielle que les regroupements professionnels urbains de l’artisanat et du commerce représentaient. Ils visualisaient ainsi l´ensemble des corporations, guildes et confréries dans le contexte urbain. Tous les objets de ce domaine sont au centre de l’intérêt du colloque. La notion de « culture matérielle » concernant les corporations et confréries sera comprise dans son sens le plus large, de l’autel à plusieurs volets à la plus simple armoire de la corporation où se trouvaient les cierges utilisés lors des processions urbaines. Forme, impact et fonction de ces objets présentent un intérêt particulier dans un contexte sacré ou profane.
Les acteurs les plus importants sont surtout les guildes urbaines. De façon similaire interviennent les confréries de corps de métier qui s’occupent des intérêts sociaux et religieux de leur guilde. Les représentants officiels de la ville pouvaient aussi exercer une influence sur l’aménagement de leur hôtel de ville et la physionomie de la ville, afin d’attirer l’attention sur la structure sociale de leur communauté. A quel moment apparaissent des projets concurrents entre les différents groupes des métiers ? Dans quelle mesure donne-t-on à l´individu de la place pour ses fondations personnelles ? L’artiste ou l’architecte joue un rôle central en règle générale dans l’aménagement de l’espace public et pour représenter les corporations et les individus. C´est lui qui conçoit et réalise les tableaux, les drapeaux, les vitraux, les manuscrits etc. selon les données du donneur d´ordre. Son habileté donne du prestige aux guildes, ses offres traduisent la volonté de représentation du groupe par des messages visuels. Qui est responsable de la réalisation des espaces corporatifs ? Quels artistes sont mis à contribution pour ces commandes et comment gèrent-ils leur tâche ?
Les espaces où se déroulent les activités communes peuvent être de nature très différente. L’espace urbain est en quelque sorte la scène où les regroupements artisanaux se déplacent et peuvent exhiber leurs objets. Cela peut être la place centrale, l’hôtel de ville, l’église avec diverses chapelles de guildes ou bien la maison de la corporation. A côté de ces espaces localisables, d’autres endroits éphémères extrêmement différents constituent également un domaine primordial : lors des défilés municipaux, des processions, des entrées festives des souverains dans la ville ou des funérailles, on devait toujours identifier les différents groupes urbains comme représentants de leur communauté quand ils apparaissaient en public. Les objets tels que les cierges des corporations, les armoiries spécifiques aux métiers et les étendards avec les motifs des corporations y jouaient un rôle important. De même, le rang que prenait le groupe dans la procession pouvait signaliser le statut de la corporation dans le contexte urbain. Ce sont des processus éphémères qui ont pu être consignés par écrit ou en images. Les chapelles des corporations étaient des lieux ouverts au public où la communauté pouvait forger son identité visuelle à son gré.
Hormis les différents acteurs et lieux, le colloque fera ressortir dans quelle mesure à l’époque prémoderne on a eu recours à l´objet spécifique pour la représentation mais aussi pour sauvegarder le pouvoir et transmettre le savoir. Et dans quelle mesure il peut de nos jours servir à comprendre les guildes et les corporations, souvent totalement hors du contexte. Le colloque interdisciplinaire veut y inclure les dimensions visuelles et haptiques de l’objet ainsi que les questions d’ordre scientifique et historique.
La thématique regroupe entre autres :
- Maisons de guildes, confréries et corporations au centre-ville (site, forme architecturale, aménagement).
- Hôtels de Ville et équipement des corporations (par exemple: chefs-d´œuvre, présents de certains artistes).
- Espaces sacrés dans la nef (autels/équipement, chapelles de confréries, etc.).
- Vitraux pour les groupes professionnels de la ville
- Corporations et orientation religieuse
- Processions urbaines/art éphémère
- Artistes membres de confréries religieuses
- Artistes dans des organisations urbaines
- Festivités des artistes à lépoque prémoderne
- Funérailles d´artistes au sein de la guilde/corporation
- Noms et intitulé des confréries
- Compétitions
- Saints des corporations et vénération cultuelle
- Théories du Material Culture et Material Turn
- Topographie de la culture matérielle des corporations (inventaires, panneaux rabattables, coffres, pots de bienvenue)
- Histoire de la collection des objets
- Questions d´ordre scientifique et historique dans le contexte inter- et intra-disciplinaire (par exemple recherche sur les corporations au XIXe et XXe siècle ; Material Culture Studies et terminologie(s) en Allemagne en comparaison avec les autres pays d´Europe et les USA).
Le colloque est organisée par le projet ERC artifex ( www.kuenstlersozialgeschichte-trier.de/tak-sharc/artifex/ ). L’institut central d’histoire de l’art (Zentralinstitut für Kunstgeschichte) de Munich est un emplacement idéal hébergeant l’unité de recherche « Realien » qui se voue expressément à la culture matérielle dans ses dimensions multiples.
Conditions générales : l’organisateur assumera les frais de transport et d´hébergement des intervenants. De plus amples informations, en particulier le programme, seront communiqués après la sélection des participants.
Conditions de participation : une publication des actes du colloque est prévue dès que possible. C´est pourquoi il est attendu des participants qu´ils remettent au moment de la conférence un texte prêt à imprimer, comprenant des notes en bas de page, la bibliographie et les reproductions.
Après les rencontres, on ne pourra faire que très peu de modifications avant d’envoyer le manuscrit en été 2016 à la maison d’édition Imhof Verlag Petersberg. Les textes corrigés y compris les reproductions en format imprimable devront parvenir aux organisateurs au plus tard le 31 mars 2016.
