Appel à communication : « De l’archive au re-enactment : les enjeux de la re-présentation de la performance »

Ce colloque international entend examiner les enjeux historiographiques et curatoriaux de la re-présentation de la performance et leurs conséquences sur la création actuelle. Il est proposé conjointement par le Département des arts visuels de l’Université de Strasbourg (Katrin Gattinger, Maître de conférences en arts visuels ; Janig Bégoc, Maître de conférences en histoire et théorie des arts visuels ; Equipe de recherche ACCRA – EA 3402) et le Département d’histoire de l’art de l’Université Rennes 2 (Nathalie Boulouch, maître de conférences en histoire de l’art contemporain et de la photographie, Equipe de recherche Histoire et critique des arts – EA 1279) en partenariat avec les Archives de la critique d’art (Rennes).

Il se déroulera en deux temps :

  • le premier à Strasbourg (Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme), les 8 et 9 avril 2013 (sur une journée et demie)
  • le second à Rennes, à l’automne 2013.

Le volet strasbourgeois s’accompagnera d’un workshop réalisé avec les étudiants du département arts visuels de l’Université de Strasbourg et de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de la Ville de Strasbourg (Haute école des arts du Rhin), en partenariat avec l’Auditorium du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg et Pôle Sud, Scène conventionnée pour la danse et la musique.

ARGUMENTAIRE

Les pratiques historiographiques et curatoriales de la performance, confrontées au caractère éphémère des productions artistiques qu’elles cherchent l’une et l’autre à re-présenter, accordent une grande importance aux objets. La photographie, la vidéo et le dessin sont autant de ces matériaux dont s’emparent tour à tour le commissaire et l’historien, pour saisir l’événement et le convertir en histoire.

Dans le champ académique, le débat développé autour de ces objets oppose deux types d’approches. La première réunit ceux qui, à l’instar de Peggy Phelan, privilégient le caractère éphémère des performances en considérant comme acquis et avéré le rejet du système marchand sur lequel s’est érigée l’idéologie de la dématérialisation de l’art. La seconde rassemble ceux qui, comme Amelia Jones, estiment qu’au sein de l’économie singulière de l’avènement de la performance, les objets – documents ou œuvres – ont joué un rôle important, et reconnaissent ainsi une légitimité aux archives et donc au travail de l’historien de la performance.

En termes curatoriaux, la place des objets, « reliques » et documents, au sein des expositions de performances a également suscité de vives discussions, depuis le début des années 1990 (Cf. Hors Limites, Paris, 1994 ; L’art au corps, Marseille, 1996 ; Out of Action, Los Angeles, 1998 ; Art, Lies and Videotape : Exposing Performance, Liverpool, 2003 ; Ne pas jouer avec des choses mortes, Nice, 2008 ; Moments. Une histoire de la performance en 10 actes, Karlsruhe, 2012). L’exposition de ces objets rivalise aujourd’hui avec une autre forme de re-présentation de la performance, qui privilégie son caractère éphémère tout en s’appuyant sur les documentations, et qui consiste en sa ré-effectuation. Ce phénomène de reprise, nommé re-enactment, a ceci de particulier qu’il témoigne d’une prise en charge de l’historiographie par les artistes eux-mêmes, ces derniers jouant simultanément les rôles du commissaire et de l’historien. A la fois processus et résultat, la reprise pose la question de la transmission, du répertoire, ou encore de l’auctorialité.

Ce colloque entend faire le point sur l’évolution des enjeux curatoriaux et historiographiques de la re-présentation de la performance. En confrontant les recherches d’historiens de l’art, les expériences de commissaires d’exposition et d’institutionnels ainsi que les pratiques d’artistes contemporains, il s’agira de proposer un bilan rétrospectif des méthodes expérimentées ces vingt dernières années et d’observer la façon dont l’analyse de ces différentes approches contribue à une nouvelle lecture des enjeux et de l’histoire de la performance, autant qu’elle favorise de nouvelles démarches artistiques.

A titre indicatif, nous proposons ici trois axes de réflexion :

1) Documenter, archiver, conserver, acheter la performance

– La place du document dans la définition et le processus de réalisation de la performance
– La diversité et le rôle actif des objets dans la performance : photographie, script, vidéo
– La place des « documentations » dans la circulation de l’œuvre
– Des documents chargés d’intentions : les différents statuts attribués au document par les instances qui le manipulent (artiste, critique, galeriste, collectionneur, institutionnel, archiviste, historien, commissaire d’exposition, artiste)
– Histoire de la performance & Performance Studies : Les théories relatives au document performatif
– L’institution (Archives, musées, FRAC) et le marché : l’achat, la programmation, la législation, la question des droits (contrats de vente)

2) Exposer la performance : entre reliques et re-enactment

– Les dispositifs de présentation prévus par les artistes et ceux qui prévalent dans les musées
– Les différents modes d’accrochage, formats d’exposition et leurs présupposés idéologiques
– Les usages de la partition, du script, de la « relique », du tableau vivant, du re-enactment
– La transmission, la répétition, l’auctorialité : le statut des auteurs repris et reprenant
– Le document et le re-enactment comme background, matériau et/ou espace critique pour les artistes contemporains : les usages et les effets de ces « acquis » dans les pratiques actuelles.

3) Raconter et Historiciser la performance

– Témoins & Témoignages : la place du témoignage, du récit, de la narration ; la relecture de l’histoire suscitée par les (récents) récits de photographes et de vidéastes de performance
– Mystifications, mythes, mythologies : entre rumeurs et (auto)fictions
– L’artiste en historien.

MODALITES DE CANDIDATURE

Merci d’adresser votre proposition de communication avant le 9 septembre 2012 à l’adresse suivante :

representation.performance@gmail.com

Les propositions de communication comporteront un titre, un résumé de 1500 signes maximum et un CV synthétique. Elles seront rédigées en français ou en anglais. Les communications devront se faire exclusivement en français. Leur durée est fixée à 30 mn. Une publication est envisagée.
Une réponse du comité vous sera adressée avant le 30 septembre 2012.

COMITÉ SCIENTIFIQUE

– Janig Bégoc (Maître de conférences en histoire et théorie des arts visuels, Université de Strasbourg)
– Nathalie Boulouch (Maître de conférences en histoire de l’art contemporain / histoire de la photographie, Université Rennes 2)
– Katrin Gattinger (Artiste, maître de conférences en arts visuels, Université de Strasbourg)
– Julie Heintz, sous réserve (Historienne de l’art, commissaire d’exposition, Professeur de Culture Générale à l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Paris-Cergy)
– Jean-Marc Poinsot (Professeur des universités en histoire de l’art contemporain, Université Rennes 2)
– Chantal Pontbriand (Critique d’art et commissaire d’exposition, co-fondatrice de la revue Parachute, ancienne directrice de la recherche et du développement des expositions à la Tate Modern de Londres)
– Germain Roesz (Artiste, Professeur des universités en théorie, pratique et sciences des arts, Université de Strasbourg)

CONTACTS

Janig Bégoc : begoc@unistra.fr
Katrin Gattinger : kgattinger@unistra.fr

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