Artiste inclassable, cas unique dans l’histoire de l’art européen, Henri Rousseau dit le Douanier Rousseau (1844-1910) incarne pour certains critiques un mythe artistique. A lui seul, il pose la question cruciale des conditions de l’émergence de la modernité en art et celle des catégories artistiques. Naïf, primitif, archaïque, moderne, populaire ? Son œuvre s’inscrit dans son temps, dès lors que l’avant-garde incarnée par des artistes comme Picasso, Delaunay ou Kandinsky l’ont intronisé père de la modernité et que les musées leur ont, depuis, emboîté le pas. Tandis que le caractère autodidacte de sa formation et l’absence de tout recours à la théorie et au discours d’analyse ont contribué, un temps, à le ranger parmi les artistes amateurs, sans métier, naïfs.
Comment une œuvre hors-norme, comme celle du Douanier Rousseau, a-t-elle pu questionner le regard des critiques et des artistes ? Quelles lois ont présidé à l’examen, à la considération puis à l’admission de son œuvre au panthéon de la modernité ? L’exposition Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque, présentée au musée d’Orsay du 22 mars au 17 juillet 2016, nous offre l’occasion de proposer des réponses à ces questions, toujours d’actualité. Un parallèle avec le contexte actuel d’adoption par le milieu de l’art contemporain des artistes qualifiés de « singuliers de l’art » sera établi.
Des sujets portant sur les thèmes suivants sont attendus :
Les collectionneurs et marchands d’art français, allemands, américains (Wilhelm Uhde, Ambroise Vollard, Paul Rosenberg, John Quinn, Joseph Brummer, Alfred C. Barnes, etc.) et les artistes ayant collectionné Rousseau (Delaunay, Picasso, Kandinsky, Soffici, Carrà, etc.) ; la fortune critique de Rousseau (de Félix Vallotton, Alfred Jarry, André Salmon, Guillaume Apollinaire, la Baronne d’Oettingen, Adolf Basler, André Warnod à l’époque contemporaine); la présence de Rousseau aux Salons des Indépendants (1886 et années suivantes) et sa fréquentation des expositions universelles de 1889 et 1900 ; le rapport de Rousseau à la photographie et à l’imagerie populaire ; Rousseau et les sources de la peinture académique; les relations de Rousseau avec le milieu littéraire de son temps (Apollinaire, Jarry, etc. ) ; la renommée de Rousseau en Italie et son influence sur les artistes italiens du retour à l’ordre; Rousseau et la quête de l’archaïsme; l’appropriation par les Surréalistes (Max Ernst, Wifredo Lam, André Masson, etc.) de l’œuvre de Rousseau ; la présence actuelle des Singuliers de l’art dans l’art contemporain.
Les propositions de communication et résumés (1500 signes) en anglais ou en français sont à envoyer par courriel avant le 31 janvier 2016 aux adresses suivantes :
Scarlett Reliquet, responsable des cours, colloques et conférences, Musée d’Orsay scarlett.reliquet@musee-orsay.fr ;
Claire Bernardi et Beatrice Avanzi, conservateurs peinture, Musée d’Orsay claire.bernardi@musee-orsay.fr ; beatrice.avanzi@musee-orsay.fr .
Colloque Inventer Le Douanier Rousseau
Mercredi 11 et jeudi 12 mai 2016
10h-17h
Musée d’Orsay
Auditorium
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