Appel à communication, Journées d’études « Bien urbain ». L’art dans l’espace public

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Durant la 5ème édition de Bien Urbain (parcours artistiques dans, et avec l’espace public) à Besançon, deux journées de rencontres, de débats et de conférences se tiendront le mardi 09 et mercredi 10 juin 2015.

Ces journées sont organisées par l’association Juste Ici – organisatrice du festival Bien Urbain (en collaboration avec l’Université de Franche-Comté – Laboratoire ELLIADD-CIMARTS)

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L’association Juste-Ici, à travers Bien Urbain et différentes actions culturelles, a laissé depuis 4 ans une place importante aux différentes formes artistiques pouvant prendre place dans l’espace public, en valorisant l’expérimentation et la multiplicité des pratiques. L’association a invité plus d’une cinquantaine d’artistes internationaux à intervenir à Besançon.

Au delà des interventions artistiques dans l’espace public (peintures murales, installations, créations sonores…) des rendez-vous publics sont organisés (visites, rencontres avec les artistes, conférences…), autour d’un lieu d’accueil ouvert au public pendant l’évènement.

Le résultat de ces différents travaux a fait émerger des questionnements nous motivant à développer une expérience nouvelle de recherche directement en lien avec notre activité et nos principes de travail.

Nous souhaitons engager une réflexion sur les pratiques artistiques « in situ », « contextuelles » ou encore « spécifiques » contemporaines en espace public. C’est-à-dire les productions s’attachant de près à l’environnement urbain et aux différents contextes qui font la ville et le lieu où elles prennent place.

Ces actions artistiques locales et ponctuelles répondent à un nombre varié de disciplines et de formes artistiques, pouvant être perçues à travers différentes dénominations tels que « street art », « art urbain », « art public indépendant », « post graffiti » ou encore « art contemporain urbain ».

De nombreux artistes ayant pratiqué le graffiti ont développé un nouveau vocabulaire d’expression en étroite corrélation avec l’espace urbain. Ces artistes intervenant en premier lieu dans l’espace public ont poussé leur démarche personnelle vers des voies éloignées de leurs travaux initiaux et dépassant les codes (implicites et explicites) des disciplines.

Il ne s’agit pas ici de réussir à normer un mouvement idéal, englobant un répertoire de pratiques et de formes, mais de prendre le temps de s’arrêter sur des productions entrant dans un champ d’étude dont la définition est elle même problématique.

Différentes approches seront privilégiées avec pour but de croiser les regards des différents acteurs, avec une place laissée aux discussions et aux rencontres.

La réflexion s’engagera en priorité sur les points suivants, bien que les questions abordées soient indicatives et ouvertes à d’autres pistes.

1- UNE TENTATIVE DE DEFINITION ELLE MÊME PROBLÉMATIQUE

Les actions que nous souhaitons étudier aujourd’hui sont à la croisée des disciplines (entre sculptures, peintures, installations, performances, formes conceptuelles), se situent de manière incertaine entre différents champs artistiques (art contemporain urbain, muralisme, art public indépendant, post-graffiti, art urbain…) et englobent un répertoire de formes vaste : formes traditionnelles et novatrices, provocation, revendication, détournement, expérimentation et répétition se déploient dans nos villes utilisant un vocabulaire plastique très large.

• Quand ces pratiques « spécifiques » locales sont-elles apparues, dans quel contexte?

• Est- il judicieux d’établir une filiation artistique entre ces pratiques différentes?

• Comment dépasser la question des formes?

2- PARCOURS D’ARTISTES

À travers des témoignages et présentations de parcours d’artistes, nous proposons de souligner le rôle qu’a joué le graffiti dans les pratiques artistiques contemporaines en espace public ainsi que la variété des parcours.

Ceci nous amènera à aborder des questions touchant l’enseignement de ces pratiques artistiques en espace urbain ainsi que l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes, proches du graffiti ou non.

• Par quelles voies les artistes ayant une formation en école d’art ou une expérience « autodidacte » de l’espace urbain (par la pratique du graffiti par exemple), sont-ils arrivés à leurs pratiques actuelles?

