Appel à communication : « Les tentations du Christ » (Arras, mars 2020)

En 2020, le colloque annuel Graphè s’intéressera aux tentations que connaît le Christ après son baptême et à l’orée de sa vie publique. L’épisode est rapporté par les évangiles synoptiques (Mc 1,12-13; Mt 4, 1-11; Lc 4, 1-13). Poussé par l’Esprit, Jésus se rend au désert et y séjourne durant quarante jours. Lieu et durée sont emblématiques, en écho vétérotestamentaire à Moïse dans le Sinaï et à Élie marchant vers l’Horeb.

Ce n’est pas la question de l’historicité de ces tentations mais leur valeur exemplaire qui sera principalement étudiée lors du colloque. Le Diable lance, en vain, trois défis à Jésus : changer les pierres en pain, se jeter du pinacle du Temple, et se prosterner devant lui afin d’acquérir une royauté universelle.

Cette triple mise à l’épreuve a été diversement interprétée. Irénée de Lyon voit dans la récapitulation par le Christ la victoire définitive d’Adam contre le serpent et en souligne la dimension sotériologique. Les Pères de l’Église et la littérature médiévale utilisent surtout l’épisode à des fins catéchétiques, les images pauliniennes de l’Épître aux Éphésiens (Ep 6, 11-17) venant illustrer le combat du chrétien contre les forces du mal. La victoire du Christ est l’exemple à suivre pour l’homme pécheur. Au temps de la Réforme, protestants et catholiques se disputent sur le carême comme période d’épreuves. Dans un chapitre célèbre des Frères Karamazov, Dostoïevski remet en question la victoire du Christ à travers la figure du grand Inquisiteur.

Les tentations auxquelles le Christ a résisté hanteront également nombre de saints, dont La Légende dorée de Jacques de Voragine ou La Tentation de saint Antoine de Flaubert rapportent les tribulations les plus fantasmagoriques.

Certes, les trois tentations au désert ont une dimension archétypale mais elles ne doivent pas éclipser les autres mises à l’épreuve que Jésus a pu connaître durant son existence terrestre – qu’elles soient narrées dans le Nouveau Testament ou imaginées par les auteurs postérieurs. Luc souligne lui-même que la défaite du diable ne fut que provisoire (Lc 4,13). On pense au roman polémique de Níkos Kazantzákis et à son adaptation cinématographique par Martin Scorsese. Éric-Emmanuel Schmitt s’interroge, pour sa part, sur la véritable nature du tentateur dans son Évangile selon Pilate. Et le film récent de Rodrigo Garcia, Last Days in the Desert, donne à voir un véritable récit d’initiation qui confronte Jésus à une famille en crise.

L’iconographie de l’épisode est abondante. Des miniatures des manuscrits à Arcabas, de Botticelli dans la chapelle Sixtine à la solitude de Jésus peinte par Briton Rivière ou Ivan Kramskoï, les différentes phases de la tentation montrent le combat contre un diable polymorphe et le plus souvent hideux.

Toujours au regard du texte biblique, dans une perspective diachronique et une démarche interdisciplinaire, l’appel à communications porte sur les réécritures littéraires et artistiques que les tentations du Christ ont suscitées dans la culture occidentale au fil des siècles.

Les actes du colloque seront publiés dans le volume 30 de la collection à l’Artois Presses Université.

Les propositions de communications (titre, court résumé et bref c.v.) sont à envoyer avant le 31 août 2019 à  jmarc.vercruysse@univ-artois.fr

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