Date limite d´envoi des résumés: 15 avril 2015
Les exposés auront une durée de 30 minutes. Nous vous prions de nous faire parvenir des résumés d’une page maximum avec un bref curriculum vitae et vos plus importantes publications à: guilds@uni-trier.de
Équipe organisatrice:
Prof. Dr. Dr. Andreas Tacke / Prof. Dr. Dagmar Eichberger / Dr. Birgit Ulrike Münch
International Conference of the ERC Project artifex: “Material Culture. Presence and Visibility of Artists, Guilds, Brotherhoods in the Pre-modern Era”, Munich, Zentralinstitut für Kunstgeschichte, 24-28 February 2016.
***
In recent years, the material turn has led to stimulating new questions, new research areas and new research perspectives in numerous humanities and social science disciplines. The often quoted “thinking through things” is essential, especially in the area of the history of collections and museums.Nevertheless, it is astounding that numerous research themes have hardly been worked on despite the immanent connection of objects to the discipline of art history, for example, in comparison to archaeology and cultural anthropology – although such research themes form a major area of the pre-modern self-conception of the artist. Speaking of those objects of material culture representing the civic associations in crafts and business the conference seeks to make visible the system of guilds and brotherhoods in a townscape. All those objects making up this area of study play the major role here. At this conference, the term material culture of the guild and crafts system is to be understood in its broadest possible dimensions, from multi-panel altar to the simple guild cabinet storing the candles for the civic processions. Of interest are the form, effect and function of these objects in their sacred and profane surroundings.
The most important players are primarily the civic guilds. In like manner, the guild-like brotherhoods play a role, associations which looked after the social and religious matters of their guilds. In addition, the official representatives of the town could have an influence on the design of their town hall or townscape to bring the social structure of their confraternity into focus. When did it come to competing projects among the different crafts groups? To what extent was individual space guaranteed for persons to found donations? The visual artist or even the architect played a major role in the public portrayal of the guilds, but also of individual persons, and generally in the design of public space. He was the one who designed and carried out the paintings, flags, glass windows, manuscripts etc. according to the guidelines of the patrons. The artist’s craftsmanship lent glory to the guilds; his visual offerings translated the group’s will to self-portrayal into concrete visual messages. Who was responsible for the decoration of the guild rooms? Which artists were called on for these commissions, and how did they deal with each task?
The spaces where the group activities were played out could be of different kinds. The civic space formed the stage, so to speak, where the crafts associations acted on stage and where their realia were put on display. It could have been a centrally located square, the town hall, the church with various guild chapels or even the individual guild house. Along with these locatable spaces, the most diversified temporary spaces formed a major area as well: whether communal festive parades, church processions, festive ruler entrances or funeral ceremonies, the groups had to be visible as representatives of their rank. Realia such as guild candles, crafts-specific coats of arms and standards with guild motifs played an important role. The succession in which the respective group participated in a procession could also signify the status of the guild in the civic context. These were transitory processes which could be preserved in written or visual form. The guild chapels served as publically accessible areas where the confraternity could create its public image according to its own ideas.
In addition to the different players and spaces, the conference is to work out the extent to which the specific object was put to use in the pre-modern era to display splendour, to secure power but also to transfer knowledge and the extent to which the object, often robbed completely of its context, can serve today to understand the guild and crafts system. This interdisciplinary conference wishes to integrate the visual and tactile dimensions of the object as well as the questions on this topic dealing with the history of science and technology.
Among the possible conference group of themes are, for example:
- Crafts, brotherhood and guild houses in town centres (location, architectural forms, furnishings).
- Town halls and guild house furnishings (for example, reception pieces, gifts by individual artists).
- Sacred spaces in church naves (guild altars / furnishings, brotherhood chapels etc.).
- Stained-glass window cycles for civic crafts groups
- Guilds and religious orientation
- Civic processions / temporary art
- The artist as a member of a religious brotherhood
- The artist in communal organisations
- Artists’ celebrations in the pre-modern era
- The artist’s funeral within the guild
- Names and designations of brotherhoods
- Competitions
- Guild saints and religious veneration
- Theories on material culture and material turn
- Topography of material culture of the guild system (inventories, clap boards, guild chests, welcome pitchers)
- History of collecting the objects
- Questions in the history of science and technology in the inner- as well as intra-disciplinary context (for example, guild research in the 19th/20th century; material culture studies and concepts and terms in Germany compared to those in other parts of Europe and in the US)
The conference is organised by the ERC Project artifex ( www.kuenstlersozialgeschichte-trier.de/tak-sharc/artifex/ ). We were able to secure the Central Institute for Art History in Munich as the ideal conference location. It is, after all, the seat of “Forschungsstelle Realienkunde”, which is devoted expressly to material culture in its manifold dimensions.
Conference conditions: The organiser will pay for transport and accommodations for the speakers.More detailed information will be announced following the selection of the speakers and the arrangement of the programme.
Participation requirements: A publication of the conference proceedings is planned for shortly after the conference ends. For this reason, the selected speakers are expected to have a text with footnotes, bibliography and images already prepared for publication at the time of the conference.Following the conference only a few alterations can be made to the text before the manuscript goes into print at Imhof Verlag Petersberg in the summer of 2016. Revised texts with printable images must therefore be available for the organisers at the latest on 31 March.
Deadline for submitting abstracts: April 15th 2015
The talks should be 30 minutes long. We request that abstracts, no longer than one page, plus a brief CV with the most important publications be submitted to:
guilds@uni-trier.de
Organisation team:
Prof. Dr. Dr. Andreas Tacke / Prof. Dr. Dagmar Eichberger / Dr. Birgit Ulrike Münch
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.