Appel à communication : « Les formes de l’écrit et ses fonctions dans l’image imprimée en Europe au XVIe siècle » (Paris, 17-18 novembre 2016)

hoefnagel_detailMots, titres, légendes, commentaires, noms d’artistes, privilèges – car il en faut – beaux discours, adresses au « lecteur », voyantes dédicaces. Écritures cursives, typographiques, grands et petits caractères, ligatures, chiffres et mesures. Mots ajoutés, associés aux figures ou isolés par un cadre, mots que l’on remarque, que l’on suit du regard, que l’on découvre parfois dans l’image… Et si l’estampe était aussi une affaire de mots, de compositions écrites, de lectures croisées dans l’espace écrit et figuré d’une image ?

Avant que le rapport à l’écrit dans la création artistique ne soit entièrement repensé par les avant-gardes, l’estampe aura été pendant longtemps le seul art de l’image où les mots pouvaient être librement associés aux figures et où les parties de texte, insérées dans la composition, pouvaient former une unité visuelle, logique et sémantique avec le dessin. Cette capacité de l’estampe à accueillir au sein d’une même composition graphique une grande variété de signes, de formes et d’écritures tient avant tout à la conception des planches et aux propriétés techniques de la gravure. Au moment où se répandait en Europe une conception mimétique de la représentation qui devait conduire, le plus souvent, à une mise à l’écart de l’écrit dans le champ figuratif de l’image – le mot peint, inscrit ou dessiné étant souvent rejeté dans les marges, glissé dans un détail ou circonscrit par un cadre – l’estampe n’a cessé quant à elle d’accueillir des mots, d’attirer des textes auprès des figures, d’inclure des inscriptions dans la composition même des planches gravées. Les professionnels de l’estampe ont fait preuve, à la Renaissance, de beaucoup d’esprit et d’inventivité dans la conception artistique de la lettre, l’articulation des registres graphiques et la complémentarité des langages, écrit et figuré, qui constituent généralement l’image imprimée.

L’estampe occupe, de ce point de vue, une place très particulière dans la production artistique, la culture visuelle et les pratiques de l’écrit dans les sociétés modernes occidentales. On peut même voir dans cette possibilité de réunir, sur un même support, des formes différentes d’expression et de discours qui avaient toujours été profondément liées au Moyen Age, l’une des raisons du succès économique de l’estampe et de sa rapide assimilation par les sociétés européennes. A tous ceux qui avaient besoin des ressources de l’écrit et de l’image, l’estampe se présentait comme un nouveau médium, qui constituait en lui-même un intermédiaire subtile entre le texte imprimé et le dessin. Le XVIe siècle européen ne fut pas seulement le grand siècle du livre imprimé : il a aussi vu l’application des techniques de gravure à tous les types d’iconographies, l’introduction des images, issues des presses, dans de nombreux domaines d’activité, ainsi que la naissance, autour des produits de l’estampe, d’une nouvelle pratique sociale des images.

L’objectif du colloque est d’étudier la place de l’écrit, ses formes et ses fonctions dans l’estampe au XVIe siècle, de la production des images à leur utilisation dans des contextes socio-culturels qui pourront être extrêmement variés. Les propositions des intervenants, qu’elles soient centrées sur des corpus spécifiques ou qu’elles abordent la question de manière plus transversale, resteront fondées sur le recensement des inscriptions gravées qui constituent la « lettre » de l’estampe ; sur l’analyse technique, linguistique et iconographique de ces inscriptions en relation avec les images qu’elles accompagnent ; sur l’interprétation historique des objets, des procédés et des phénomènes artistiques et culturels ainsi mis en valeur. Les spécialistes de l’estampe sont invités à élargir leur recherche en considérant aussi les objets et les questionnements des autres disciplines : l’histoire littéraire, l’histoire du livre, l’histoire des sciences (de la médecine à la cartographie en passant par les études antiquaires), l’histoire religieuse ou encore l’histoire politique apporteront chacune leur contribution à une réflexion générale sur la place de l’écrit dans la conception et l’utilisation des images imprimées au XVIe siècle.

Les propositions d’intervention (titre et résumé de 1000 signes environ), accompagnées d’un court curriculum vitae, sont à adresser avant le jeudi 31 mars 2016 aux adresses suivantes :
emmanuellurin@yahoo.fr
Marianne.Grivel@paris-sorbonne.fr

Appel à communication en anglais : Call_for_papers_the_lettering_of_prints_2016


La « lettre » de l’estampe. Les formes de l’écrit et ses fonctions dans l’image imprimée
en Europe au XVIe siècle

organisé par Marianne Grivel, professeur d’histoire de l’estampe et de la photographie, et Emmanuel Lurin, maître de conférences en histoire de l’art moderne, dans le cadre des Thématiques 5 (Matériaux, techniques, métiers) et 6 (Images, dispositifs, lieux) du Centre André Chastel.

Le colloque se tiendra les jeudi 17 et vendredi 18 novembre 2016 à l’Institut national d’Histoire de l’art (INHA), 2 rue Vivienne 75002 Paris.

Les actes donneront lieu à une publication.

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