Appel à communication : « Faux, forgeries, contrefaçons » (Nantes, 27 mai 2016)

Jean-Jacques Lequeu, L'étable, 1777-1814.Faux témoignages ; faux documents administratifs ; fausses œuvres d’art ; fausse monnaie ; fausses chartes ; sceaux inauthentiques ; photos truquées ; sites historiques déplacés ou réinventés, etc. : faux, forgeries, contrefaçons, recréations sont courants parmi les objets et les sources de l’enquête historique.

Selon leurs différents systèmes de valeurs qui s’articulent dans le temps et dans l’espace, chaque époque, région et civilisation a son propre genre de faux. À titre d’exemple, la diffusion de la culture de l’écrit, notamment par le biais de l’imprimerie, permet à une société plus large d’accéder au savoir écrit et particulièrement livresque, ainsi qu’à son lot de contrefaçons, à savoir la reproduction d’un document déjà publié, ce qui pénalise davantage l’éditeur, qui perd alors les sources de revenus, que l’auteur, dont le nom apparaît. Parallèlement, pour faire face à la fraude, une nouvelle figure fait son apparition pendant la période moderne, celle de l’expert qui accumule toutes les compétences qui lui permettraient de distinguer l’original et le faux. Les productions écrites, qui connaissent un essor fulgurant au cours du XVIe siècle, ne sont donc pas à l’abri de reproduction illicite.

Qu’il s’agisse de reliques fabriquées, des documents falsifiés ou de copies de pièces artistiques, le phénomène de la circulation des faux suscite désormais un intérêt particulier pour les études historiques.

Face à de tels documents, l’historiographie a longtemps eu une position de rejet, cherchant d’abord, dans une perspective où seul « l’authentique » vaut comme source, à les cerner pour mieux les écarter de l’analyse en tant que documents non valides. Pourtant, si la déception et la honte suscitées par le dévoilement de la supercherie ont longuement contribué au passage sous silence des faux, l’intérêt de leur étude devient de plus en plus évident. Le faux – document, œuvre, monument – est ainsi révélateur de pratiques et d’enjeux qui ont rendu possible son élaboration et sa diffusion. Il informe sur des usages, des réseaux, des trafics propres aux contextes qui lui ont donné naissance. Les discours qui l’entourent, les dénonciations dont il fait l’objet, sont eux-mêmes sources d’enseignement sur les sociétés qui s’y trouvent confrontées. Enfin, réfléchir aux faux et à leurs apports à l’histoire, c’est aussi participer, en creux, à une meilleure définition de « l’authentique », de sa définition, de ses attestations comme de sa place dans l’analyse du passé.

La journée d’étude organisée par l’Association des Jeunes Chercheurs en Histoire (AJCH) est dédiée aux chercheurs – doctorants comme docteurs – en histoire, histoire du droit, histoire de l’art et archéologie. Elle se propose d’aborder la production des faux, des forgeries et des contrefaçons comme un phénomène qui a ses propres raisons, enjeux et histoire. Elle pourra faire l’objet d’une publication.

Plusieurs points pourront être abordés, suivant les axes suivants :

Axe 1 : la fabrique du faux : contexte, milieux et enjeux de l’élaboration des faux
– Qui sont les différents producteurs de faux ? De quels contextes et de quels milieux sont-ils issus ?
– Quels sont leurs outils et leurs moyens ?
– Quel est leur rapport à l’auteur ou l’autorité dont ils falsifient les documents ? Les faussaires sont-ils nécessairement en marge de l’autorité légitime ?
– Quels moyens sont utilisés pour donner au faux son aspect authentique ?
– Quels documents sont falsifiés ? Qui et que falsifie-t-on ?
– Quelle ampleur donner aux différents phénomènes de falsification ? Entre unicité et production en masse : les différences quantitatives dans la production des faux.

Axe 2 : Usages, circulations et économie du faux
– Les usages des faux.
– Le « faux » et son rapport au document « authentique » : objet de substitution ou de complément ?
– Les réseaux et acteurs de la diffusion et de la circulation des faux.
– Le commerce des faux.
– La valeur économique du faux.
– Le devenir et la valeur du faux une fois dénoncé comme tel.

Axe 3 : Définition, contenus et catégorisation des « faux »
– Les différents types de faux : créations, imitations, copies, recréations, réinventions, réécritures, et leurs différents rapports.
– Les différents degrés dans la falsification : quels écarts du faux avec l’original ou avec le modèle théorique ?
– Tout « faux » est-il fait pour tromper ? Quelle place et quels enjeux particuliers pour le « faux » qui se présente d’emblée comme faux ?
– La question de l’inauthenticité du faux : tout faux est-il privé d’authenticité ?

Axe 4 : La dénonciation du faux : discours et acteurs du rejet des documents falsifiés et de leurs faussaires
– L’encadrement judiciaire et politique du faux et de ses usages.
– Les discours et représentations qui entourent le faux : quelle perception du faux et du faussaire ?
– Les controverses autour du faux.
– La découverte et la dénonciation du faux : quelles méthodes, quels moyens, quels enjeux ?
– Les acteurs de l’expertise et de la critique du faux.

Les propositions de communications, comprenant un titre et un résumé d’une page maximum, sont à envoyer avant le 15 janvier 2016 à bureau@ajch.fr.

Organisation Emmanuelle Athimon (Université de Nantes), Roxane Chilà (Université Lille 3), Lekpai Yves Keipo (Université de Nantes/Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan), Paraskevi Michailidou (Université Paris 7), Alexandre Mimouni (université Paris II/Université de Palerme), Matthieu Rajohnson (Université Paris Ouest), François Wallerich (Université Paris Ouest) et Grégory Wallerick (Université de Nantes).

Contactbureau@ajch.fr

 

Leave a Reply