• Internet, par le biais des blogs et forums, a permis le développement de pratiques locales et/ou globales. En quoi ce rôle a été / est primordial dans l’évolution des pratiques?

• Ces démarches artistiques sont elles enseignées ? De quelle manière ? Comment apprend-on à des étudiants à développer des pratiques artistiques dans la ville ?

• Existe-t-il d’autres formes d’apprentissages sur le terrain ?

3- CONTEXTE: LIEU ET PROCESSUS DE CREATION

Les artistes évoluant dans l’espace public travaillent en fonction d’un contexte  : artistique, urbain, topographique, mais aussi historique, social, politique.

Alors que le graffiti se déploie dans une recherche de visibilité et de performance, le « street art » tendrait vers une certaine esthétisation doublée d’une contextualisation plus marquée. Le processus de création s’adapte alors au contexte :

•  Comment travailler ? Par quels travaux préparatoires un artiste s’imprègne-t-il d’un contexte, d’un lieu ?

•  Quelles sont les formes de l’appropriation d’un lieu et d’un contexte ?

•  Actions spontanées, actions préparées : comment les processus de création transforment-ils les formes de l’art dans l’espace urbain ?

• Quelles frontières et limites entre appropriation et vandalisme ?

•  Comment l’ancrage local d’une pratique questionne-t-il l’identité d’une ville ? Une intervention peut-elle être révélatrice d’une identité de ville, ou bien plutôt génératrice d’une nouvelle image ?

4- LE PUBLIC

L’art dans l’espace public remet en question notre manière de vivre la ville, peut susciter l’interrogation des passants et habitants, stimuler la réflexion sur des lieux, des territoires, des unités topographiques.

• Comment ces créations en espace public affectent-elles la ville et ses usagers?

• Qu’en est-t-il de la réception des œuvres, du processus de rencontre dans un espace qui n’est pas dédié à cet effet?

• Dans quelle mesure le public est-il considéré comme acteur et appelé à participer à la création de l’œuvre ?

5- LA DOCUMENTATION

Les œuvres produites en espace public sont par nature éphémères, lorsqu’elles usent de formes conceptuelles, performatives. Le témoignage photographique comme documentation peut devenir insuffisant.

Au delà de la photographie et des questions d’archivage, la documentation joue un rôle nouveau pour les artistes. Une nette évolution s’est profilée depuis les années 1990 : alors que les travaux préparatoires sur croquis n’étaient pas perçus comme « œuvre », ou encore commercialisables et dotés d’un intérêt artistique par les artistes, les générations suivantes ont fait évoluer ces supports de travail et de recherche qui peuvent prendre, aujourd’hui une tout autre dimension.

•  Comment et que documente-t-on ? (Processus, travaux préparatoires, évolution de l’oeuvre…)

•  Quelles peuvent-être les formes et les raisons du refus de la documentation ?

•  Quel est le statut de la documentation (témoin, œuvre per se, commercialisable, exposable)?

6- LA PRODUCTION

Une considération nouvelle venant des institutions politiques et culturelles, interroge la production d’art en espace public après plusieurs décennies de pratiques populaires non autorisées.

Soutenir des pratiques indépendantes en espace public grâce à des financements de l’État et des collectivités (dans le cadre de festivals, commandes ou encore résidences) nous confronte à de nombreux questionnements liés à la production d’œuvres en espace public dans un cadre par nature « contraint ».

• Comment envisager les œuvres qui sont l’initiative indépendante d’artistes, en relation avec celles réalisées dans des cadres plus contraints (résidences, festivals)?

• Dans quelle mesure l’indépendance voire l’illégalité apportent-elles une certaine aura aux oeuvres ? Quels risques prennent ces pratiques lorsqu’elles sont légitimées par les institutions?

• Comment un artiste, un porteur de projet culturel peut se positionner face au vandalisme, à la censure, à l’auto-censure et aux compromis artistiques?

Soumissions et calendrier:

Ces journées s’adressent aussi bien aux chercheurs qu’aux artistes, journalistes, étudiants, professionnels.

Les propositions de communications (maximum 500 mots) et une courte biographie sont à adresser à Lisa Mage (lisa@bien-urbain.fr) avant le 5 mai 2015. 

La notification se fera pour le 10 mai 2015.

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