Appel à communication : « Faire l’art. Analyser les processus de création artistique »

Si les sciences sociales se sont longtemps interrogées sur la possibilité de prendre pour objet d’étude les œuvres artistiques, il semble désormais, comme l’écrit B. Péquignot, que « le débat a été tranché par la pratique de la recherche ». L’analyse des processus de création, manière d’appréhender les œuvres en tant que « produits d’un faire » suscite aujourd’hui un nombre toujours croissant de réflexions et de travaux. Confronter différentes manières d’envisager l’ « amont » de l’œuvre, interroger ses interprétations et ses réinterprétations, appréhender le faire artistique à travers ses multiples formes, voilà le but que se fixent cette journée d’étude.

Argumentaire

Si les sciences sociales se sont longtemps interrogées sur la possibilité de prendre pour objet d’étude les œuvres artistiques, il semble désormais, comme l’écrit B. Péquignot, que « le débat a été tranché par la pratique de la recherche[1] ». L’analyse des processus de création, manière d’appréhender les œuvres en tant que « produits d’un faire[2] » suscite aujourd’hui un nombre toujours croissant de réflexions et de travaux : en témoignent les récents colloques et programmes de recherche centrés sur le thème de la création : le 4e congrès de l’AFS « Processus de création et d’innovation artistiques et culturels » (5 au 8 juillet 2011, Grenoble), les deux éditions du colloque international « Analyser les processus de création musicale » (ANR, Ircam, MESHS, OICRM, 29 septembre-1er octobre 2011, Lille ; 10-12 octobre 2013, Montréal), le colloque « La création : acteurs, objets, contextes » (ANR, INHA, 11-12 octobre 2012, Paris), etc.

Envisager la création artistique comme un processus, c’est donc éviter l’écueil essentialiste pour privilégier une double perspective relationnelle et dynamique. C’est placer l’œuvre au centre du réseau collectif d’acteurs qui travaillent à son « énonciation[3] ». C’est considérer l’œuvre « non pas seulement comme résultat fini, mais comme ensemble des opérations qui y ont abouti[4] ». Confronter différentes manières d’envisager l’ « amont » de l’œuvre, interroger ses interprétations et ses réinterprétations, appréhender le faire artistique à travers ses multiples formes, voilà le but que se fixent cette journée d’étude.

Que les communications s’inscrivent dans les champs de la sociologie, de l’anthropologie, des recherches en génétique, de l’histoire de l’art et/ou de l’esthétique (etc…) nous privilégierons les approches des processus de création informées par l’enquête de terrain. Les propositions des communicants (à partir du Master 2) pourront concerner différentes dimensions de la recherche, des réflexions méthodologiques à la discussion théorique en passant par les remarques épistémologiques.

Les contributions qui porteront sur les thèmes suivants seront les bienvenues :

Axes proposés

  • Axe 1 : Historicité du faire

Si les processus de création artistique peuvent prendre des formes variées, c’est notamment en raison des différents contextes historiques dans lesquels ils sont insérés. Par exemple, le fameux passage de l’artisanat à l’art (N. Elias, N. Heinich, R. Moulin) est bien passage d’un régime de création à un autre : l’artisan et l’artiste mettent chacun en œuvre un type de processus créateur spécifique et historiquement datés. De quelles manières ce contexte historique et social forme-t-il la spécificité d’un faire artistique ? Peut-on comparer différents types historiques de processus de création ?

  • Axe 2 : Les techniques du faire

Le faire artistique passe par des techniques, et s’appuie tout à la fois sur des corps (Mauss) et sur des objets (Leroi-Gourhan). La socialisation – par laquelle se forment ou se transforment ces techniques – est donc au cœur des processus de création, faisant apparaître du collectif dans les actes les plus singuliers. Comment s’incorporent les techniques du faire artistique ? Quel(s) rôle(s) jouent les expériences socialisatrices antérieures à l’action des individus-créateurs ? Quelles relations peut-on établir entre les tendances, habitudes ou dispositions et les objets techniques sur lesquels s’appuie l’action créatrice ?

  • Axe 3 : Les temporalités du faire

Le faire prend des formes différentes en fonction des durées dans lesquelles il se déroule. On ne peut analyser de la même façon un processus de création s’étendant sur quelques jours et un autre s’étendant sur plusieurs années. La temporalité du faire apparaît donc comme un paramètre crucial pour l’enquêteur. Entre « cours d’action » et « cours de vie »[5], comment adapter ses outils à la durée du processus étudié ? Prendre en compte la durée du processus de création affecte-t-il le déroulement même de l’enquête ? Quels sont les impacts de ce changement de focale sur les résultats de l’enquête ?

  • Axe 4 : Les lieux du faire

Penser les lieux du faire nous engage à envisager les opportunités et les limites tant concrètes que symboliques assignées aux créateurs. Comment la création est-elle devenue possible ? Quelles contraintes matérielles affectent le processus de création (volumes, acoustiques…) ? Quels sont les usages attendus de ces lieux (friches, espaces sportifs, musées, espaces urbains) ?

Conditions de soumission

Chaque proposition de communication comprendra les éléments suivants :

  • Nom et prénom du communicant ;
  • Affiliation institutionnelle ;
  • Biographie du communicant (au maximum 700 caractères, espaces compris) ;
  • Adresse postale, téléphone et adresse électronique ;
  • Titre proposé de la communication ;
  • Résumé, d’une longueur de 500 à 800 mots présentant clairement le sujet, les objectifs de la communication et la méthodologie employée
  • Bibliographie sélective (3 à 8 références) et principales sources utilisées (archives, données expérimentales ou ethnographiques, etc.).

Modalités de dépot des propositions

Les propositions de communication, devront être envoyées à fairelart2013@gmail.com

avant le 14 janvier 2013.

Elles seront soumises aux membres du comité scientifique.

Les résultats de la sélection seront communiqués aux auteur-es le 18 février 2013 au plus tard.

Une publication des actes de cette journée est envisagée. Les articles seront soumis à l’évaluation du comité scientifique.

La journée d’études se tiendra le 17 mai 2013 à l’Université Paris-Sorbonne, salle J 636.

Comité scientifique

  • Sylvia Faure (GRS, Université lumière Lyon 2)
  • Bruno Pequignot (CERLIS, Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle)
  • Danièle Pistone (OMF, Paris-Sorbonne)
  • Hyacinthe Ravet (OMF, Paris-Sorbonne)
  • Catherine Rudent (OMF, Paris-Sorbonne)
  • Eric Villagordo ( IRIEC, Université Paul Valery-Montpellier III)

Comité d’organisation

  • Irina Kirchberg (OMF, Paris-Sorbonne)
  • Alexandre Robert (OMF, Paris-Sorbonne)

[1] PÉQUIGNOT, B., Sociologie des arts, Paris, Armand Colin, 2009, p. 117.

[2] LABORDE, D., « L’Opéra et son régisseur. Notes sur la création d’une œuvre de Steve Reich », Ethnologie française, n° 18, 2008/1, p. 119-128.

[3] Jean-Pierre Esquenazi appelle énonciation « l’acte de produire une œuvre » ; EZQUENAZI, J.-P., Sociologie des œuvres, Paris, Armand Colin, 2007, p. 61.

[4] RUDENT, C., L’album de chansons. Entre processus social et œuvre musicale. Juliette Greco, Mademoiselle K, Bruno Joubrel, Paris, Honoré Champion, 2011, p. 38.

[5] A ce sujet voir les travaux réalisés en anthropologie cognitive.

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