Journée d’étude « La critique institutionnelle et ses manifestations »
Date limite : 28 février 2021
La critique institutionnelle est un mouvement formulé dans les années 1980 par les critiques d’art américains Benjamin Buchloh, Craig Owens et Douglas Crimp, basés à New York et auteurs de la revue October. Ce mouvement contestataire de l’art contemporain s’interroge sur les conditions – capitalistes et néo-libérales – de production et de diffusion des oeuvres d’art. La critique institutionnelle s’attache aussi bien à l’analyse de l’espace physique du musée ou de la galerie, que de l’espace discursif des institutions. Elle œuvre à la prise de conscience de tous les acteurs de l’institution – y compris les artistes et les publics – quant aux mécanismes idéologiques qui sous-tendent leurs actions. Dans son acception historique, la critique institutionnelle est portée par des artistes tels que Hans Haacke, Daniel Buren, Michael Asher et Marcel Broodthaers dans les années 1960. Elle se renouvelle dans les années 1980 et 1990 à travers les pratiques d’Andrea Fraser, de Fred Wilson, de Renée Green et de Christian Philipp Müller, entre autres. Progressivement étendue à d’autres champs disciplinaires, elle forme aujourd’hui un corpus de textes, d’œuvres et d’expositions dirigés vers un même but : changer les institutions – artistiques en premier lieu – de l’intérieur.
Depuis une dizaine d’années, les événements liés à la critique institutionnelle (colloques, expositions, etc.) tournent autour des idées d’avant-garde, de marchandisation de l’art, d’espace institutionnel, discutant ses pratiques et ses formats contemporains, ainsi que son devenir curatorial. Mais on observe aussi des questionnements plus larges, portant sur la récupération institutionnelle de formes artistiques alternatives, sur l’engagement social des artistes, voire sur les systèmes économiques et écologiques. Ces différentes perspectives reflètent bien la polysémie du terme « critique institutionnelle » qui peut être défini à la fois comme un mouvement artistique, comme une méthode d’investigation et de critique, et comme un mode opératoire.
Cependant, cette nébuleuse conceptuelle opère dans une géographie pour le moins incertaine, principalement occidentale mais aux influences et aux ramifications diverses. Les pratiques conceptuelles des années 1960 en Amérique Latine sont par exemple identifiées comme fondamentales dans l’émergence de la critique institutionnelle américaine. D’autre part, des artistes tels que Tadej Pogacar reproduisent clairement le projet de la critique institutionnelle dans le contexte slovène. Enfin, si l’on prend l’exemple de la France, hormis les journées d’étude qui se sont déroulées à l’Institut National d’Histoire de l’Art et dans certaines écoles d’art françaises, on remarque que peu d’évènements, expositions et publications existent sur le sujet. Pourtant Daniel Buren en est incontestablement une figure historique. Est-ce à dire que la critique institutionnelle n’a pas eu lieu en France, ou que la réception des travaux de Buren a pris un autre sens dans le contexte français ? Y a-t-il des zones géographiques qui seraient « passées à côté » de la critique institutionnelle, ou la critique institutionnelle serait-elle restée invisible, ou se serait-elle manifestée via des systèmes lexicaux différents ? Peut-on enfin apposer le label « critique institutionnelle » à n’importe quelle manifestation critiquant les institutions ?
Cette journée d’étude se propose d’éclairer, à travers diverses manifestations dans des contextes géographiques et historiques différents, les parcours de la critique institutionnelle dans l’histoire de l’art contemporain.
Cet appel s’adresse aux doctorant.e.s, jeunes chercheur.euse.s et chercheur.euse.s confirmé.e.s. Merci d’envoyer votre proposition de communication (titre et résumé d’environ 300 mots), accompagnée d’une brève notice biographique, avant le 28 février 2021 à l’adresse email : juliettepym@hotmail.com. Les propositions ne devront pas excéder 30 minutes.
Date de la journée d’étude : 21 mai 2021
Adresse : CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux
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